La production d’un litre d’agrocarburant peut contribuer à l’effet de serre jusqu’à deux fois plus que la combustion de la même quantité de combustible fossile. C’est ce que démontre Paul Crutzen, prix Nobel de chimie 1995 pour ses travaux sur la dégradation de la couche d’ozone (revue Atmospheric Chemistry and Physics Discussions). Aux grands naïfs que nous sommes, on nous faisait valoir qu’un agrocarburant était neutre pour le climat, on ne relâchait dans l’atmosphère que le carbone préalablement absorbé par la plante. Cette présentation occulte les émissions de protoxyde d’azote (N2O) dues à l’agriculture intensive. Ce gaz issu de la dégradation des engrais contribue 296 fois plus à l’effet de serre que le CO2. Le GIEC estimait le taux de conversion de l’azote des fertilisants en N2O à environ 1 %, aujourd’hui P.Crutzen le situe entre 3 et 5 %. Ainsi la combustion de diesel issu de colza contribue de 1 à 1,7 fois plus au réchauffement que l’utilisation d’une énergie fossile. La seule culture qui aurait un bilan acceptable est la canne à sucre, mais seulement si on ne prend pas en compte la déforestation qui, de son côté, contribue aussi à l’augmentation de l’effet de serre.
Rappelons que sur cette planète, certains brûlent encore des bouses de vache pour faire la cuisine. L’énergie n’est jamais gratuite, elle se vole dans les poches de plus en plus vides de la Biosphère. Les délices de Capoue ont toujours une fin…
En attendant, la Chine met fin officiellement à la politique de l’enfant unique. À quand une politique de la portée sextuple au Nigéria? Et quand je dis portée, ce n’est pas du Bach, on est plutôt dans la cacophonie.