Nous savons que la Terre et tous ses habitants sont mal en point et que nos problèmes se multiplieront si nous négligeons de les résoudre. Que faire ? Dans les années 1940, quand fut décidé la fabrication de la bombe atomique en deux ans, les Etats-Unis ont investi deux milliards de dollars et mis à l’œuvre les spécialistes du monde entier. Dans les années 1960, les Etats-Unis ont dépensé entre vingt et quarante milliards de dollars pour gagner la course vers la lune. Il est certain que les recherches à propos de la survie de l’humanité l’emportent de loin sur la recherche atomique et spatiale. Il faut les entreprendre sans délai à la même échelle, et avec une conscience plus aiguë de leur caractère d’urgence. Nous en appelons à l’action en même temps qu’à la recherche.
– Différer l’application des innovations technologiques dont nous ne sommes pas en mesure de prévoir les effets et qui ne sont pas indispensables à la survie de l’humanité. Ce qui inclurait les nouveaux types d’armement, les transports superfétatoires, les nouveaux pesticides dont les effets sont inconnus, la fabrication de nouvelles matières plastiques, l’implantation de grands complexes d’énergie atomique, etc. A quoi il faut ajouter les grands travaux dont les conséquences écologiques n’auraient pas été préalablement étudiées, les barrages, la « récupération » des jungles, les plans d’exploitation sous-marine, etc.
– Recycler largement certains matériaux pour éviter d’épuiser les ressources ; établir rapidement des accords internationaux sur la qualité de l’environnement, accords sujets à révision au fur et à mesure que seront mieux connus les besoins ; travailler à freiner l’augmentation démographique dans le monde entier en prenant garde de ne pas attenter aux droits civils. Il faut que de tels programmes soient assortis d’une baisse du niveau de la consommation des classes privilégiées, et que soit assurée une répartition plus équitable des ressources.
Nous vivons en système clos, totalement dépendants de la Terre, et pour notre vie et pour la vie des générations à venir. Tout ce qui nous divise est infiniment moins important que ce qui nous lie et le péril qui nous unit. Nous croyons que l’homme ne gardera la Terre pour foyer que si nous écartons enfin ce qui nous divise.
(Ce message, signé par 2200 hommes de science de 23 pays, a été remis à U Thant, Secrétaire général des Nations Unies le 11 mai 1971. Il est adressé aux « trois milliards et demi d’habitants de la planète Terre ». C’est le message de Menton, ainsi nommé parce qu’il fut rédigé au cours d’une réunion qui s’est tenu dans cette ville française)
NB : extrait du livre « L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre) en librairie depuis le 11 juillet 2016
Re-bonjour monsieur Barthès,
Je suis 100% d’accord avec vous quand vous dîtes que la bureaucratie soviétique a fait en terme de tuerie quelque chose de très proche des crimes commis par l’Allemagne nazie.
Et je complète l’analyse en précisant qu’on peut en dire tout autant des USA, du régime britannique ainsi que des deux Etats français (celui officiel dirigé par Pétain et celui dit « clandestin » dirigé par ce général chauvin qu’était De-Gaulle avec la complicité d’une grande partie de la gauche). En fait, il n’existe guère d’Etat au monde qui ne mérite pas ce reproche.
Bonjour Invité 2018
Je vous laisse le dernier mot, mais peut-être quand même sur le point 1, les nazis c’était effroyable, et je crois (j’espère en tout cas) que j’aurais quand même fait le même choix que le célèbre physicien, même si j’admets que parmi les alliés s’est ensuite trouvé le régime stalinien qui a fait quelque chose de très proche en terme de tuerie.
Bonjour monsieur Barthès,
1/Si Einstein a choisit son camps auprès de la coalition nommée « Alliés », alors il me déçoit profondément, d’autant plus que la coresponsabilité de l’ensemble des camps rivaux rend difficile l’existence d’un « moins pire ».
2/Concernant la partie 5, je précise que par « nous » j’englobais l’humanité tout entière (mondialisation à la fois de l’économie et des problème écologiques oblige), et que ma position n’était pas tout-à-fait de l’optimisme. Je ne disais qu’après désactivation des armes, les humains n’en construiraient plus, mais qu’ils auraient la capacité de ne plus en construire, ce qui est à nuancer.
De toute façon, cela est sans constituer aucune raison pour refuser de déactiver les bombes que nous homos sapiens entretenons déjà. Ni nous ni nul autre être vivant ni la biosphère n’avons à perdre à cette désactivation.
