À lire, La planète au pillage (Fairfield Osborn, 1948)

La présentation du livre de Fairfield Osborn Jr (1887-1969) est prémonitoire,  « L’humanité risque de consommer sa ruine par sa lutte incessante et universelle contre la nature plus que par n’importe quelles guerres » et la dédicace parfaite, « à tous ceux que l’avenir inquiète ». Juste après Hiroshima, il est quasiment le premier à prendre conscience d’une catastrophe écologique en marche. Il ne pouvait avoir l’idée du pic pétrolier et du réchauffement climatique, il consacre donc surtout son analyse à l’appauvrissement des sols. Il doit être en bonne place sur la table de chevet d’un président de la République, pour se rappeler tout le temps perdu à ne pas agir contre le pillage de la planète.

« L’idée d’écrire ce livre m’est venu à la fin de la seconde guerre mondiale. Il me semblait que l’humanité se trouvait engagée non pas en un, mais en deux conflits, cette autre guerre mondiale qui est grosse d’un désastre final pire même que celui qui pourrait provenir d’un abus de la bombe atomique. Cette autre guerre, c’est celle de l’homme contre la nature. Nul ne saurait envisager les relations entre l’homme et la nature sans en même temps se demander : « Quelle est au juste la signification de notre existence ? »

Seul un grand effort de la nation tout entière peut donner pour l’avenir des garanties suffisantes. Il n’y faut rien de moins qu’une complète coopération du gouvernement et de toute l’industrie, appuyée par la pression unanime de l’opinion publique. Un programme doit être enseigné dans toutes les écoles de façon à ce que les générations à venir puissent dès leur enfance se rendre compte de la situation exacte de ce qui est la base même de toute vie, un enseignement de la conservation. De même les cours d’économie politique, travaux publics, sociologie, etc. prendraient une vie nouvelle si l’on y faisait figurer des considérations bien comprises sur les relations de l’homme avec le milieu physique dans lequel il est appelé à vivre. Une seule solution est possible : l’homme doit reconnaître la nécessité où il se trouve de collaborer avec la nature. » (1ère édition 1948, Actes sud 2008)

extrait du livre« L’écologie à l’épreuve du pouvoir » (Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre) en librairie depuis le 11 juillet 2016