« Ascèse ou désir ? Votre question me fait bien rigoler. On l’a tranchée depuis belle lurette, nous les publicitaires. Oui, l’économie ne peut s’étendre que par le culte de l’envie. Le désir insatiable est son moteur. Nous ne pouvons nous développer qu’en société de surconsommation. Ce superflu est le nécessaire du système. Notre maître à tous, Jacques Séguéla n’est pas un peine-à-jouir qui en appelle à l’ascèse ! Pour mettre en appétit, pour donner envie, il fallait un grand lessivage de la conscience collective, pénétrer les têtes. C’est pourquoi les publicitaires, ces marchands de bonheur, s’efforcent d’infantiliser les foules. Alors bien sûr, on accuse la publicité de créer des besoins. Mais heureusement qu’elle les crée ! Stopper la tentation, c’est stopper l’économie. Pour poursuivre l’expansion, nous devons produire d’insatiables gloutons qui pleurnichent dès que l’essence vient à manquer dans les pompes. Vous voulez lutter sur notre terrain en revendiquant la libération du désir ? Haha, vous n’avez aucune chance !
Non, celui qui nous dérange vraiment, c’est celui qui maîtrise ses besoins, qui se contente de ce qu’il a, qui ose dire « ça me suffit ». Lui, c’est notre cauchemar. Il est là, satisfait, à lire des bouquins de philosophie antique et à se référer à d’obscures sagesses ancestrales qui appelaient à la sobriété, à l’autolimitation. Regardez-le, ce contemplatif, qui préfère cultiver son jardin, rire avec ses amis et faire l’amour sans passer par notre magasin de sex-toys… J’en connais même qui appelaient à détruire la publicité et qui osent raconter que les modèles de bonheur que nous offrons sur papier glacé, ce n’est que de l’illusion, du factice, de la pacotille. Que la vie est ailleurs que dans les travées du supermarché ! En dehors de la marchandise ! Et puis, quoi encore ? »
Nous ne savons pas si c’est de l’humour ou du second degré, mais les extraits ci-dessus sont issus d’un texte qui serait écrit par Anne O’neem, une psychosociologue qui travaillerait dans une multinationale de la communication. Tout ce qu’on sait de certain, c’est que ce point de vue parait dans la revue « La décroissance » n°125 (décembre 2015 – janvier 2016), un journal qui défrise pour la bonne cause…
Vous écrivez : « Nous ne savons pas si c’est de l’humour ou du second degré ». Ne vouliez-vous pas dire « Nous ne savons pas si c’est de l’humour ou du premier degré » ou bien « Nous ne savons pas si c’est du premier ou du second degré »?
L’humour, c’est le second degré.