L’analyse de Maurizio Ferraris* semble réaliste. Toute vérité est fondée sur des croyances partagées qui se retrouvent dans un document. Quand le document était rare, il faisait autorité. A une époque, la bible était le seul texte de référence, d’où une certaine homogénéité culturelle. La perception de la vérité a profondément changé à cause de la révolution numérique. A présent, avec la navigation sur le Web, nous sommes dans la bibliothèque de Babel, où l’on trouve toutes les vérités mais aussi tous les mensonges du monde. C’est la cacophonie de millions de personnes, le smartphone par exemple est non seulement un récepteur, mais aussi un émetteur de tweets. Chaque humain, qu’il soit n’importe qui ou président des États-Unis peut dire n’importe quoi sans être vraiment détrompé. Les catégories du vrai et du faux sont neutralisées par le nombre. La vérité est atomisée. Chacun peut se convaincre d’avoir raison. Jamais nous n’avons eu des opinions et croyances aussi discordantes. Les critères classiques de la vérité selon Maurizio Ferraris deviennent alors inopérants. Prenons le premier principe des Lumières selon Kant : apprends à penser par toi-même. Mais le contenu de notre cerveau est régi par notre expérience préalable. Dans un monde complexe et fluctuant, la pensée personnelle devient alors fluide et incertaine. Le deuxième principe selon Kant, c’est d’apprendre à penser en se mettant dans la tête des autres.
Mais si nous sommes beaucoup plus informés de la pensée d’autrui, nous sommes noyés dans un magma de contre-vérités et de post-vérités : à qui faire confiance ? La recherche de la vérité, c’est s’exposer à la critique, à la discussion, à la vérification. Nous nous imposons sur ce blog d’avoir des témoins. Les commentaires sont normalement là pour servir de vérification. En réalité, on obtient assez peu de témoignages constructifs, juste quelques passants plus ou moins fidèles qui s’empressent de parler d’autre chose que de l’article de départ et qui s’empoignent de façon plus ou moins véhémente. Mais cela valide indirectement le contenu de notre message puisqu’il n’est pas la plupart du temps contesté en tant que tel.
Ce blog se présente comme le point de vue des écologistes. Il prétend énoncer des rationalités et contribuer à une culture commune valable pour le XXIe siècle. Comme l’indique notre « à propos« , nous combattons la déformation de l’information dans une société dont l’idéologie dominante nous a fait oublier depuis deux siècles les limites de la planète et le sens des limites. Il y a des seuils à ne pas dépasser, qui sont à définir pour la plupart, mais qui servent de première référence à la pensée écologique : niveau de CO2 dans l’atmosphère, taux de renouvellement des ressources, maximum de captation des ressources fossiles, capacité de charge d’un territoire, etc. Le deuxième principe de réflexion, c’est de privilégier les conséquences à long terme sur la myopie du court terme. Là aussi, c’est un questionnement dont les réponses sont relatives : par exemple, faut-il faire des enfants, combien, dans quel contexte socio-économique. Le point de vue des écologistes ne laisse pas de place au sentimentalisme et au sens commun. Il s’appuie sur l’écologie scientifique, elle-même analyste des réalités biophysiques. Partager les richesses est une bonne idée, encore faut-il qu’il y ait quelque chose à partager. Dans le contexte d’une empreinte écologique qui a dépassé les possibilités de la planète, la culture commune devrait tourner autour de l’idée de sobriété partagée, c’est-à-dire tout le contraire de l’idéologie croissanciste. Sens des limites ainsi que comportement présent favorable aux générations futures et à la biodiversité pourraient devenir un socle commun de ce qu’on appelle « vérité ».
* LE MONDE idées du 30 décembre 2017, En 2018, avec le philosophe Maurizio Ferraris, vous arrêterez de croire n’importe quoi
Arrêter de croire n’importe quoi permet logiquement d’arrêter de dire (d’écrire) n’importe quoi, et mieux de faire n’importe quoi.
