Arnaud Montebourg renie ses convictions écologistes

La contribution de Montebourg au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier » ; la production journalière atteint son maximum pour décroître ensuite. Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015. L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource. Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… » Nous avions donc confiance en lui, écologiste déclaré dans son livre « Des idées et des rêves », fidèle des journées du pôle écologique du PS à Saint Ciers.

Nous avons perdu confiance, l’accession au pouvoir fait oublier toute capacité d’analyse à long terme. Arnaud Montebourg fait  du quantitatif : « Le producteur, l’entrepreneur, le travailleur sont ceux qui assurent la prospérité d’un pays et sans eux, impossible d’imaginer un avenir ». Ministre du « Redressement productif », il s’agit simplement de sauver le plus d’emplois possibles, peu importe que ces emplois servent réellement l’avenir ou non. Peu importe aussi s’il s’agit d’aider les multinationales, l’usine Fralib du groupe Unilever, l’aciérie de Florange d’ArcelorMittal, la raffinerie Petroplus de Shell, l’usine General Motors de Strasbourg, Goodyear à Amiens ou le site emblématique de PSA Peugeot Citroën à Aulnay-sous-Bois. Peu importe s’il s’agit d’aider surtout des entreprises rattachées à l’industrie pétrolière, comme si le pic pétrolier, que nous avons déjà dépassé en 2006, n’existait plus pour Montebourg !

Arnaud Montebourg annonce aujourd’hui que, « dans un contexte de recul du marché automobile », il proposera « prochainement » au président de la République et au Premier ministre « un plan d’actions pour l’avenir de la filière automobile ».* Mais il avoue en même temps ne pas savoir exactement quelles sont les intentions du groupe PSA. Non seulement l’Etat ne peut pas tout dans une économie libéralisée par les gouvernements successifs, mais il devrait se désengager complètement des entreprises qui sont vouées à la faillite quand le baril du pétrole explosera, inéluctablement : la rareté fait la hausse du prix, que Montebourg le veuille ou non. Que les socialistes laissent à l’économie de marché sa responsabilité dans la crise, qu’ils se préoccupent de penser autrement. C’est le Montebourg d’avant qui écrivait dans son livre : « L’échelle locale et nationale doit être privilégiée dans la production industrielle tant que la production peut se faire à des coûts raisonnables. Le programme de démondialisation recherche des circuits industriels, agricoles et productifs courts, rapprochant les lieux de consommation des lieux de production. »**

* LEMONDE.fr du 30 juin 2012, Arnaud Montebourg s’empare du dossier de l’industrie automobile

** Des idées et des rêves d’Arnaud Montebourg (Flammarion, 2010)

 

3 réflexions sur “Arnaud Montebourg renie ses convictions écologistes”

  1. biosphère,

    élimination démocratique de mon commentaire ou disparition accidentelle ?
    J’ ose espérer que la 2ème hypothèse prévaut sinon je devrais en déduire que vous ne valez guère mieux que le sinistre Mélanchon .

    Info de biosphere pour Marcel :
    Lemonde.fr a ses propres filtres en amont de notre blog. Ils peuvent décider de mettre à la corbeille des commentaires qui leur paraissent inappropriés. Nous n’avons pas connaissance de leurs critères de sélection.

  2. Il va falloir que Montebourg se décide. Tous comme les écologistes dans ce nouveau gouvernement, il doit trouver sa place puis s’affirmer.

  3. Il va falloir que Montebourg se décide. Tous comme les écologistes dans ce nouveau gouvernement, il doit trouver sa place puis s’affirmer.

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