bilan des journées d’été EELV : rien à signaler

Que retenir des Journées d’été d’EELV telles que présentées par les médias : « Désaccords et noms d’oiseau », « Ségolène Royal en ouverture », « Eva Joly lance son club », « Mobilisation en faveur des Pussy Riot », etc. Donc il ne s’est rien passé pendant trois jours ! Faut dire que les socialistes ont imposé la muselière aux deux ministres écolos alors que Pascal Durand affime son indépendance à la tête d’EELV.

Les deux ministres Duflot/Canfin pondent une tribune* nian-nian. D’abord un constat consensuel (« Plus le consensus scientifique se confirme sur la gravité de la situation écologique, moins la communauté internationale paraît prête à agir »), ensuite un vrai câlin au président (« La proposition de François Hollande de taxe carbone aux frontières de l’Europe est essentielle ») et au gouvernement «( Il fait le choix de l’avenir sans se laisser aller aux facilités »), un ralliement éhonté aux thèses croissancistes (« le soutien à la croissance est revenu à l’ordre du jour ») et au greenwashing (« investir dans des machines et des technologies propres »), un abandon des thèmes porteurs (utilisation du terme « réindustrialisation sélective » plutôt que « décroissance sélective »), enfin une schizophrénie visible (« Il faut oser le dire : oui, les prix de l’énergie vont continuer à augmenter » mais aussi « il faut un blocage du prix des carburants »). En résumé, il faudrait pour ce duo de minstres rendre l’écologie « attractive ». En d’autres termes la participation au gouvernement a transformé les écolos en socio-démocrates.

Heureusement dans Libé**, le successeur de Cécile Duflot à la tête d’Europe Ecologie-les Verts, Pascal Durand, était bien plus incisif : « L’écologie ne peut s’inscrire dans les vieux moules de la gauche… La gauche actuelle, c’est d’abord la conquête de la nature par l’être humain… Nous devons sortir de la logique marxiste de l’homme dominant la nature… Les décroissants chez nous rejettent le modèle dominant… M. Montebourg appartient au vieux monde et ne sauvera pas l’industrie automobile avec des milliards, aujourd’hui il faut imaginer une société post-pétrole… Si demain l’air, l’eau, la terre, le ciel et le vivant sont privatisés, notre civilisation sera derrière nous… Si, dans l’imaginaire collectif, la réussite reste la Rolex et la grosse bagnole, on va dans le mur… Tant que le PS cherchera une croissance qui n’existe plus, on n’y arrivera pas… La réussite ne consiste pas à avoir toujours plus, mais à avoir autrement… Je suis stupéfait quand Jean-Marc Ayrault voit des industriels sans la ministre de l’Ecologie… Si Jaurès était vivant, il serait écologiste… La nouvelle fraternité du XXIe siècle n’est plus réservée à la pensée humaine et aux seuls êtres humains, il faut y inclure le vivant et même, pourquoi pas, le minéral… »

En conclusion, il paraît clair que les socialistes sont arrivés au pouvoir sans aucune sensibilité écolo, le licenciement brutal de la ministre à l’écologie (pourtant socialiste) Nicole Brick en était le signe clair. Ce n’est pas d’être au gouvernement qui tue l’idée écologiste, c’est d’appartenir à un parti socialiste encore productiviste… Nous n’avons pas encore de Jaurès de l’écologie !

* LE MONDE du 25 août 2012, L’écologie, plus que jamais une solution (Cécile Duflot et Pascal Canfin)

** http://www.liberation.fr/politiques/2012/08/12/si-jaures-etait-vivant-il-serait-ecologiste_839411