3/Pour que l’arme nucléaire soit une barrière contre l’attaque de la France, il faut que le scénario de l’usage soit probable, dans le cas contraire il n’y a aucune dissuasion.
Or, nul n’ignore qu’aucun État n’aurait intérêt à utiliser l’arme nucléaire même si attaqué, car les dirigeants savent bien que tout nouvel Hiroshima, en plus des catastrophes humaines, en aurait des écologiques qui se fissent sentir à terme bien plus court que les pollutions avec lesquelles nous vivons déjà.
Rebonjour invité 2018
Point 1, On peut penser qu’ Hitler aurait eu beaucoup de difficulté à utiliser sa propre bombe sachant que les alliés en avait une, il savait que l’utilisant il était lui même anéanti dans les heures qui suivaient. En ce sens avoir la bombe était pour les alliés une défense.
Point 2, Evidemment je ne suis pas dans la tête d’Einstein (dommage j’aurais incontestablement à y gagner) et ne peux préjuger de ses intentions. Il est important de comprendre que nous connaissons la fin de l’histoire et savons que le régime nazi a été battu, mais Einstein ne la connaissais pas, il pouvait très bien voir avec inquiétude les savants de son ancien pays travailler sur une arme qu’il craignait voir utiliser contre les démocraties. Il les savait compétent et était assez au courant de la physique nucléaire. Il avait choisi son camp et c’était quand même le moins pire des deux.
Point 3 Je n’arrive pas à partager votre analyse des origines de la nature du système nazi, je crois qu’il a sa propre responsabilité qu’il ne faut pas chercher chez les autres, mais pour ma part oui, je crois qu’on a trop attendu pour s’y attaquer quand il était encore faible.
Point 4, Bravo car vous prenez à mon propre jeu, et vous avez raison, en effet oui je suis bien le premier à distinguer corrélation et causalité. Toutefois la corrélation n’implique la causalité, elle n’implique pas non plus l’absence de lien de causalité. Ce qui « se serait passé si » est évidemment invérifiable. Mais c’est vrai que je tends à penser que sans armes nucléaires une confrontation Est-Ouest eut été plus probable. Je suis toutefois incapable de le prouver bien entendu, peut-être ai-je tort.
Point 5, Hélas je ne partage pas votre optimiste, d’autant que le « nous » est difficile à définir, il y aura toujours quelques part des groupes importants pour n’être pas raisonnables et n’avoir pas la jugeote de s’abstenir du pire.
Point 6. Les conflits auxquels la France a participé récemment ne mettaient en jeu que des forces toutes petites au regard de ce qui serait un conflit pour la domination de notre territoire par un pays décidé à se l’accaparer et armé pour. L’arme nucléaire constitue bien pour ces pays une barrière difficilement franchissable (même si elle n’est effectivement d’aucune utilité dans les conflits larvés comme l’actuel terrorisme).
Point 7 Je ne sais quoi répondre, c’est effectivement un point qui nous oppose suivant, j’accorde moins d’importance que vous au rôle du grand patronat et à sa responsabilité. Les rapports démographiques sont déjà inversés, je ne veux pas imaginer ce qui se passera quand ils se traduiront par des transferts massifs de population, effectivement il sera très difficile de s’en prémunir. Mais une armée traditionnelle a une force pour une part non négligeable proportionnelle à ses effectifs.
Point 8. Même si nous avons sur tel ou tel point des avis différents, nous militons l’un et l’autre pour que le monde soit meilleur. J’accorde moins d’importance au poids des budget militaire, cela fait des années que la France dépense moins pour son armée (et c’est plutôt bon signe) et je ne crois pas cela change grand chose à l’ordre de grandeur du niveau de vie. Si le monde dépense 3 % de son PIB pour la défense et qu’il y a une croissance de 1 % par an, nous aurions sans la défense le niveau de vie d’il y a trois ans… ça ne change rien à l’ordre de grandeur des choses, d’autant qu’indirectement les armes sont des outils extrêmement moteurs pour l’innovation technologique et que d’une façon ou d’une autres les dépenses devraient être faites (encore que c’est un autre débat bien sûr puisque pour ma part je ne crois pas que nous nous en sortirons par la technologie justement).
Bonsoir monsieur Barthès,
1/Effectivement, le régime nazie aurait raser Londres et Paris s’il avait eu l’arme atomique. Mais en quoi cela justifie-t-il le fait que cette armes ait été construite?
Ne croyez pas que ce fût en raison du fait que les Alliés eussent fabriqué ce type de bombe qu’Hitler ne l’a pas eu. Cela n’a strictement rien à voir.
