L’histoire fourmille d’exemples démontrant qu’au-delà de certains seuils numériques, l’immigré n’est plus considéré comme un individu digne de respect, mais comme le représentant d’un monde envahisseur. Pourquoi de tels fossés, souvent sanglants, entre Irlandais catholiques et protestants, entre Flamands et Wallons, entre Israéliens et Palestiniens, entre Indiens et Pakistanais ? Pousser les questions sous le tapis ne fait que le jeu de l’extrême droite. Charles de Gaulle déclarait à Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 : «Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui seront demain 20 millions et après-demain 40 millions ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-le-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées. »
Comment ne pas reconnaître qu’il y a quelques similitudes également légitimes entre le «droit à la différence» et le «droit à l’identité», pourquoi ne pas admettre qu’en ayant été opposé à la francisation de l’Algérie, on puisse être aujourd’hui inquiet du phénomène inverse ? N’est-il pas politiquement incohérent qu’une partie notable de ceux qui s’indignent de l’immigraiton maghrébine en France provienne de ceux qui plaidaient pour l’Algérie française et la «fraternisation» ? En fait un système ne doit être ni (trop) ouvert, ni (trop) fermé ; mais toute la difficulté réside de définir – et de mettre en oeuvre – son taux optimal d’ouverture.
Je citerai un vieux proverbe chinois : «Quand le réservoir déborde, avant d’aller chercher une serpillière, le sage ferme le robinet.» Autrement dit, si le gâteau n’est plus assez grand pour nourrir tous les affamés, comment ne pas s’interroger sur la montée en puissance incontrôlée de tant de nouvelles bouches à nourrir ? Comme disaient les anciens lorsque nous étions cinquante fois moins nombreux, «Laissez faire Vénus et vous aurez Mars». Je suis non seulement prêt à poursuivre mon aide financière aux ONG humanitaires, mais encore à doubler la mise. J’assortis néanmoins cette proposition de la clause suivante : le montant antérieur continuerait à être attribué aux actions «habituelles», la nouvelle moitié à la maîtrise simultanée de la natalité. Je propose une campagne pilule avec nourriture, ou plus précisément «droits féminins et pilules avec nourriture et soins», volets indispensables pour une humanité/féminité durable, consciente et responsabilisée à tous les niveaux. Avec l’espoir de voir les réalités en face…
(extraits du livre «Le futur a-t-il un avenir ? (pour une responsabilité socio-écologique)« de Philippe Lebreton
éditions Sang de la Terre 2012, 380 pages pour 24,50 euros)
En matière d’écologie ce livre est probablement l’un des meilleurs à avoir été publié ces dernières années
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