A Sivens et ailleurs, où sont vraiment les criminels ?

La mort violente d’un jeune homme sur le projet de barrage de Sivens de 21 ans fait dire au professeur Xavier Crettiez : « La défense des espèces et espaces protégés réunit une minorité déterminée, héritière des éco-guerriers anglo-saxons. Les luttes engagées proposent un cadre de lecture séduisant par sa limpidité. Aux défenseurs désintéressés d’une nature sauvage et belle s’opposent les bâtisseurs polluants alliés aux intérêts mercantiles et politiques. Pour une part minoritaire de cette mouvance, il faut donc libérer par tous moyens certains espaces de l’influence néfaste des intérêts marchands. »* Voici une tribune qui se garde bien de dénoncer le renforcement de la violence d’Etat. Au moins l’auteur pourrait-il rappeler deux faits très précis : 1/ Rémi Fraisse était non violent. 2/ Il est mort le dos explosé par la grenade des forces de l’ordre.

                Le style ironique de Xavier Crettiez  sur la nature forcément « sauvage et belle » n’empêche que le fond du problème, la chute de la biodiversité et la raréfaction de l’espace disponible, est devenu une réalité inquiétante. Par exemple la France s’artificialise au rythme annuel de 1 %, soit la perte d’un département tous les 7 à 10 ans. Les meilleures terres agricoles, les prairies, les landes, sont bâties, asphaltées, transformées en ronds points… ou en retenues d’eau. Il est donc légitime d’agir. Au niveau des moyens, ce professeur de sciences politiques  met l’accent sur la violence alors que la grande majorité des militants sont des activistes, certes, mais non violents voire pacifistes. Les zadistes ont vu leur campement, leur affaires brûlées, des lacrymos jetées dans une caravane fermée, de nombreux blessés dont on ne parle JAMAIS. Pourtant face à cette violence d’Etat les réactions restent le plus souvent calmes et festives. Les écologistes activistes ont compris que la violence renforce le pouvoir qu’on veut combattre.

                Le directeur de Greenpeace France, Jean-François Julliard constate : « L’Etat augmente le niveau de répression exercé à l’égard des militants écologistes. Pas un mois ne s’écoule sans que l’un de nos militants écope d’une peine de prison ou d’une forte amende… En France, le gouvernement prend peur au moindre mouvement de contestation et réagit de la pire des manières… A l’inverse, dans les démocraties bien établies, les militants non violents ne sont jamais condamnés, ni même poursuivis en justice… Plus que jamais, il faut agir pacifiquement. Notre-Dame-des-Landes, Sivens et Bure (centre d’enfouissement de déchets radioactifs), ces projets tout aussi inutiles et nocifs ne verront jamais le jour si le mouvement environnemental s’en tient à cette ligne de conduite… »** Ajoutons que les forces de l’ordre mériteraient d’être entraînées aux méthodes de l’action non violente…

* LE MONDE du 31 octobre 2014, Il existe une éthique de violence propre à la galaxie altermondialiste

** LE MONDE du 1er novembre 2014, Cessons de criminaliser les militants environnementaux