2/Si Einstein avait averti le président des USA de la possibilité de cette arme, c’est peut-être parce que ce physicien croyait naïvement que le chef de l’État fédéral utiliserait l’info pour justement faire en sorte qu’elle ne voit jamais le jour.
Même s’il n’avait pas cette intention que je décris, une action incompatible avec la paix ne devient pas compatible avec la paix simplement parce que cette même action obtient la bénédiction d’Einstein, de Jaurès, ou de qui que ce soit d’autre.
3/Le tord des dirigeants politiciens n’est nullement de ne pas agir pour la paix, mais d’agir contre la paix.
Si les États alliés sont responsable de la puissance de la dictature hitlérienne, ce n’est absolument parce qu’ils n’auraient pas assez bombardé ou attendu trop longtemps pour faire la guerre. Si les États alliés sont responsables de la puissance de la dictature hitlérienne, c’est parce qu’ils ont exalté le chauvinisme et mené des politiques antisociales (rien de tel que la précarité pour vous pousser dans les bras des idéologies fascistes).
Écrire « Qu’auraient dit les peuples si leurs dirigeants les avaient laissés anéantir par les nazis » laisse donc un sous-entendu erroné.
4/Nous avons connu une certaine paix avec la bombe, mais pas grâce à elle.
Ni vous ni moi n’ignorons la différence entre corrélation et causalité.
5/En quoi votre phrase « Même une fois les exemplaires détruits, le savoir faire restera » relativiserait-il quoi que ce soit?
Si nous nous débarrassons des armes que nous avons déjà, nous aurons la possibilité d’en construire d’autres, mais nous aurons aussi la possibilité d’avoir la jugeote de ne plus en construire aucune.
6/En quoi l’arme atomique protège-t-elle selon vous la France de quelques attaques que ce soit.
Et je ne vois pas ce qui vous fait penser que l’hexagone n’aurait pas d’armée importante, étant donné que la France a récemment prouvé avoir assez de force militaires pour commettre d’énormes boucheries en Afrique et au Moyen-Orient (Cf l’intervention en Afghanistan sous Chirac, celle en Libye en 2011 sous Sarkozy, celle au Mali en 2013 sous Hollande, ainsi que les opérations actuellement mené en Irak).
7/Si des rapports démographiques venaient à se retourner contre l’Europe, je vous garantis que ce n’est pas quelque arme que ce soit qui protègera cette même Europe de ce phénomène.
Si on arrêtait cette attitude consistant à voler aux petites gens pour faire des cadeaux au grand patronat, la contraception deviendrait accessible, et le problème de l’explosion démographique pourraient être résolu.
8/Vous écrivez : « Nous sommes bien obligés de prendre le monde comme il est ». Vous avez un milliard de fois raison.
Et justement, le monde est écologiquement incapable de continuer à supporter cette armement militaire dont le seul entretien consomme plus de ressources que le train de vie de tous les non-milliardaires du monde réunis. Donc prendre le monde comme il est, c’est appeler, entre autres et sans réserves, à désactiver tout l’arsenal nucléaire.
Bonjour Invité 2018,
Je n’ai pas utilisé le terme d’excuse qui a une portée morale, par contre je peux en comprendre la justification. Il est impossible à un pays ne possédant pas l’arme nucléaire de lutter contre un pays la possédant. Le régime Nazi en perdition aurait parfaitement pu raser Paris ou Londres (entièrement) et anéantir des armées complètes. Vous savez bien que poussé par la défaite, il l’aurait fait. La physique théorique allemande était remarquable.
Même un homme aussi pacifiste qu’Einstein (qui n’a jamais participé en rien à la fabrication de l’arme) a crû devoir bon d’avertir le président américain sur la possibilité de cette arme.
Il est très difficile de juger en période de paix les décisions prises au milieu d’un conflit total et d’une violence terrible, face à un ennemi parfaitement déterminé. Qu’auraient dit les peuples si leurs dirigeants les avaient laissés anéantir par les nazis (on aurait pu agir avant, bien sûr mais une fois que les choses sont faites il faut bien réagir) ?
Comme vous, toutes les armes me font horreur, et je mesure aussi bien que vous le caractère effroyable de l’arme nucléaire. Toutefois je constate aussi, que sans cette arme nous avons connu deux conflits mondiaux en moins de 30 ans et qu’avec cette arme nous avons connu la paix entre grandes nations (pas entre petites je vous l’accorde). Nous devons tenir compte de ce fait.
