Rien, en somme, n’est plus haut que la raison humaine. Et rien n’est plus lugubre que l’usage que nous en faisons. Ce blog ne recule jamais face aux assauts de la bêtise, et argumente, argumente encore, démontant sans relâche les sophismes des superstitieux, des idéologues, de tous ceux qui placent leur classe, leur nation, leur race, leur genre au centre du monde et ne veulent rien connaître de sa réalité incertaine, où il n’y a ni centre ni place prévue pour nous. Nous répétons et répétons : « Ce n’est que grâce à un renouveau de l’incertitude libérale et de la tolérance que notre monde pourra survivre. » Il ne faut jamais désespérer des individus, sinon du genre humain, nous croyons fermement qu’un raisonnement honnête et juste pourrait un jour convaincre jusqu’aux plus fanatiques.
Nous aurions aimé écrire ces phrases, mais ce ne sont que morceaux choisis d’une recension trouvée sur LE MONDE concernant Bertrand Russell :
Florent Georgescu : Bertrand Arthur William Russell, 3e comte Russell, né le 18 mai 1872,s’était amusé à écrire une nécrologie sur lui-même en 1937. Il s’imaginait mourir à 90 ans – il en aura en réalité 97 à sa disparition, en 1970. Depuis la fin du XIXe siècle, il participe aux débats de son temps et a fait preuve d’une lucidité sans faille et constante. Il paraît plus fier de sa contribution sur l’injustice, l’oppression, le vertige totalitaire…. que de son génie théorique. Il est donc réjouissant de retrouver cette veine grâce à la traduction de ses Essais impopulaires (Unpopular Essays), un important recueil de textes politiques ou personnels resté inaccessibles au public francophone depuis sa parution en 1950.
C’est un prodige d’intelligence, d’humour, de courage intellectuel, d’opiniâtreté à défendre une société ouverte – « libérale », au sens politique –, fondée sur le doute et l’examen rationnel, face à la « poussée du dogmatisme de droite comme de gauche ». Que Russell examine les relations de la philosophie et de la politique, le rôle des professeurs, les « idées qui ont aidé l’humanité » et celles « qui ont nui à l’humanité », ou, tout bonnement, l’« avenir » de cette dernière, il revient toujours au même constat : les progrès de la science depuis le début de l’âge moderne, extraordinaire conquête de la raison par elle-même, n’ont pas empêché l’humanité de s’enfoncer dans des croyances absurdes et une « haine systématique », dont le XXe siècle a donné les exemples les plus barbares.
Russell croyait qu’un raisonnement honnête et juste pouvait convaincre jusqu’aux plus fanatiques. Ce ne sera pas le cas, bien sûr, ce n’est jamais le cas, mais qu’importe ? Penser avec exactitude dans un monde de mensonge revient à porter témoignage, pour qu’au moins un recours existe quelque part. C’est la tâche que s’était donnée Bertrand Russell.
extrait : « L’homme est un animal rationnel, c’est du moins ce qu’on m’a dit. Tout au long d’une longue vie, j’ai cherché assidûment une preuve qui corrobore cette affirmation, mais au contraire, j’ai vu en permanence le monde sombrer continuellement dans la folie. J’ai vu de grandes nations, autrefois championnes de la civilisation, égarées par des prédicateurs d’inepties ampoulées. J’ai vu la cruauté, la persécution et la superstition progresser à pas de géant jusqu’à ce qu’elles atteignent presque le stade où l’on estime que l’éloge de la rationalité caractérise un homme en tant que vieux schnock, survivant, hélas ! d’une époque surannée. Tout cela est déprimant, mais la morosité est une émotion inutile. »
« Un aperçu des fadaises intellectuelles », Essais impopulaires, page 85
textes antérieurs sur notre blog biosphere
Bertrand Russell en 1944 dans « The Impact of Science on Society » : « Je ne prétends pas que le contrôle des naissances soit le seul moyen d’empêcher la population d’augmenter. Il y en a d’autres… Si une peste noire pouvait se répandre dans le monde une fois par génération, les survivants pourraient procréer librement sans que le monde soit trop plein… La situation pourrait être quelque peu désagréable, mais qu’en est-il ? Les personnes qui ont un esprit vraiment élevé sont indifférentes à la souffrance, en particulier à celle des autres. »
Yves Cochet : « J’espère de tout mon cœur me tromper, mais mon scénario d’effondrement est le plus rationnel et le plus probable qui soit. Il ne faut pas raisonner par induction : ça n’est jamais arrivé, donc ça n’arrivera jamais. Les raisonnements par induction ne valent rien en histoire. Vous connaissez la dinde de Russel ? Bertrand Russell, grand philosophe, grand logicien, raconte qu’un 1er janvier naît une dinde. Elle batifole dans les champs, elle mange des graines. Même chose le 2 janvier, et le 3, et au mois de février, et au mois de mars. La dinde trouve cela formidable, évidemment : elle pense que demain sera toujours comme aujourd’hui (c’est l’induction). Et, le 24 décembre, elle meurt, assassinée. Elle n’avait pas prévu le coup. Voilà, nous sommes tous des dindons parce que nous ne pouvons ni ne voulons imaginer notre propre fin. »
Des commentaires se posent la question de savoir ce que Bertrand Russell veut dire : « Les personnes qui ont un esprit vraiment élevé sont indifférentes à la souffrance, en particulier à celle des autres. »
Il faut se rendre compte que cet extrait provient d’un site conspirationniste qui relaie très régulièrement des contenus complotistes. Notre article de référence est clair :
» Vulgate complotiste contre les malthusiens »
En d’autre termes, vu la source on ne peut pas savoir ce que Russell a réellement dit ou pensé.
