Dernier avertissement à l’humanité avant le naufrage

Il y a vingt-cinq ans, l’Union of Concerned Scientists (UCS), et plus de 1 500 scientifiques indépendants − y compris la majorité des lauréats de prix Nobel dans les sciences − ont publié, le 18 novembre 1992, l’« Avertissement des scientifiques du monde à l’humanité » (« World Scientists’ Warning to Humanity »).Ces chercheurs « préoccupés » ont enjoint l’humanité d’en finir avec la destruction de l’environnement, en insistant sur le fait qu’« un changement radical dans notre relation à la Terre et à la vie sur Terre s’avère nécessaire pour éviter la misère humaine à grande échelle. » Les scientifiques co-signataires de l’appel avaient notamment plaidé pour la stabilisation de la population humaine, en décrivant comment la pression démographique sur la Terre − accrue par une augmentation de la population mondiale de 35 % depuis 1992, soit deux milliards de personnes supplémentaires − est si forte qu’elle peut entraver les efforts entrepris dans le sens d’un avenir soutenable. Nous reproduisons ce qui concerne la démographie dans ce deuxième avertissement en 2017 .

Depuis 1992, l’humanité n’a pas réussi à faire les progrès nécessaires pour résoudre les défis environnementaux qui s’imposent à elle. Et, de façon alarmante, la plupart d’entre eux deviennent chaque jour plus incontournables. Nous nous condamnons nous-mêmes en faisant le choix d’une consommation matérielle intense − quoique géographiquement et démographiquement inégale − et en ne prenant pas conscience que la croissance rapide et continue de la population est le principal moteur de nombreuses menaces écologiques et même sociales. A défaut de limiter, de façon adéquate, la croissance de la population, de réévaluer les impacts d’une économie enracinée dans la croissance, de réduire les gaz à effet de serre, de développer les énergies renouvelables, de protéger les habitats naturels, de restaurer les écosystèmes, de mettre fin à la défaunation et de lutter contre les espèces exotiques envahissantes, l’humanité ne prend pas les mesures urgentes nécessaires pour préserver la biosphère. Il est temps de remettre en question et de modifier nos comportements individuels, y compris en limitant notre propre reproduction − idéalement, pour assurer le remplacement de la population tout au plus − et en diminuant drastiquement notre consommation de combustibles fossiles, de viande et de bien d’autres ressources.

Des actions et des étapes urgentes peuvent être mises en œuvre pour que l’humanité prenne le chemin de la soutenabilité, comme :Réduire davantage les taux de fécondité en veillant à ce que les femmes et les hommes aient accès à l’éducation et aux services volontaires de planification familiale, en particulier là où ces ressources manquent encore ; Renforcer l’éducation en plein air pour les enfants et la connaissance générale des milieux naturels ; et enfin, estimer une taille de population humaine scientifiquement défendable et soutenable à long terme, tout en rassemblant les nations et les dirigeants pour soutenir cet objectif vital. Nous devons reconnaître, dans nos vies quotidiennes comme au sein de nos institutions gouvernementales, que la Terre est notre seul et unique habitat.

pour le texte intégral, https://sciences-critiques.fr/nouvel-avertissement-a-lhumanite/