Les bronzés ne feront plus de ski. Ainsi se termine un article du MONDE*. Dans les zones de moyenne altitude des Alpes italiennes, les squelettes des pylônes des téléskis s’accrochent aux pistes désertées, et les nacelles vides se balancent au vent. La hausse des températures fait son travail de sape. L’OCDE faisait déjà en 2007 une prévision alarmante : que la température croisse de 2 degrés Celsius, et 40 % des 666 stations alpines ne seront plus rentables faute de neige. En 2010, à Vancouver, la température supérieure à zéro avait empêché le recours aux canons à neige et imposé le transport d’énormes quantités de la précieuse matière première… par hélicoptère. A quoi bon s’obstiner à organiser de coûteux Jeux olympiques (JO) d’hiver ? Huit des vingt et une villes hôtes de ces joutes hivernales seraient trop chaudes en 2050 pour les accueillir de nouveau. Cette industrie est à la fin d’un cycle.
Peu importe que le journaliste Jean-Michel Bezat plagie un article de The Economist quand l’information importe. Cet expert en énergie du MONDE occulte la fin du pétrole. Or il devrait toujours relier combustion du pétrole et réchauffement climatique qui sont les jumeaux de l’hydrocarbure. Sans pétrole à bon marché, vous n’auriez pas la possibilité de skier vu l’énergie que ce sport nécessite. Quand vous vous mettez vraiment à y penser, ce n’est pas seulement le ski de masse qui n’existerait pas, mais la plupart des choses qui nous entourent et dépendent du pétrole pour leur fabrication et leur transport. Le changement climatique nous dit que nous devrions changer, tandis que le pic pétrolier nous dit que nous allons être forcés de changer. Une technologie va nous sauver, une forme radicalement nouvelle de stockage du gaz carbonique, bon marché et efficace. Elle a pour nom : laisser les carburants fossiles sous la terre et ne plus faire de ski. Quelques commentaires sur le ski trouvés sur lemonde.fr :
manon troppo : Depuis le temps que vous nous bourrez le crane avec vos prévisions catastrophiques laissez nous vivre encore un peu ! si on vous écoutait il y a 10 ans, la mer devrait être à Rouen et la neige disparaître de l’Everest…
Robert-Denis RAULT @ manon troppo : Il ne s’agit pas de prévisions catastrophistes que l’on pourrait réfuter. Il s’agit de la description de ce qui a déjà eu lieu au cours des quarante dernières années. Originaire d’une région de montagne, et observateur passionné de la nature, je peux vous dire que l’enneigement a changé du tout au tout. J’ai skié autrefois dans des stations dont le bas des pistes était équipé jusqu’à 700 m d’altitude. Allez maintenant skier à 700 m !
Le kéké d’Yssingeaux : « manon troppo » nous affirmait il y a quelques années (sur le défunt blog du Monde « Big Browser ») que « il n’y a jamais eu autant d’ours polaires qu’aujourd’hui » et que « toute cette culpabilisation est mauvaise pour notre jeune génération ».
Le skieur : Hmmm pendant ce temps dans les Alpes, c’est ‘tout va bien madame la marquise’. Le roitelet de la région a donné le feu vert pour subventionner des canons à neige à tout va. On ne va surtout rien changer.
GILLES SPAIER : Le tourisme de masse génère une forte production de CO2 qui amplifie le réchauffement. Il génère aussi des barres de HLM en pleine montagne comme à Tignes. Il est utile que s’expriment ceux qui relèvent ce non sens écologique et environnemental. Évidemment, cela froisse les nostalgiques du « bon temps », l’époque du pétrole bon marché où on gaspillait sans remords l’énergie et l’espace naturel au nom du développement. Il y a toujours des gens qui ont du mal à s’adapter aux nouvelles donnes.
le sceptique : Reconvertir environ 60 000 emplois « neige » (en partie saisonniers) en 2 générations, cela ne paraît pas un défi impossible à relever.
R @ le sceptique : Plus de neige en montagne, pas de problème : on va reconvertir, s’adapter, faire pousser des cactus, tout va bien se passer, c’est juste un petit défi à relever. C’est pas vraiment ce qu’on appelle du scepticisme ça, plutôt un sorte d’optimisme béat : le réchauffement n’est pas un problème, continuons de l’avant, du passé faisons table rase.
Eric : Mais oui… Pour ma part, ça fait 30 ans que je n’ai pas skié. Mes enfants ne skieront sans doute jamais (du moins du ski de descente). L’idée de traverser le pays, se taper les bouchons sur les routes de montagne, et puis maintenant les canons à neige pour continuer à faire comme si de rien n’était, à faire semblant que rien de tout cela n’est aberrant, non merci, ça me coupe franchement l’envie…
* LE MONDE du 6 janvier 2018, Réchauffement climatique : « Une armada de stations de sports d’hiver devront fermer ou se réinventer »
Bonjour Didier Barthès.
Vous dites « que nous n’en sommes pas vraiment encore conscients » … Je crois que vous vous trompez. Si ça peut vous rassurer, nous en sommes réellement conscients.
Dans « mon » journal de ce mois-ci je lis : « La prise de conscience écologiste progresse, la preuve : désormais tous les projets les plus délirants et polluants sont conduits au nom du sauvetage de la planète. »
Et c’est tout à fait vrai. Comme vous le savez, aujourd’hui on construit de magnifiques bâtiments à « énergie positive », de superbes bagnoles « propres », qui demain le seront encore plus, toujours plus. Aujourd’hui le con-sommacteur tend à remplacer ce misérable consommateur, aujourd’hui le petit-bourgeois est devenu « écocitoyen », il ferme le robinet en se lavant les dents, il peut placer ses économies dans des produits « équitables et solidaires » , c’est ce qu’on appelle être « écoresponsable » . S’il aime bouger et s’il aime l’avion il peut faire de l’ « écotourisme » , s’il aime le ski il peut aller railleder dans des stations de ski « écoresponsables » , qui s’appliquent à fabriquer de la neige artificielle sans « trop » polluer, le railledeur écolo adopte les « écogestes » qui vont bien, etc. etc. etc. ad nauseam.
Si TOUT ça n’est la preuve que cette fameuse prise de cons-cience dont on nous rabat les oreilles depuis des lustres est faite, et bien faite… alors de quoi s’agit-il ?
Le problème Monsieur Barthès, et nous l’avons déjà abordé, c’est bien ce satané syndrome de l’autruche. Nous sommes conscients, nous savons … mais nous ne pouvons pas y croire !
Tous les discours alarmistes, voire catastrophistes (les vôtres, les miens…), tous ces discours qui viennent perturber ce semblant d’équilibre que s’efforcent de maintenir tant bien que mal tous ceux qui se plaisent à croire en ceci ou cela… au dieu Progrès, au Père Noël, au Grand Soir, à la mouche qui pète… tous ces discours ne peuvent être qu’ inaudibles.
Oui, la fin du pétrole va nous faire changer de monde et malgré l’inéluctabilité du phénomène, je crois que nous n’en sommes pas vraiment encore conscients. La fin des stations de sport d’hiver relèvera du détail par rapport à tout ce qui se produira par ailleurs. Rappelons que tout nos objets et tout notre approvisionnement en sont 100 % dépendants.