Alban Liechti est le premier militaire à refuser ouvertement de tirer sur des Algériens. Durant son service militaire obligatoire, son régiment s’apprête en 1956 à être envoyé à Alger. Alors il écrit au président René Coty son refus de prendre les armes : « La guerre que font nos gouvernants au peuple algérien n’est pas une guerre défensive. Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs familles, la paix et la justice. C’est l’amitié entre Français et Algériens que je veux défendre. » Envoyé malgré tout en Algérie, le militant communiste tente de convaincre les autres jeunes appelés. « Je disais tout ce que je pensais de la guerre d’Algérie, qu’on n’avait rien à faire là et qu’on employait des méthodes comme la torture. J’étais contre tout cela. J’étais bien vu de tous les gars, sauf des gradés », se rappelait Alban Liechti en 2021 sur France Culture.
Alban Liechti ne connaissait pas encore les risques qu’il encourt, il est le premier opposant à la guerre d’Algérie. Ce sera la prison pendant les quatre années suivantes. Incarcéré par l’armée française à Tizi Ouzou, puis à Alger… Il tarde à être soutenu par son parti, le PCF mais son action finit par faire des émules raconte l’historien Tramor Quemeneur, spécialiste de l’Algérie : « Environ un an après son refus, une campagne a commencé, portée par le Secours Populaire Français, et qui a conduit à ce qu’une quarantaine de jeunes communistes refusent de participer à la guerre d’Algérie. Cela a amené à ce que la question du refus de la guerre, de la désobéissance dans la guerre d’Algérie se pose publiquement. De ce point de vue-là, son parcours est important ». On est alors arrivé à ce qu’il y ait une opposition de plus en plus forte au sein de la société française.
Libéré de ses obligations militaires dix jours avant les accords d’Evian du 18 mars 1962, il restera privé de son droit de vote jusqu’à la loi d’amnistie de 1966. « C’est un héros ! Pendant longtemps, il était plutôt considéré comme un traître », estime son fils, Vincent Liechti. Il évoque également un manque de reconnaissance : « À son décès, on a eu un message du président de la République algérienne mais pas du président français, donc la reconnaissance n’est pas encore tout à fait pleine et entière ».
Il vient de mourir à l’âge de 89 ans. Ses obsèques ont eu lieu le 4 septembre 2024.
Agathe Mahuet (Radio France)
Le point de vue des écologistes pacifistes
La France en Algérie n’a pas fait autrement que la Russie de Poutine en Ukraine avec son invasion appelée « opération spéciale ». Le terme employé à l’époque par la France était « événements d’Algérie » ou « Opérations de maintien de l’ordre en Algérie ». L’expression « Guerre d’Algérie » n’a été officiellement adoptée en France qu’en 1999. Rappelons qu’entre 1954 et 1962, 1 101 580 appelés ou rappelés et 317 545 militaires d’active ont été envoyés en Algérie. On estime qu’environ 250 000 Algériens ont été tués dans cette guerre (dont plus de 140 000 combattants, ou membres du FLN). Près de 25 600 militaires français sont morts et 65 000 ont été blessés.
Tant que les humains se battront dans des guerres fratricides les armes à la main, il n’y aura pas de possibilité de chercher l’équilibre entre population et ressources à l’intérieur d’un territoire quelconque. En effet il y aura toujours la possibilité d’être envahi, exploité, rançonné… si ce n’est génocidé.
Je pense bien sûr à la chanson de Boris Vian, Le Déserteur, écrite en février 1954, lors de la guerre d’Indochine. Comme celle que mènent actuellement les Russes (Poutine) en Ukraine, celle d’Algérie a longtemps été déniée par les autorités françaises.
ON parlait alors des « événements d’Algérie », d’une « opération spéciale »…
Et même, comble de l’hypocrisie, de … « pacification ».