Du point de vue de la Biosphère, la classe globale (tous ceux qui possèdent un véhicule personnel) ne peut continuer à polluer sans entrave car tous les humains doivent partager à égalité les capacités d’épuration de la planète : ils ne peuvent donc émettre plus de 0,5 tonnes de carbone par habitant et par an. Pourquoi cette limite ?
Dans la basse atmosphère, certains gaz (CO2, méthane) piègent une partie du rayonnement de la chaleur émise par la terre sous l’effet des rayons de soleil et contribuent ainsi à assurer une température propice à la vie (15° en moyenne), sinon la température du globe descendrait en dessous de -18 °. Les gaz à effet de serre sont d’origine naturelle et se recyclent alors que ceux qui sont émis par l’activité humaine (industrie, transports, chauffage…), dégagent dans l’atmosphère du gaz carbonique (CO2) et du méthane (CH4) en brûlant brutalement des ressources fossiles accumulées sur des millions d’années. Le gaz naturel, considéré par certains comme une énergie propre, n’émet pourtant que 30 % de CO2 de moins que le pétrole. Le charbon contribue doublement à l’effet de serre : lors de sa combustion, il émet du gaz carbonique, mais lors de son extraction il génère des émissions de méthane qui s’échappe de la roche mère que constituait le charbon. L’impact du méthane est 23 fois supérieur à celui du CO2 ! Mais le CO2 reste le gaz qui est émis en plus grande quantité. En l’an 2000 un Américain émet en moyenne 20 tonnes de CO2, un Chinois 2,6 t et un Béninois 0,1 tonnes seulement. Ce surplus, bien qu’il soit le fait principalement des pays industriellement avancés, va entraîner une variation climatique sous forme de réchauffement dans la plupart des régions du monde.
Il ne faut pas confondre les atteintes à la couche d’ozone et la modification du climat. L’ozone stratosphérique (O3) est formé par la conversion des molécules d’oxygène en présence des rayons solaires. Cette couche d’ozone absorbe une grande partie des radiations ultraviolettes néfaste pour les organismes vivants en les empêchant d’atteindre la surface de la Terre. Mais certaines activités humaines rejettent des CFC (chlorofluorocarbones) dont on n’a pas immédiatement mesuré les effets négatifs ; les CFC appartiennent aux innombrables composés chimiques fabriqués par la société techno-industrielle, ils ont contribué à la destruction de la couche d’ozone stratosphérique. Par chance, des études scientifiques ont pu montrer à temps l’appauvrissement de la couche d’ozone, mais surtout les industriels avaient dans leurs laboratoires des molécules de substitution aux CFC : des décisions ont été prises lors du protocole de Montréal, signé en 1987 et renforcé en 1992 à Copenhague qui imposent l’interdiction de production des CFC destructeurs de couche d’ozone à partir de l’an 2000. Mais ces circonstances exceptionnelles sont rarement réunies, les humains ne sont que les cobayes de leur croissance économique, ils ne pourront pas toujours maîtriser les conséquences de leurs actes techno-industriels. Ainsi la lutte contre l’effet de serre est beaucoup plus difficile.
Augmenter l’offre d’énergie et en maintenir le prix bas tout en continuant à lier croissance économique et consommation de la population solvable est une stratégie complètement inadaptée à la réalité du monde clos que constitue notre planète. Le cycle du carbone n’est pas respecté, il se vengera. Bientôt nous n’aurons plus de ressources fossiles, ce qui éliminera de facto l’émission en surnombre de gaz à effet de serre, mais le changement climatique aura lieu qui bouleversera la planète.
(texte de Michel Sourrouille, écrit en juillet 2005)