Avant toute chose, il faut considérer que l’expansion démographique d’un pays dans un monde largement surpeuplé et sur des territoires de plus en plus fermés car eux-mêmes surpeuplés, toute croissance démographique dans un pays doit être considérée comme défavorable. Les médias, particulièrement pour le cas français, s’intéressent à l’indicateur de fécondité de 2,1 enfants par femme, chiffre permettant un renouvellement de la population au même niveau. Mais une population stationnaire n’indique en rien que ce niveau soit supportable économiquement, socialement et écologiquement. Des pays comme le Japon ou l’Allemagne ont fait le bon choix de réduire leur population dans un contexte où des expertises scientifiques indiquent que nous courrons à la catastrophe dans beaucoup de domaine, climatique, énergétique, agricole, etc.
D’ici 2060, l’Allemagne devrait perdre presque 15 millions d’habitants et avoir une population de 66 millions d’habitants, contre plus de 80 millions à l’heure actuelle. Que ce soit la Tribune, Challenges ou l’Economiste, nos médias français s’inquiètent pour les Allemands. Ils ont bien tort. Chaque année arrive sur le marché du travail des classes d’âges moins nombreuses, ce qui fait baisser le taux de chômage puisqu’on a pas à leur fournir des emplois en aussi grand nombre. De plus moins de chômage veut dire moins de prestations à verser (les salaires et les revenus des entreprises sont moins ponctionnés, le coût du travail est ainsi moindre pour un salaire net identique et donc ça facilite encore plus l’emploi). Là aussi l’Allemagne a bénéficié de ce phénomène. Qui dit baisse de la population dit aussi baisse de la pression foncière, ce qui fait baisser le coût du logement pour les particuliers. On le voit en Allemagne où, bien que le niveau de vie soit un peu plus élevé qu’en France, se loger revient moins cher.
Les contempteurs de la décroissance démographique dans un pays s’attardent principalement sur le vieillissement de la population, donc le manque de main d’œuvre et le problème des retraites. La compensation par l’afflux de migrants forme pour les malthusiens une solution qui n’en est pas une. Les choses sont toujours beaucoup plus complexes que ce qu’on croit. Voici quelques extraits du livre « Moins nombreux, plus heureux, l’urgence écologique de repenser la démographie » :
1) la question du vieillissement :
Yves Cochet : La solution à un vieillissement de la population ne peut pas être l’augmentation de la proportion de jeunes, car ces derniers seraient vieux à leur tour un jour et réclameraient donc encore plus de jeunes : c’est la fuite en avant, la situation ne ferait que s’aggraver. Nous croyons, au contraire, que la peur occidentale du vieillissement de la population doit être affrontée aujourd’hui, et que, d’ailleurs, nous ne devons pas craindre une population âgée. Une société âgée possède des qualités économiques, sociales et écologiques comparables, voire meilleures, qu’une société plus jeune. Même à la retraite, les personnes âgées contribuent de façon appréciable à la prospérité de la société, par tout le travail bénévole qu’elles assument, auquel il faut ajouter les contributions intellectuelles de la sagesse de l’âge. Les grands-parents européens assurent les deux-tiers des services de garde informels des enfants. La grande majorité des personnes âgées sont auto-suffisantes, elles ne sont pas un fardeau financier pour leurs enfants. C’est plutôt elles qui, bien souvent, soutiennent les jeunes générations, notamment les chômeurs. Tout compte fait, les jeunes sont plus coûteux pour l’économie, en temps et en argent pour leur entretien et leur éducation, que les vieux pour leurs pensions. Plus de retraites à payer est compensé par moins d’investissements scolaires. De même, dans le secteur de l’habitat et des infrastructures en général, une population stagnante ou déclinante est évidemment moins coûteuse qu’une population croissante. A l’échelon individuel, une famille avec un ou deux enfants disperse moins son héritage qu’une famille avec trois ou quatre, ce qui favorise les enfants de la première famille.
