Mois après mois, le journal La décroissance tape sur Nicolas Hulot. Celui d’octobre ne déroge pas à la règle : « Seule la presse sans publicité ose critiquer cette icône médiatique », « NH fait le beau dans le mensuel GQ de septembre », « NH est contre l’EPR, mais pour le nucléaire (enfin pas contre…) », « Les contributeurs de NH, celui qui parle à l’oreille de Sarko, Bouygues, Apple, Lafargue, Saint Gobain », « Votre fondation est financée par des multinationales, ça ne vous gêne pas ? », etc.
Par contre LeMonde du 7 octobre grand-titre : « Nicolas Hulot, radicalement vert ». J’apprends que les sponsors de son film, Le Syndrome du Titanic, sont décontenancés. La SNCF, « Quand on sort de là, on se demande ce que l’individu peut faire après ça ? ». EDF note pudiquement que NH « dresse un simple constat ». L’Oréal n’a pas souhaité faire de commentaires. Pour les journalistes du Monde, le film vomit le consumérisme des riches et ses accents sont tiers-mondistes, anticapitalistes, décroissants !
Après avoir fait dans les années 1990 un inventaire des belles choses de la nature, Nicolas voit aujourd’hui la puissance des destructions et l’imbrication des dimensions écologiques et humaines. Nicolas prône la sobriété heureuse. Nicolas réalise l’alliance des amoureux de la nature et des objecteurs de croissance. Nicolas est dans la stricte lignée de ce blog biosphere. Le journal La décroissance ne comprend rien à la variété des chemins que nous pouvons prendre pour arriver au même but…
Je viens de lire avec tristesse le commentaire de Romain.
– Et les limites des ressources non renouvelables?
– Le capitalisme a apporté une amélioration du niveau de vie? Non. Le capitalisme a créé des besoin complètement inutiles. Je suis persuadé que le bien-être suit une courbe décroissante.
– Il ne faut pas politiser l’écologie? Mais qui a le pouvoir? Qui prend les décisions?
– Il vaut mieux que le gâteau soit plus gros? Et comment va t-on le faire grossir ce gâteau, dans un monde aux ressources limitées?
Je pourrais en faire des pages entières. Je préfère arrêter. Quand je lis ça, je me dis qu’il n’y a plus d’espoir.
L’économie n’est pas un gateau de richesse à taille fixe qu’il faut partager. La décroissance appauvrira les pauvres en premier, et n’est certainement pas une solution pour réduire les inégalités: le nivellement par le bas n’est pas la solution. Et puis, le but ne doit pas être de réduire les inégalités, mais d’améliorer le niveau de vie des plus pauvres. Pour cela, il vaut mieux que le gateau soit plus gros, il vaut mieux la croissance: comment peut on nier l’incroyable amélioration du niveau de vie que le capitalisme à apporter à l’humanité en quelques siècles à peine ?
La liberté de chacun de disposer de ses revenus est fondamentale, et je pense personellement que Nicolas Hulot et de nombreux « écolos » discrétident complètement leur combat écologique en le politisant, en le rendant socialiste. Une société ou l’on ne reconnait pas le droit de propriété, ou l’on parle de partager les revenus des autres, est une société totalitaire. Comencez par donner l’intégralité de vos propres revenus monsieur Hulot !
La question écologique est un autre sujet, ne confondez pas la protection de la planète et la répartition des richesses ! Quel est votre but ici, est-ce de surfer sur votre popularité politique révélée en 2007 et de devenir un homme politique à part entière, au dela de l’écologie ?
Je pense que vous faisiez bien plus pour la planète en montrant simplement les images de sa beauté au monde: la prise de conscience de chacun que ces beautés méritent d’être protégées était possible quels que soit les idéaux politiques personnels. Maintenant, vous fermez la porte à tous ceux qui ne partagent pas vos convictions socialistes, qui pronent le controle de tout par l’Etat…
On peut être libéral et aimer la nature, vouloir la protéger.
Mon film, Le syndrome du Titanic, n’est pas qu’un film écolo. Il évoque la combinaison de plusieurs crises, qui se résument en fait à une seule, celle du modèle dans lequel on vit. Il commence par cette phrase : « Longtemps, je me suis accommodé de la réalité. » Il y a un moment où on ne peut plus faire de concession, escamoter cette réalité. Le film dit que, de toute façon, le système va se réguler. Mais si ça se fait sans notre consentement, ce sera violent et on ne pourra pas se mettre à l’abri. La nature procédera à des ajustements à des échelles qui nous dépasseront.
Je passe par des moments de désespoir, quand je croise les décideurs politiques et économiques. Leur inertie, leur difficulté à se remettre en cause, la croyance aveugle dans le progrès, le développement des égoïsmes et des inégalités est désespérante. Plus les inégalités se creusent, plus elles deviennent obscènes.
L’optimisme et le pessimisme sont les deux facettes d’une même stratégie, celle qui consiste à laisser faire. Moi, j’essaie de ne pas être fataliste. Il faut partager les richesses. Notre obligation est d’agir. Nous devons aller vers une croissance sélective, voire une décroissance.
Nicolas Hulot