La Norvège est riche, elle bénéficie des ressources de la mer du Nord. Alimenté par les recettes des activités pétrolières et gazières, le Fonds du pétrole (fonds d’Etat de retraite-étranger) possède un porte-feuille d’actions de 7900 compagnies internationales soit 0,77 % du marché mondial. Un conseil d’éthique, institué depuis janvier 2005, exclut du Fonds toute société non conforme, ainsi l’entreprise française Thales pour son rôle dans la fabrication de bombes à fragmentation ou Safran pour avoir développé ou produit des composants essentiels aux armes nucléaires. Mais l’éthique n’empêche pas d’être touché par le tsunami financier. LeMonde du 13 mars révèle l’ampleur des pertes subies en 2008. De toute façon on ne peut placer son argent que dans ce qui existe. Ainsi l’essentiel des actions est détenu dans Shell, BP, ExxonMobil et Total : le pétrole se nourrit du pétrole. Il n’y a plus d’endroit sur notre petite planète pour faire de l’argent durable. Aucun placement ne sera gagnant sur le long terme contrairement à ce qu’affirme le journaliste Olivier Truc.
Ce n’est pas en faisant confiance au système boursier que les Norvégiens vont préserver leur pureté morale. Une éthique profonde de la Biosphère aurait consisté à laisser les ressources fossiles là où elles se trouvent, dans le sous-sol… Comme écrivait Thomas More en 1516 à propos de l’or et l’argent, « La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile. »
En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, présentait un compromis au tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté. Tant pis pour elle !