Jean-Christophe Vignal : Ce qui est certain, c’est que la transition démographique implique un vieillissement général de la population, avec un gonflement du nombre de personnes âgées et un affaiblissement du nombre de jeunes. Ce qui signifie qu’il y aura moins de jeunes pour s’occuper de plus de vieux. Avec des besoins médicaux en hausse. Mais aussi qu’il n’y aura plus à construire – sauf à imaginer une nouvelle occupation spatiale du territoire, nullement improbable pour répondre aux besoins d’une économie durable relocalisée – des centaines de milliers de logements par an pour accueillir les nouvelles familles. De même, les infrastructures communes seront moins sollicitées par une population moins nombreuse, et les dépenses éducatives, premières dépenses de l’État, pourront diminuer. Quoiqu’il en soit, impossible de dire aujourd’hui si les gains compenseront les pertes. Tout ce à quoi il est possible de s’attendre, c’est à une restructuration sévère de secteurs entiers et importants de notre appareil productif de biens et de services. D’autant plus que cette transition démographique doit s’accompagner, pour avoir du sens, d’une révolution écologique profonde dans nos manières de produire comme de consommer. A quoi en effet servirait-il d’être moins nombreux si cela conduisait seulement à pouvoir consommer toujours plus, en continuant à détruire le biotope Terre qui nous fait vivre ?
Michel Tarrier : Prenons l’exemple des retraites. Contrairement à l’idée, répandue par nos gestionnaires qui ont les yeux rivés sur leurs projections à 20 ans, selon laquelle nous avons besoin de plus de jeunes pour pouvoir payer les retraites des seniors sans troubles économiques et sociaux (afin d’éviter un poids des prélèvements trop grands sur les premiers, ou un désastre financier aux seconds avec des retraites ‘peau de chagrin’), cette croissance démographique ne peut être appréhendée que comme une pyramide de Ponzi ne pouvant se terminer que par un krach, en générant des »excès de capacité de charge » comme l’évoque précédemment Alain Gras en se référant au modèle de Lotka-Volterra. En effet, si chaque génération doit être plus nombreuse que la précédente pour supporter le coût des seniors, nous sommes en présence d’un mécanisme de fuite en avant qui ne peut que se heurter à un moment au mur des réalités, que celles-ci soient sociales, économiques ou écologiques. Il suffit que le chômage des jeunes s’aggrave et perdure pour que ceux-ci ne se révèlent qu’un poids-mort économique incapable de prendre en charge ses propres besoins comme les besoins des classes âgées … une situation ‘à la tunisienne’ en quelque sorte (9), et qui plus est dans un pays qui a l’habitude d’un certain confort et vivrait d’autant plus mal un déclassement. Et si nous faisons fi de la crise économique en pariant sur une relance prochaine, que fera-t-on dans une France de 80 millions d’habitants sinon une projection à 100 millions pour la génération suivante, et puis 120 pour la fois d’après ? Sérieusement, vous y croyez, vous, à une France pareille où le Grand Paris absorberait Lille et Lyon ? A la viabilité de ce pays-là ? Ou bien plus simplement à l’intérêt d’y vivre ?
2) la question migratoire :
Yves Cochet : Si l’on s’en tient à l’idéal de la pensée politique progressiste courante, l’Europe vieillissante et en baisse démographique devra accueillir des millions de jeunes émigrés du Sud pour tenter de résoudre les problèmes d’une société de croissance : déséquilibre entre le nombre de retraités et le nombre d’actifs, mutation de la demande de biens et services traditionnels et des types d’emplois afférents dans le sens du « care », évolution des jeux de pouvoir nationaux au profit des nouveaux citoyens émigrés. C’est là une conception de l’augmentation démographique qui ne profite qu’aux tenants de la croissance, du dynamisme des marchés et de la compétitivité à tout prix.
Didier Barthès : « Croissez et multipliez » lit-on dans la Genèse. Ces propos ont largement dépassé leur origine religieuse. Beaucoup, même parmi les athées les plus convaincus, ont intériorisé cette injonction. Mais, croyants et non-croyants oublient généralement que cette phrase, datant de quelques siècles avant Jésus-Christ, fut écrite dans un monde qui ne comptait environ que 150 millions d’individus soit le cinquantième de ce qu’il héberge aujourd’hui. Si l’on admet que la nature d’un problème est largement déterminée par son ordre de grandeur, alors, constatons que cet appel au peuplement se trouve désormais bien inadapté aux circonstances. Nous serons bientôt neuf milliards et nous touchons chaque jour un peu plus aux limites de notre biotope. Dans un monde de 150 millions d’habitants tous les problèmes locaux et provisoires de surpopulation pouvaient se régler par l’émigration, c’est d’ailleurs ainsi que la Terre s’est couverte d’hommes. Sur une planète entièrement peuplée, ce mécanisme n’a plus de sens.
