Le mensuel La Décroissance nous offre quelques éclairs de lucidité au milieu d’un paysage médiatique dévasté par les bien-pensants qui disent tous la même chose. Voici un florilège du dernier numéro*.
– Le pic pétrolier se présente sous forme d’un plateau ondulant depuis 2006. Il y a plafonnement de la production dé pétrole conventionnel autour de 95 millions de barils/jour. La volatilité des prix est extrême. En 1998, le baril valait moins de 20 dollars. Il est passé à 147 dollars en 2008, il est retombé à 30 en 2009 après la chute de l’activité économique. En 2010 on est repassé à plus de 100 dollars, le prix s’est maintenu à un très haut niveau pendant quatre ans, et là boum, il est retombé à 30. Ces fluctuations énormes sont symptomatiques d’un système précaire. Soit on regarde les choses en face et on s’organise pour amorcer la descente énergétique. Soit c’est le chaos, avec des risques de guerres civiles, comme celle qui a lieu en Syrie, où le déclin de la production de pétrole, tout comme le réchauffement climatique et la désertification des terres, ont joué un rôle important dans l’effondrement de l’État. (Matthieu Auzanneau)
– Je me maintiens un peu à l’écart de la société de consommation. Je n’ai pas de congélateur, je vais en grande surface deux fois par an, je mange bio, j’ai un potager, je me déplace à vélo, je n’ai pas de GPS, pas de portable, pas Internet, pas de carte bancaire… Il faut essayer d’être cohérent, d’appliquer ses idéaux, même si ce n’est pas toujours facile de se remettre en cause. (Gérard)
– Le film « Demain » vient encore le confirmer : il faut décidément en être arrivé à une civilisation hors sol, dépendante au marché et sous perfusion technologique, pour qu’un documentaire rassemble des centaines de milliers de spectateurs ébahis devant cet événement extraordinaire : un jardiner qui sème encore des graines dans la terre, au XXIe siècle ! (Pierre Thiesset)
– Je n’ai absolument aucun doute que les pouvoirs publics seraient dans une incapacité totale à faire face à des coupures massives et prolongées d’électricité. L’incurie des politiques est absolument criminelle, et je pèse mes mots. Je ne vois pas comment nommer autrement le fait de ne pas remettre en cause un mode de vie qui nous rend complètement dépendants et asservis à des mégasystèmes (eau, énergie, Internet…) tout en décrédibilisant toute tentative de début d’esquisse de commencement de projet de décroissance. (Frédéric Édouin)
– L’ère industrielle qui est la nôtre risque de laisser un héritage plutôt toxique fait de déchets radioactifs, de métaux lourds, de gaz à effet de serre accumulés dans l’atmosphère et de ressource surexploitées. Une nouvelle planète en somme. A nous de nous opposer à la démesure du capital et à la logique extractiviste. Et de soutenir les différentes luttes citoyennes et résistances autochtones qui essaiment autour du globe, de l’opposition aux « grands projets inutiles » à la multiplication des « zones à défendre ». (David Murray)
* La Décroissance n° 125 (mars 2016)