Ils se sont mis à 60 auteurs et plus pour formuler chacun trois propositions de changements pour une société convivialiste. Malheureusement il en ressort un livre* superficiel dans sa synthèse et allant absolument dans tous les sens dans les apports individuels. Le plus grave, c’est qu’il s’agit de propositions hors sol, on fait comme si les contraintes écologiques n’existaient pas. C’est pourquoi nous reprenons seulement la contribution de Dominique Méda, la seule auteure ou presque qui met au centre de sa réflexion la reconversion écologique de nos sociétés. Voici un résumé de ses trois propositions :
I) Raisonner au-delà de la croissance
Il nous faut dorénavant garder les yeux sur les indicateurs qui nous alertent sur les évolutions de notre patrimoine naturel et de notre cohésion sociale. Nos politiques devraient encadrer le processus de production et de consommation dans des normes éthiques compatibles au niveau environnemental et contrôlées par une Organisation mondiale de l’environnement (à créer) et une Organisation internationale du travail (OIT) dotée de nouveaux pouvoirs.
II) Mobiliser des moyens financiers
L’engagement dans la reconversion écologique exigera des moyens financiers colossaux permettant la reconstruction de notre système énergétique et productif. Ces financements devraient être facilités par la création monétaire, fléchée sur ces seuls usages. Ces politiques exigent une forte coordination, en particulier au niveau européen.
III) Rendre compatible question sociale et question écologique
L’engagement dans la reconversion écologique supposera de forts mouvements de main-d’oeuvre qui devront être anticipés et complètement sécurisés au niveau européen, des Etats et des territoires. Partager le travail suppose une lutte sans relâche contre les inégalités : instauration d’un revenu maximum et modalités d’imposition portant tant que le revenu que sur le patrimoine. Des coups de boutoir de plus en plus sérieux commencent à être portés à la théorie de la valeur pour l’actionnaire : il nous faut repenser le gouvernement des entreprises et dessiner une nouvelle carte des communs avec des droits d’usage différenciés. Le mandat commercial alternatif européen** apparaît comme une porte d’entrée très intéressante dans l’ensemble du processus.
* Éléments d’un politique convivialiste, les trois propositions de Dominique Méda (page 163-164)
éditions «Le bord de l’eau» 2016, 220 pages pour 10 euros
** soutenir des mesures qui permettront aux peuples de contrôler leurs propres systèmes alimentaires locaux, de faire reconnaître les droits du travail et de mettre en oeuvre des évaluations des politiques commerciales et d’investissement basées sur les droits humains.