– « L’objet de la philosophie c’est de partir d’une chose si simple que ça ne vaut pas la peine d’en parler et d’arriver à une chose si compliquée que personne n’y comprend plus rien. » (Bertrand Russell *)
Exactement comme ici, où j’ai de plus en plus de mal à comprendre.
Pour aider à comprendre, la première des choses est déjà de citer les sources.
Le fameux site conspirationniste (?) serait-il alors… Biosphère ?
Dans l’article “Vulgate complotiste contre les malthusiens” (10 mars 2023) je retrouve en effet la fameuse phrase, que personne ne comprend. Et qui n’a d’ailleurs interpellé personne lors de ce premier jet, mais bon il n’y avait pas que Russel au menu.
Quoiqu’il en soit, mystère et boule gomme sur l’origine de cette citation et encore moins sur son explication. Alors si c’est pour en rester là, je ne comprends pas du tout le but du jeu.
(à suivre)
modération à Michel C.
vous écrivez : « Le fameux site conspirationniste (?) serait-il alors… Biosphère ? »
Michel C., ne faites pas semblant de confondre les sources pour nous accuser.
Notre article faisait explicitement référence au site conspirationniste
Source : https://reseauinternational.net/le-programme-de-controle-de-la-population
(suite) Mais comme j’ai toujours envie de comprendre… j’ai cherché.
Et je me dis que Bertrand Russell n’est peut-être pas aussi facile à comprendre qu’on nous le présente. Du moins dans son intégralité.
Cette phrase en question m’a de suite fait penser à Nietzsche, penseur super facile à comprendre comme ON sait. 😉
* CITATIONS DE BERTRAND RUSSELL (babelio.com )
Je ne les ai pas toutes lues (368 !) Toutefois je pense que Cri (7 avril 2018 – p 6) peut nous aider. Et pour lever toute ambiguïté, celle-ci (Cri p. 3) :
– « Je n’aime pas Nietzsche parce qu’il se plaît dans la contemplation de la souffrance, parce qu’il érige la vanité en devoir, parce que les hommes qu’il admire le plus sont des conquérants, dont la gloire est faite de l’habileté avec laquelle ils font mourir les hommes ».
(suite) Je pense que Biosphère voulait plutôt nous faire réfléchir sur cette phrase :
– « Russell croyait qu’un raisonnement honnête et juste pouvait convaincre jusqu’aux plus fanatiques. »
Moi je ne le crois pas, et même pas du tout ! Déjà parce que pour moi une conviction est une affaire strictement personnelle (le résultat d’un long et laborieux travail), mais ce n’est pas tout.
X fois sur ce blog j’ai parlé du dogmatisme, de la mauvaise foi, de la folie etc. Et parlé du déni de réalité (homéostasie), j’ai même dit que d’un percheron ON ne fera jamais un cheval de course. Tout ça fait partie de la Réalité. Il y a des gens avec qui il est iMPOSSIBLE de discuter (débattre) !
Des gens iMPOSSIBLE à raisonner. C’est peut-être triste mais c’est comme ça !
– « Tout cela est déprimant, mais la morosité est une émotion inutile. » (B-Russel)
Celle là par contre je la comprends parfaitement. Et je lui donne entièrement raison. 🙂
Je ne comprends pas bien cette phrase de Bertrand Russel :
«Les personnes qui ont un esprit vraiment élevé sont indifférentes à la souffrance, en particulier à celle des autres. » »
Cela me semble probablement vrai… pour tout le monde
Par ailleurs je crois qu’Yves Cochet a raison.
«Les personnes qui ont un esprit vraiment élevé sont indifférentes à la souffrance, en particulier à celle des autres. »
C’est tout simplement l’instinct de survie ! Si un malheur doit arriver, mieux vaut que ça arrive aux autres qu’à soi ! Si une météorite devait tomber sur la tête d’un individu, chacun préfère qu’elle tombe sur la tête de son voisin qu’à la sienne ! Tout le monde le pense ! La seule exception à la règle qui puisse exister, étant sa progéniture, beaucoup préfèrerait mourir à la place leur progéniture. Car il est naturel que les individus perçoivent leur progéniture comme leur descendance soit leur extension de leur propre vie !
Comme j’ai déjà donné la définition du BIEN : Même s’il arrive qu’un homme puisse être parfois altruiste, malgré tout chacun agit pour son bien avant tout ! Alors oui, l’espèce humaine a tendance a être indifférence à la souffrance des autres…
Certes, je suis d’accord avec vous, mais ce que je ne comprenais pas bien c’était l’association avec « les personnes qui ont un esprit vraiment élevé » car, encore une fois, la suite me semble vraie pour tout le monde et ce que vous décrivez me semble bien s’appliquer à tous ou presque, pas besoin d’avoir un esprit élevé. C’était là pour moi qu’était l’étrangeté de cette phrase.
Si ça peut vous rassurer, moi non plus je ne comprends pas cette phrase de Bertrand Russel. Si être indifférent à la souffrance des autres est le propre des esprits au dessus du lot… eh bien je préfère encore rester simple d’esprit.
Mais bon, si quelqu’un pouvait m’expliquer, sérieusement… bien argumenté et tout et tout… moi je ne demande qu’à comprendre. Pour progresser quoi. 😉 (à suivre)