Pour EDF, tout est simple, il nous suffit de « découvrir les histoires de ceux qui changent l’énergie dès aujourd’hui » (pub en dernière page du Monde du 13 mai 2009). Le problème pour EDF, c’est que l’homme n’a jamais produit de l’énergie, il l’a toujours emprunté à la nature ! Quelques précisions :
Il faut environ 100 millions d’années pour « produire » du pétrole ; si la nature était une marchande capitaliste, à combien nous offrirait-elle le litre de super ? L’énergie ne se fabrique pas, l’humanité la vole à la nature. L’énergie n’a donc pas de prix, pour le voleur, c’est gratuit, pour le receleur-revendeur, c’est tout bénéfice. Mais comme dans tout acte de malveillance, il y a une victime. Nous avons volé une partie du vent, nous tuons quelques oiseaux. Nous avons volé l’énergie des courants, nous perturbons les poissons. Nous avons volé le bois de chauffe, nous détruisons les forêts. Nous avons volé l’uranium, nous ferons des anomalies génétiques. Nous avons volé les ressources fossiles, nous faisons une grande victime, le climat.
Pourtant nous donnons un prix à l’énergie. Mais il ne s’agit pas de rétribuer les services rendus par la nature, il ne s’agit que de rétribuer des intermédiaires, les humains. Il y a d’abord la rémunération des propriétaires des centrales hydroélectrique et des éoliennes, les royalties versées aux émirs d’Arabie Saoudite et d’ailleurs, la rente des propriétaires du sol ou du sous-sol. Il faut aussi payer toutes les heures de travail nécessaires pour nous amener l’énergie à domicile. Pour le pétrole, ceux qui ont forés les puits, construits les pipelines, les pompistes ou les livreurs du fuel, etc. Cette façon de concevoir le prix montre à quel point nous sommes friands d’anthropocentrisme : la nature n’existe plus que par les mains de l’homme, nous voulons être comme maîtres et possesseurs de la nature. Avec notre sentiment de toute puissance, nous ne nous rendons même pas compte de l’épuisement des sources d’énergie. En France, il n’y a plus de lieux où installer des barrage, il n’y a plus d’uranium, il n’y a presque plus de charbon, de gaz et de pétrole. Alors les Français pillent le reste de la planète en imitant les Américains. Avec l’impression d’être dans son bon droit.
Ce mépris de la nature et cet aveuglement a une explication idéologique, les lois du marché. Ah, les miracles et les mirages de la rencontre de l’offre et de la demande. Le prix du pétrole, à part quelques poussées de fièvre passagère, ne fait que baisser en valeur réelle. Il faut dire que les puits de pétrole fonctionnent pour l’instant à plein régime, suffisamment pour nourrir une demande toujours croissante. Le marché ne fonctionne qu’à court terme, il constate l’équilibre actuel entre l’offre et la demande et le prix courant reste relativement stable. Car le marché ne peut pas mesurer la rareté croissante de l’or noir dans le temps. Mais le pic pétrolier, ce moment où la production de pétrole commencera à baisser, se rapproche de jour en jour, certainement vers la fin de notre décennie. Quand les marchés prendront conscience de la fin du pétrole, ce sera l’affolement et les cours s’envoleront. Alors les pêcheurs, les chauffeurs de taxi et de poids lourds, les conducteurs de tous les jours perdront leur emploi ou leur passe-temps. Avec les effet d’entraînement que cela aura sur le reste de l’économie, ce sera le moment de l’effondrement de notre civilisation basée sur le feu de nos chaudières. Alors nous regretterons de ne pas avoir donné son vrai prix à l’énergie.
Mais quel est donc le vrai prix de l’énergie ? Comme l’écrivait Yves Cochet, « contrairement à l’économie écologique, une économie biophysique ne cherche pas à quantifier en euros le coût des services fournis par les écosystèmes, elle ne cherche pas à faire entrer la nature à l’intérieur du cadre de l’économie néoclassique, elle s’efforce de créer un nouveau paradigme. Le travail de la nature possède en effet une valeur si incommensurable avec tout ce que l’on peut chiffrer en euros qu’il paraît absurde de tenter même de le faire. » En résumé l’énergie n’a pas de prix.
En conséquence, nous n’avons plus que deux pratiques possibles :
– n’utiliser que des ressources renouvelables à commencer par notre force physique
– économiser l’énergie pour économiser la nature.
« n’utiliser que des ressources renouvelables à commencer par notre force physique »
Vive le vélo!