Yannick Jadot m’a poussé dans les bras de Macron. Sa tâche était de personnifier l’écologie politique à la présidentielle 2017. C’était le seul mandat que lui avait notifié la primaire organisée par EELV. Son reniement au profit du socialiste Hamon laissait complète liberté de choix aux militants. Beaucoup ne s’en sont pas privés, même pour Mélenchon plutôt que pour Hamon. J’étais devenu orphelin, je n’avais plus de vote évident, moi qui avais voté sans interruption pour le candidat de l’écologie depuis la présidentielle de 1974, René Dumont. Alors je me suis posé la question, pourquoi pas Macron aujourd’hui ?
Cécile Duflot m’a poussé dans les bras de Macron. Elle n’a pas accepté sa troisième place à la primaire écolo, soutenant du bout des lèvres Jadot, créant même une association parasite à sa dévotion. Quand elle a vu une alliance possible avec le candidat Hamon désigné par la primaire socialiste, elle qui copinait déjà avec lui depuis longtemps, elle s’est dépêché de désigner Hamon comme seul candidat de l’écologie politique après avoir manipulé son parti pour provoquer le reniement de Jadot. Il n’y avait plus de leadership possible dans le parti. Tout cela pour préserver, croyait-elle, sa réélection dans la 6e circonscription parisienne, subsidiairement pour assurer le repêchage de nos autres députés sortants. Elle a poussé EELV vers sa dissolution dans les « plus-à-gauche », Hamon ou Mélenchon, finie l’autonomie de l’écologie. Alors pourquoi pas Macron qui se présentait explicitement comme « de gauche et de droite et du centre », écartant les étiquettes périmées de la lutte des classes. Au moins il cherchait le consensus entre personnes différentes, rejetant l’opposition bête et méchante entre partisans formatés par quelques apparatchiks et quelques slogans idéologiques défraîchis. Macron, une possibilité !
David Cormand m’a poussé dans les bras de Macron. Nommé par un congrès « secrétaire national » parce qu’il était dans le giron de Cécile Duflot, il a appelé à voter pour elle lors de la primaire EELV, reniant toute volonté de rassemblement non partisan. Il a manipulé le bureau exécutif pour qu’on y décide une procédure fantaisiste aboutissant au reniement de Jadot. Il a détruit toute cohérence de ce parti qui n’était plus celui de l’écologie politique mais un résidu de la firme construite autour de Duflot ; rappelez-vous le rôle qu’a joué à ses côtés JVP (Jean-Vincent Placé). Je n’avais plus de parti puisque les manœuvres politiciennes Jadot/Duflot/Cormand avaient abouti à l’éclatement d’une écologie institutionnelle revendiquant son autonomie idéologique. Macron devenait une option alternative.
Alors j’ai choisi Emmanuel Macron après le second tour, quand il est devenu notre président pour cinq ans. Il était à même de promouvoir une certaine rupture avec les pratiques anciennes « bloc contre bloc » et les fausses alternances politiques. De toute façon j’ai passé dix ans chez les Verts/EELV et dix ans au PS. Je ne suis pas engagé au service d’un parti, encore moins aux basques d’un leader. Mon objectif est le même que celui de René Dumont, « écologiser les politiques et politiser les écologistes ». Le moyen de promouvoir au mieux l’écologie, c’est pour moi de créer une synergie entre les différents pôles de l’écologie, partis, associations, actions individuelles. Or Macron a su attirer plusieurs facettes de l’écologie, l’écologie dite réaliste de François de Rugy, l’écologie centriste de Corinne Lepage, l’écologie à droite de Serge Lepeltier, l’écologie apolitique de Matthieu Orphelin, l’écologie pensante de Jean-Paul Besset, l’écologie portée aussi par des militants anonymes. J’ai rejoint Macron, c’est facile, une déclaration d’intention sur Internet, rien à payer. Par la suite Nicolas Hulot a rejoint Macron, il est devenu ministre d’État, dédié à l’écologie et la solidarité. Un écolo numéro 3 du gouvernement, c’est une opportunité réelle qui confirmait mon choix. Hulot au gouvernement, cet événement ne devrait pas déplaire à Jadot/Duflot/Cormand qui étaient tous prêts à une époque à le soutenir pour la présidentielle 2017.
Comme je ne suis pas adepte du tout ou rien, je précise que ma démarche de soutien à Macron n’empêche pas la double étiquette. En effet le mouvement « en marche » (LRM) de Macron accepte les bipartisans quand on reste adhérent de base. De même le statut de coopérateur permet aux membres d’EELV la double étiquette. Cela me va, moi qui était en 2011-2012 à la fois encarté au PS et coopérateur EELV. Bien entendu j’appartiens aussi à plusieurs associations environnementalistes. La synergie entre les différents pôles de l’écologie pousse à la multiplication des appartenances possibles. Les convictions profondes doivent utiliser les circonstances quand elles sont favorables à la mise en œuvre de ses convictions.
article de Michel Sourrouille précédemment publié sur le site JNE (journalistes pour la nature et l’écologie)
Michel Sourrouille, votre conviction est respectable, autant que votre choix ou votre stratégie.
De mon côté personne ne m’a jeté dans les bras de personne. Dernièrement j’ai juste fait une bise en passant à Mélenchon. Moi non plus « Je ne suis pas engagé au service d’un parti, encore moins aux basques d’un leader » , et je ne l’ai jamais été. Je n’ai donc aucun risque d’être cocu. Facile, me direz-vous ! C’est vrai, j’assume.
Quant au consensus que chercherait Macron… j’en ai assez parlé. (et encore aujourd’hui)