Le problème des risques de dissémination reste très problématique, cela, je dois vous l’accorder aussi, mais la suppression des armes atomiques chez les « grands » ne résoudrait pas le problème, la physique et la technologie de ces armes sont désormais bien connues et nous ne la « désinventerons » pas. Même une fois les exemplaires détruits, le savoir faire restera. D’autant que les moyens de calculs sont aujourd’hui des centaines de milliers de fois supérieurs à ce qu’ils étaient au moment de sa première réalisation.
Quant à aujourd’hui, c’est bien compliqué. Nous n’avons plus, de fait, d’armées importantes susceptibles de nous défendre, l’arme atomique est l’ultime rempart qui fait que, concrètement, la France ne peut guère être menacée dans son existence sans que l’agresseur ne le soit à la même hauteur.
Moi aussi je rêve d’un monde sans armes, mais déclarer aujourd’hui supprimer cette arme, me semblerait suicidaire et provoquerait sans doute un risque plus grand encore. Ce serait alors à terme les seuls rapports démographiques qui l’emporteraient et je ne donnerais pas cher de la peau de la France et des pays européens en général au cours de ce siècle qui commence de façon si désagréable.
Nous sommes bien obligés de prendre le monde comme il est.
Je ne vois pas bien en quel honneur le fait que l’Allemagne nazie eût très envie de disposer de la bombe atomique aurait constitué une quelconque excuse pour ce que l’on appelle les « Alliés » de l’avoir construite puis utilisée.
Par ailleurs, que cette arme fût à la disposition des USA, du Royaume-Unis, de l’Allemagne, de l’URSS, de la France, ou de quelque autre pays que ce fût, cela ne change en rien la nocivité de cette même arme. Nul contexte ni rien d’autre ne remettent en cause ni même ne relativise le fait que la production de cette bombe fût une connerie qu’il était impératif de ne jamais faire.
Par ailleurs, cette erreur ne relève pas que du passé, puisque la bombe atomique continue d’être entretenue alors qu’elle pourrait être définitivement désactivée. Or ce même entretien consomme lui-même plus de ressources que ne le fait le train de vie de tous les non-milliardaires du monde réunis.
En réalité, si l’on tient compte de l’inflation, la construction de l’arme atomique a même coûté beaucoup plus de 2 milliards de dollars d’aujourd’hui, de même l’alunissage et l’ensemble des missions afférentes ont bien coûté 150, si ce n’est 200 milliards de dollars de 2016.
Cela dit, il est très difficile de comparer les choses et je serais peut-être moins sévère même si bien évidemment la sauvegarde de la planète est la priorité des priorités (c’est là un point indiscutable).
L’arme atomique a été construite dans un contexte de guerre mondiale et face à un pays (face à l’Allemagne au début même si elle a été utilisée contre le Japon quand l’Allemagne était déjà hors jeu) qui lui même avait très envie de la développer, difficile aujourd’hui de dire ce qu’il fallait faire. Qu’en aurait il été si l’Allemagne nazie l’avait eue à sa disposition ? Ne comptons pas trop sur les hésitations qu’auraient eu ses dirigeants à l’utiliser.
Le programme Apollo, peut paraître coûteux, mais il faut le replacer dans l’ensemble de la production du pays. Est-il absolument condamnable que pendant quelques années le pays le plus riche du monde ait consacré quelques pourcent (peu de pourcent en réalité et sans doute moins de 1 % de la production mondiale) à l’envoi de l’Humanité sur une autre planète ? C’était tout à fait extraordinaire, et on ne refera sans doute jamais l’équivalent. Qu’un homme une fois dans sa vie dépense une faible part de ses ressources à faire une chose extraordinaire plutôt que de ne s’occuper que de sa santé, de son logement et de son alimentation est il une folie ? Je ne le pense pas.
D’autre part, le combat écologique ne se mesure pas à l’argent qu’on lui consacre . D’autant que pour l’essentiel, il se résume à : « faisons moins, produisons moins, soyons moins nombreux », tout cela ne dépense pas grand chose au contraire (même si, ne soyons pas naïfs, cela conduira aussi à des déséquilibres délicats). Planter des arbres (ou mieux encore, les laisser pousser tout simplement) ne coûte pas grand chose.
Bref, nous sommes sur ces sujets sur des registres très différents et la comparaison des budgets n’est, selon moi, pas le bon indicateur de notre engagement ni de notre efficacité.
Concernant l’armement, il n’y a même pas lieu à « différer », mais à renoncer purement, simplement et définitivement à la construction de ces machines à tuer qui requiert une consommation démesurée d’énergies fossiles