Nous avions fait une recension de son livre de 2007, « Demain la décroissance ! ». Une réédition est faite en 2018 avec un titre légèrement transformé (Décroissance ou toujours plus?) pour ne pas faire de l’ombre à l’excellent ouvrage de Nicholas Georgescu-Roegen. Retenons d’Alain de Benoist cette condamnation sans appel du libéralisme pour énoncer une alternative, l’écologisme et la valeur intrinsèque de la nature :
page 23 : « L’idéologie libérale, avec ses fondements individualistes et économiste, est impliquée au premier chef dans la situation présente. C’est elle qui n’a cessé de célébrer la croissance, le développement, le libre-échange et la technologie, en référence à l’idéologie du progrès. C’est elle qui a condamné toutes les religions et toutes les philosophies, c’est elle qui a légitimé le comportement égoïste et la cupidité illimitée. C’est elle qui a démantelé les systèmes fondé sur la gratuité, le désintéressement, la solidarité et le don. C’est elle qui a fait de la société le lieu d’une concurrence tous azimuts, qui conduit l’homme à regarder ses semblables comme des rivaux et donc des ennemis potentiels, instaurant sous une forme douce le totalitarisme de la guerre de tous contre tous. C’est elle qui a milité pour l’organisation « scientifique « de la société, avec pour résultat la technologisation généralisée et le transfert aux machines des capacités de décision. C’est elle qui a provoqué la fin des communs, en jouant systématiquement le privé contre le public, en proclamant la souveraineté de l’individu. C’est elle qui a constamment favorisé l’artificiel au détriment du naturel (OGM, hormones, glyphosate, etc.). C’est elle qui a privilégié le « comment » sur le « pourquoi ». C’est elle qui a posé comme légitime toute aspiration et tout désir, en les travestissant en « droits » contradictoires qui se stimulent mutuellement dans une surenchère sans fin. »
page 173 : « L’écologie rend obsolète le vieux clivage droite-gauche : refusant le libéralisme prédateur au même titre que le prométhéisme marxiste, ordonnée au conservatisme des valeurs comme à la préservation du milieu naturel, elle est en même temps révolutionnaire par sa portée comme par ses intentions. Rompant délibérément avec l’univers de la pensée mécaniste et réductionniste qui a accompagné l’émergence de l’individu moderne, elle restitue un rapport de l’homme à la totalité du cosmos qui remet du sens dans un imaginaire aujourd’hui dévasté. »
page 185 à 193 : « L’idée générale est que c’est seulement en défendant la nature pour elle-même que les écologistes poursuivront légitimement leur but. Le principal théoricien de l’écologie profonde, Arne Naess, écrit : Le bien-être de la vie non-humaine sur Terre a une valeur en elle-même.Cette valeur est indépendante de toute utilité instrumentale pour des objectifs humains. » La question de savoir si l’affirmation d’une valeur intrinsèque de la nature suffit à fonder une éthique de l’environnement reste par ailleurs ouverte. Il ne suffit pas en effet d’établir l’existence d’une valeur pour établir du même coup l’obligation de la respecter. D’autres vont jusqu’à conclure qu’elle laisse l’homme lire d’agir à sa guise dans le monde. »