Depuis plus de 2000 ans nous savons qu’il y a une grande différence entre croire et savoir, chacun devrait connaître cette affirmation « je ne sais qu’une chose, c’est que je sais rien». Il n’empêche que celui qui l’a dit en savait tout de même un peu plus que ces malheureux prisonniers enchaînés dans leur caverne. Hélas de nos jours Socrate, Platon, Kant etc. ne font pas rêver, ils sont ringards, et en plus ils font mal à la tête. Justement à ce sujet, depuis quelque temps aussi nous savons pourquoi nous avons tendance à croire ce qui nous arrange, mais ça aussi fait partie des vérités qui dérangent. Bref, la philosophie n’est pas à l’ordre du jour, ni d’ailleurs des programmes scolaires. La réflexion quand à elle n’est qu’au service du Système, et l’esprit critique… où est-il ?
La recherche de la vérité est donc un travail laborieux. Mais « heureusement » maintenant il y a Internet. Facile, rapide, on pose sa question, abracadabra et voilà la réponse ! Parfois ou souvent ce sont « mille » réponses , qui deviennent alors autant de « vérités ». Sur le Net on trouve de tout et n’importe quoi ! Chacun y trouvera son « bonheur », « sa vérité », celle qui l’arrange parfaitement, celle qui lui fait du bien. (« parce que je le vaux bien ! ») Et la boucle est bouclée.
Partant de là comment pourrions-nous avoir de véritables échanges, par définition constructifs ? De véritables partages, visant justement à mettre en commun dans le but d’avancer. D’autant plus et pour couronner le tout, lorsqu’on ne sait pas où on va, ni où aller. Alors on part dans tous les sens, on passe du coq à l’âne, et on aime bien faire l’âne. En plus ça occupe, ça fait passer le temps, et parfois même ça défoule.
« Avec ce blog, vous arrêterez de croire n’importe quoi » … ou pas.
Arrêter de croire n’importe quoi permet logiquement d’arrêter de dire (d’écrire) n’importe quoi, et mieux de faire n’importe quoi.
Depuis plus de 2000 ans nous savons qu’il y a une grande différence entre croire et savoir, chacun devrait connaître cette affirmation « je ne sais qu’une chose, c’est que je sais rien». Il n’empêche que celui qui l’a dit en savait tout de même un peu plus que ces malheureux prisonniers enchaînés dans leur caverne. Hélas de nos jours Socrate, Platon, Kant etc. ne font pas rêver, ils sont ringards, et en plus ils font mal à la tête. Justement à ce sujet, depuis quelque temps aussi nous savons pourquoi nous avons tendance à croire ce qui nous arrange, mais ça aussi fait partie des vérités qui dérangent. Bref, la philosophie n’est pas à l’ordre du jour, ni d’ailleurs des programmes scolaires. La réflexion quand à elle n’est qu’au service du Système, et l’esprit critique… où est-il ?
La recherche de la vérité est donc un travail laborieux. Mais « heureusement » maintenant il y a Internet. Facile, rapide, on pose sa question, abracadabra et voilà la réponse ! Parfois ou souvent ce sont « mille » réponses , qui deviennent alors autant de « vérités ». Sur le Net on trouve de tout et n’importe quoi ! Chacun y trouvera son « bonheur », « sa vérité », celle qui l’arrange parfaitement, celle qui lui fait du bien. (« parce que je le vaux bien ! ») Et la boucle est bouclée.
Partant de là comment pourrions-nous avoir de véritables échanges, par définition constructifs ? De véritables partages, visant justement à mettre en commun dans le but d’avancer. D’autant plus et pour couronner le tout, lorsqu’on ne sait pas où on va, ni où aller. Alors on part dans tous les sens, on passe du coq à l’âne, et on aime bien faire l’âne. En plus ça occupe, ça fait passer le temps, et parfois même ça défoule.
« Avec ce blog, vous arrêterez de croire n’importe quoi » … ou pas.