Anne Bert a choisi de mourir. Atteinte de la maladie de Charcot, elle décrit son destin : « Cette maladie emmure et paralyse en quelques années. (…) Il me faut une assistance totale, de la première heure du lever jusqu’à la dernière heure du coucher. (…) Je ne veux pas vivre cette agonie qui m’est promise. » Anne Bert va partir dans un hôpital en Belgique, où la pratique du suicide assisté est autorisée. En France, la loi Leonetti est selon Anne Bert, une « loi hypocrite » qui ne « respecte pas la volonté des malades ». L’actuelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, aurait dit vouloir « voir comment pouvait vivre la loi Leonetti ». Il n’est donc pas question pour l’instant de s’aligner sur la loi belge. Cette gravité de la mort qui approche, Anne Bert dit ne pas la ressentir : « Plus j’avance, plus me viennent en tête des choses qui sont légères, belles, poétiques. » Elle ajoute : « On n’est pas sérieux parce qu’on devrait peut-être intellectualiser, rester très grave, mais non, moi ce n’est pas ma façon d’être. » L’écrivaine s’est fixé comme limite de choisir l’euthanasie au moment où l’avancement de la maladie ne lui permettrait plus de se nourrir ni de se laver seule, ce qui est désormais le cas.
Il est nécessaire de réfléchir à notre fin de vie, sans pathos ni larmes, en toute lucidité. Nous avons en France le droit, si notre douleur ne peut être soulagée, de « dormir avant de mourir » grâce à une « sédation profonde et continue » jusqu’au décès. C’est l’objectif de la loi sur la fin de vie promulguée le 2 février 2016. Seuls ceux atteints d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et présentant une « souffrance réfractaire aux traitements » sont autorisés par la loi à bénéficier d’une sédation profonde. Lors de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon voulaient aller plus loin en promettant la mise en place d’une aide active à mourir. Emmanuel Macron considérait qu’il n’est pas opportun « de légiférer dans la précipitation et la polémique, mais qu’il faut entraîner la population et leurs représentants vers les avancées que nous tous souhaitons avec un peu de conviction et de progressivité… Il importera dans un délai assez bref que cette question soit posée puisque nous serons soumis très prochainement à la révision des lois de bioéthique où la question de fin de vie ne peut pas manquer d’être traitée. » C’est tout le sens de la nuance et de la précision digne d’un technocrate habile. Est-ce écolo que de vouloir mourir plut tôt, sans acharnement thérapeutique ? Nous le pensons.
Pour en savoir plus sur la loi française, lire nos articles sur ce blog :
Le Sénat contre le droit de mourir dans la dignité
Ni euthanasie, ni suicide assisté, une molle décision !
« Euthanasie, un mot en vogue pour la mort douce ».
* LE MONDE du 7 septembre 2017, L’écrivaine Anne Bert raconte son départ pour la Belgique afin d’avoir droit à l’euthanasie