Michel Sourrouille : j’aborde une question rarement évoquée, « la décroissance des migrations sur une planète close et saturée ». En effet cet aspect sent le souffre puisque l’arrêt des migrations est une thématique portée par l’extrême droite. Mais pas seulement. Sur une planète saturée d’humains, les frontières se ferment. Les lois contre les étrangers se durcissent un peu partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres.
Jean-Christophe Vignal : Il faut aussi poser la question de l’immigration. Comment des Français pourraient admettre qu’il leur faut limiter leur procréation pour permettre à terme une gestion écologiquement équilibrée de leur territoire sans consommation prédatrice de ressources sur d’autres pays, et continuer à voir arriver des dizaines de milliers de nouveaux arrivants chaque année ? Une gestion limitative de notre procréation, même dans un cadre purement incitatif à mille lieux du mode contraignant et punitif pratiqué en Chine, n’aide pas à soutenir une politique d’accueil. Je soutiens à titre personnel qu’il nous faut être d’autant plus rigoureux dès aujourd’hui, pour nous-mêmes comme pour les migrants économiques, afin que notre pays ait demain les ressources nécessaires et durables pour accueillir toute notre part des éco-réfugiés qu’évoque précédemment Michel Sourrouille, victimes lointaines d’un mode de développement prédateur que nous avons largement contribué à faire émerger.
» et de l’autre … il y a MARCEL. »
Correction , votre honneur : et de l’ autre côté , il y a Marcel et de nombreux vrais malthusiens ou gens lucides .
Cochet n’ est pas malthusien mais pseudo ecolo (vraie pastèque : rouge à l’ intérieur et vert à l’ extérieur) et ennemi de sa propre race (typique des gauchistes et ethnomasochistes) .
Nous devons certes décroître fortement en population mais le 1/3 monde bien plus que nous
Il n’ arrive pas à la cheville d’ un Serge Latouche et n’ en posède surtout pas l’ honneteté intellectuelle !
– « Marcel et de nombreux vrais malthusiens ou gens lucides . »
Autrement dit, seuls les vrais malthusiens sont des gens lucides.
Admettons… mais déjà, c’est quoi la LUCIDITÉ ?
Non, plus facile… c’est quoi un VRAI malthusien ?
Et un VRAI écologiste? Et un VRAI décroissant ? Et une VRAIE crevure ?
« MARCEL, je ne vois pas, du moins dans ces quelques lignes, ce qui vous autorise à penser ça d’Yves Cochet. S’il évoque ici « l’idéal de la pensée politique pro »
Lisez ses derniers commentaires sur la problématique démographique ==> Yves Cochet :
« pour sauver la planète, il faut « limiter nos naissances » et « mieux accueillir les migrants »
Yves Cochet à Caen, en novembre 2013. »
Je pensais ce type intelligent et honnête alors qu’ il n’ est qu’ une crevure : il se fout de sa civilisation et de l’ écologie comme un poisson d’ une pomme .
Oui je sais, Cochet assume volontiers d’être qualifié de néomalthusien, mais surtout pas de raciste. Je comprends donc très bien qu’à vos yeux il soit « une crevure ».
D’un côté la famille des CREVURES, dans laquelle on y met les « mondialistes, bisounounours, gôôchistes, bobos, journalopes, muzz et afromuz » et Jean Passe, et de l’autre … il y a MARCEL.
Ce « bon » cochet préférerait une société occidentale vieillissante car ainsi , elle serait trop faible pour résister au grand remplacement : Cochet est un bonimenteur fourbe au service zélé du mondialisme et du patronat qui a besoin de surconsommateurs africains pour survivre !
@biosphere :
la lutte contre l’ immigration et l’ invasion de pseudo réfugiés appelés migrants par nos chers journaputes au service rampant de l’ oligar – chie , est le fait de gens dotés de bon sens : tant à gauche qu’ à droite (droite dure identitaire) , ces gens se font de plus en plus entendre.
MARCEL, je ne vois pas, du moins dans ces quelques lignes, ce qui vous autorise à penser ça d’Yves Cochet. S’il évoque ici « l’idéal de la pensée politique progressiste courante », je ne pense pas que pour autant il adhère à cette pensée, ou à cet « idéal », ou à cette logique. Bien au contraire.
D’autre part, Michel Sourrouille a parfaitement raison quand il dit que « les lois contre les étrangers se durcissent un peu partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres ». Et là non plus, je ne pense pas que M. Sourrouille se réjouisse d’une telle réalité. J’espère ne pas me tromper.
