Pour se libérer de l’obsession de croissance, nous avons proposé de formuler la rupture en huit R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants ont été retenus parce qu’ils nous paraissaient susceptibles d’enclencher une dynamique de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Le deuxième niveau, celui de la mise en œuvre suppose une insertion dans le contexte :
Retrouver une empreinte écologique soutenable ;
Réduire les transports en internalisant les coûts par des écotaxes appropriées ;
Relocaliser les activités ;
Restaurer l’agriculture paysanne ;
Réaffecter les gains de productivité en réduction du temps de travail et en création d’emploi ;
Relancer la production de biens relationnels ;
Réduire le gaspillage d’énergie d’un facteur 4 ;
Restreindre fortement l’espace publicitaire ;
Réorienter la recherche technoscientifique ;
Se réapproprier l’argent.
La principale difficulté pour réaliser ce programme tient au fait que, en nous enrichissant matériellement, la croissance économique nous a beaucoup appauvris humainement. Nous avons perdu cette capacité de nous tirer d’affaire par nous-mêmes qui faisait la puissance des pauvres et plus encore les solidarités sur lesquelles pouvaient compter les membres des sociétés traditionnelles. Il nous faut réapprendre à être autonomes et tout faire pour que la récession ne soit pas l’antichambre du chaos ou d’un écofascisme odieux.
Serge Latouche
(ECOLOGIE POLITIQUE n°40 : les écologies politiques aujourd’hui)
Pour réduire les transports, il faut également contraindre les patrons à laisser les salariés bénéficier d’une forte baisse du temps de travail sans perte de salaires, afin que les déplacements puissent être diminués