Les journalistes sont là pour me rassurer. Ainsi Bruno Frappat aux Assises du journalisme en mai 2008 : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. Autrement dit pour penser l’actualité ; il faut parier sur le journalisme durable ».Moi je ne parie jamais, je me contente de constater que mon quotidien préféré ne hiérarchise pas les évènements pour un avenir durable, mais se situe dans l’instant présent. Analysons le supplément « économie » du Monde du 2 décembre. Tout un dossier sur la montée en puissance de l’automobile dans les pays émergents. Mais aucune vision d’un futur sans voitures individuelles puisque le pétrole deviendra (bientôt) hors de prix.
Comme mon quotidien préféré recense beaucoup d’informations, il y a quand même un petit article sur l’arrivée d’Henry Waxman à la tête du comité du Congrès américain pour l’énergie. « Un tournant pour la planète ? », tel est le titre. L’article de Paul Jorion précise : « L’arrivée de Waxman souligne l’antagonisme entre deux courants du parti démocrate : une aile ouvriériste, prête à toutes les compromissions en matière d’environnement à condition que soient maintenus les emplois dans l’industrie automobile ; et une aile verte qui entend faire plier le mieux industriel face aux impératifs du développement durable. »Waxman est donc en faveur d’une réduction des émissions de CO2 de 80 % en 2050. Nous voyons bien dans ces propos de Jorion le souci d’un environnement durable.
Pourtant le lecteur moyen du Monde ne retiendra que la concurrence mondiale entre firmes automobiles qui va s’amplifier, il n’envisagera pas de tournant pour la planète. Comme dit un autre article dans le cœur du journal, « Le litre de gazole à un euro est un petit cadeau de Noël qui tombe à point nommé pour les consommateurs ». Pour les consommateurs du temps présent sans doute, pas pour les générations futures qui subiront les perturbations climatiques. Le pétrole et l’industrie automobile vivent leurs dernières années, mais ni Le Monde ni la gente au pouvoir ne nous préparent à cette échéance dramatique : la fête est finie, mais on rêve encore au père Noël.