Il n’y a pas que Volkswagen qui nous cache des choses, beaucoup d’entreprises mènent une campagne de désinformation des citoyens. Le journaliste Stéphane Foucart* nous donne deux exemples :
« Exxon ? Des documents internes ont montré que, dès le milieu des années 1970, le géant des hydrocarbures faisait plancher ses propres scientifiques sur la question du changement climatique. En 1977, l’imminence du réchauffement n’était pas mise en doute par le département des études scientifiques et techniques de la société. En 1982 – six ans avant la création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ! –, des éléments scientifiques suggérant le potentiel « catastrophique » du réchauffement attendu étaient transmis à l’état-major d’Exxon. La réaction de ce dernier n’a pas été de réfléchir aux conséquences de cette information. Elle a été de la combattre. Dans les années qui ont suivi, Exxon a été le principal financeur du mouvement climatosceptique. Tout cela ne tombe sous le coup d’aucune loi.
Monsanto ? En 1985, l’Agence fédérale américaine de protection de l’environnement (EPA) classait le glyphosate – l’herbicide-miracle de la firme de Saint-Louis (Missouri) et principe actif du célèbre Roundup – en catégorie C (« signes suggestifs de potentiel cancérogène »). La cause de cette décision de l’EPA n’était autre qu’une étude sur la souris commandée par l’industriel lui-même… Malgré cela, la firme a préféré affirmer que le glyphosate était « moins toxique que le sel de table », qu’il était totalement biodégradable, etc. Elle en a fait la pierre angulaire de son développement dans les biotechnologies : la grande majorité des cultures transgéniques qu’elle a développées dès le milieu des années 1990 ont ainsi été modifiées pour être tolérantes à son désherbant phare. Le glyphosate est désormais partout. Petits arrangements avec la vérité, gros dégâts. La justice, elle, n’y verra jamais que du feu. »
Nous soulignons que les entreprises ne font rien de méchant par elles-mêmes, ce ne sont que des instruments aux mains des cadres qui les dirigent. Nous aimerions connaître les noms et adresses de tous ces personnages qui contribuent à polluer la Terre et nos esprits. Que les coupables soient nommément désignés. Qu’ils ne se sentent plus à l’abri au sein d’anonymes conseils d’administration, qu’on puisse connaître leurs vote et pouvoir les dénoncer sur la place publique. Il y aurait beaucoup plus de gens responsables s’il y avait transparence des décisions qui vont à l’encontre de l’intérêt général.
* LE MONDE du 8 décembre 2015, Petits compromis avec la vérité