Jean-Christophe Vignal pose une bonne question : « A quoi en effet servirait-il d’être moins nombreux si cela conduisait seulement à pouvoir consommer toujours plus, en continuant à détruire le biotope Terre qui nous fait vivre ? »
J’ai toujours dit que la croissance économique nous con damnaient à être toujours trop nombreux. C’est juste mathématique. D’autre part, Vignal peut toujours dire « qu’il nous faut être d’autant plus rigoureux dès aujourd’hui, pour nous-mêmes comme pour les migrants économiques » (y’aca quoi ?), il n’empêche que personne n’a de vraie solution. Du moins d’une solution qui nous éviterait de sombrer dans le PIRE.
Bien que tout soit lié, je ne vois pas ce que le marché du travail, le taux de chômage, le volume des prestations, le coût du travail, du logement (et pourquoi pas le prix des sardines), le financement des retraites etc. ont à voir avec notre problème.
Notre problème, à savoir cette satanée Surpopulation (avec ou sans guillemets), aujourd’hui française, allemande ou japonaise. Je crois plutôt que tout ça dépend directement d’une certaine politique. Disons même d’un choix ou d’un projet de société, là encore avec ou sans guillemets.
Depuis un moment déjà l’économie nous est présentée comme une science exacte, et à force de répétitions… nous avons fini par le croire. Bardée de mathématiques et maintenant d’algorithmes qui moulinent à la vitesse de la lumière, l’Écomomie est la religion planétaire. Une religion avec ses dogmes, la sacro-sainte Croissance, la sacro-sainte Con-currence (compétition) « loyale et non faussée », comme seuls exemples. Or nous ne devrions pas avoir oublié que ce n’est pas l’habit qui fait le moine, et que ce ne sont pas les ordinateurs qui garantissent la fiabilité ou la véracité des prédictions de Madame Soleil.
Notre besoin de comparer et de classer les choses, de les mesurer et de les chiffrer, ne fait que traduire notre volonté ou notre obsession de maîtriser notre environnement. Jusque là, rien d’extraordinaire (façon de dire). En effet, seule notre espèce possède cette faculté de pouvoir compter, jusqu’à l’infini, nos amis les bêtes se contentent de beaucoup moins. Le risque avec cette façon de penser, c’est de croire qu’avec les chiffres nous détenons la Vérité.
Vouloir mesurer et chiffrer tout et n’importe quoi, l’intelligence ou le bonheur par exemples, en dit long sur notre état. Comment se fait–il que la sagesse, ou le bon sens, ou l’intuition, va savoir… ne nous aient pas indiqué que nous avons franchi les bornes ? (Là aussi, ou là encore). Avec cette manie de tout quantifier et de tout mettre en équation, nous en sommes arrivés à pouvoir soutenir n’importe quoi. Même que 2 + 2 font 5 et qu’un cercle est un carré.
Il n’est pourtant pas difficile de démontrer (chiffres à l’appui), qu’il est par exemple possible de résorber le chômage. Ceci en donnant un emploi (et qui plus est, réellement utile !) à chacun, en diminuant (ou pas) la durée du travail, en prenant l’argent où il est, etc. Mais là nous sortons du cadre du logiciel du Système, et justement il ne faut pas en sortir ! Du moins c’est ce qu’on nous a dit. Et à force de répétitions… nous avons fini par le croire. N’oublions pas non plus l’étymologie du mot travail (tripallium). Le travail reste une torture, une torture certes nécessaire, sacré(e) pour certains, pour dire là encore à quel point nous sommes perdus. Nous devrions donc le (ou la) partager et le (ou la) réduire au strict nécessaire. En effet il serait absurde de souffrir pour rien, ou pour le simple plaisir de souffrir.
Autre exemple, le financement des retraites, là on nous dit qu’il n’y a pas 36 solutions, qu’il n’y en a que 2 ! Soit allonger la durée de cotisations, soit diminuer le montant des pensions. Ben voyons ! C’est marrant, ça va toujours dans le même sens.
Bref, il n’y a finalement rien d’extraordinaire au fait qu’Homo-oeconomicus persiste à raisonner (résonner) dans ce cadre là, en respectant à la lettre les axiomes de départ, voire que 2+2=5. Et donc, il n’y a finalement rien d’extraordinaire au fait que nous soyons plantés et prisonniers de ce système (à la con), autrement dit Le Système. Et même au fait que les détracteurs du Système eux-mêmes, en soient toujours plus ou moins prisonniers.