Perturbateurs endocriniens : une disposition prévue dans le règlement européen sur les pesticides de 2009 n’arrivait toujours pas au stade de la réglementation en décembre 2016*. Le texte de la Commission européenne avait essuyé un feu nourri de critiques de la part des scientifiques, du Parlement européen, des ONG et de certains Etats membres. La France en particulier reproche à la Commission de refuser d’adopter un système d’identification des perturbateurs endocriniens inspiré de la classification des cancérigènes. Ce dispositif permettrait de catégoriser les substances de façon graduée en fonction des connaissances scientifiques disponibles : perturbateurs endocriniens « suspectés », « présumés » et « avérés ». De son côté l’Allemagne, pays siège des groupes BASF et Bayer, voulait créer une exception pour au moins une quinzaine de pesticides connus pour être des perturbateurs endocriniens ! Certains Etats, les lobbies chimiques et la Commission européenne marchent la main dans la main pour préserver les profits de l’industrie au détriment de la santé.
Alors que penser du programme de François Fillon sur les pesticides : « Je propose qu’on arrête de généraliser le discours sur les produits phytosanitaires et que l’on parle de chaque produit individuellement. Il y a des produits inoffensifs, il y en a d’autres dont la dangerosité a été prouvée. Etablissons une échelle de risque et trouvons les réponses appropriées, sans tomber dans la réglementation administrative. »Nous retrouvons là le piège de la sémantique des politiques, dire une chose et son contraire. Il faudrait établir une échelle de risque sans établir de réglementation.
Rappelons à tous les écolophobes la définition du principe de précaution (article 5 de la Charte de l’environnement) : « Lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution et dans leurs domaines d’attributions, à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques et à l’adoption de mesures provisoires et proportionnées afin de parer à la réalisation du dommage ». Il est significatif qu’au premier tour de la primaire de la droite le 20 novembre 2016, François Fillon comme Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire promettent de rayer le « principe de précaution » de la Constitution. A leurs yeux, les normes environnementales constituent un frein à la compétitivité.La santé des entreprises est pour trop de gens un critère plus important qu’une vie saine pour la population… Un seul vote pour la prochaine présidentielle, Yannick Jadot, le candidat de l’écologie politique.
* LE MONDE du 23/12/2016, Nouvel échec européen sur les perturbateurs endocriniens
Les entreprises se porteraient tout aussi bien dans un monde sans perturbateurs endocriniens (sauf celles qui en fabriquent, mais alors elles fabriqueraient autre chose). Par contre les entreprises se porteront très mal dans un monde invivable. Rappelons aussi que la bonne santé des entreprises n’est pas un but en soi, c’est un but intermédiaire pour que les hommes aillent mieux. Cela ne veut pas dire qu’il faille détruire les entreprises bien entendu.
Yannick Jadot fait certes mine de prôner la décroissance et de dénoncer la précarité, mais il proscrit, au même titre que les autres politiciens, les actions collectives illégales indispensables à l’abolition du capitalisme, abolition sans laquelle aucune atténuation de cette double crise à la fois sociale et écologique ne sera possible.
Le droit de vote est nécessaire sur le principe. Mais jamais le glissement d’un bulletin dans l’urne ne pourra remplacer les vraies révoltes populaires.