Le biomimétisme – s’inspirer du vivant pour mettre au point des systèmes productifs et technologiques performants – est annoncé comme l’avenir, mais celui-ci n’arrive que trop lentement à en croire le monde industriel et ses représentants. Idriss Aberkane, professeur à l’Ecole centrale, avait en 2016 rappelé les trois phases qui caractérisent selon lui toute révolution : « Comme pour le droit de vote des femmes ou la fin de l’esclavage, on dit “c’est ridicule”, puis “c’est dangereux” et enfin “c’est évident”. » Et d’asséner le credo du biomimétisme : « La nature est un laboratoire de recherches vieux de 4 millions d’années, une bibliothèque fabuleuse qu’il faut arrêter de détruire. »* Deux masters ouvriront en 2020, s’inspirant de l’ingéniosité du vivant avec le fabuleux prétexte de mieux le préserver en retour. « On va enfin en finir avec cet enseignement en silo, qui isole les biologistes des physiciens, des chimistes et des mathématiciens », se réjouit Laurent Billon, coresponsable du futur master en matériaux bio-inspirés de Pau.**
Mais quel est l’intérêt véritable de s’inspirer des marteaux de la petite crevette-mante qui percent les blindages de coquillages pour réaliser des torpilles, ou la mise au point par des chercheurs du Boston Dynamics (financé par la défense) de robots amphibies équipés d’armes. Pour trois drones télécommandés, deux robots quadrupèdes armés de caméras et une poignée de catamaran qui marchent sur l’eau, combien d’insectes, combien de passereaux etc. etc. disparaissent simultanément par dizaines de milliers d’espèces ? Il y a beaucoup de fantasmes autour de l’imitation des insectes. Le concept de « robot bees »
[robot abeille]
permettrait une pollinisation des fleurs mais parallèlement, rien n’est entrepris pour enrayer le déclin des insectes pollinisateurs. Le velcro issu de la bardane, les ailes d’avion inspirées des cigognes, les maillots de bain peau de requin… tout cela a fonctionné mais les bénéfices pour la biodiversité sont infinitésimalement ténus. On dépense des sommes folles pour savoir s’il peut y avoir de la vie sur Mars alors qu’on a encore une connaissance très fragmentaire du monde vivant planétaire ! Avec un biomimétisme qui renforce la technoscience et son emprise destructrice sur le monde vivant, nous sommes loin des « principes des écosystèmes pour guider notre bioéconomie » selon Gauthier Chapelle, spécialiste du biomimétisme : « Le temps du vivant couvre 3,8 milliards d’années sans surexploitation de la planète. Pourquoi ce miracle de durabilité ? Parce que tous les organismes vivants jusqu’à présent…
– s’appuient sur la coopération et la diversité ;
– utilisent les déchets comme matériaux ;
– s’approvisionnent localement ;
– ne surexploitent pas leurs ressources ;
– récoltent en permanence des informations et s’y ajustent ;
– optimisent plutôt que maximisent ;
– utilisent l’énergie solaire (à 90 %) avec efficacité ;
– s’interdisent les toxiques persistants ;
– rebondissent après les chocs. »
Les humains pratiquent l’inverse de ces lois favorisant l’équilibre naturel. Le système industriel repose sur compétition et concurrence, prédation du sol, du sous-sol et des mers, libre-échange mondialisé, surexploitation des ressources renouvelables ou non, ajustement inexistant à leurs connaissances (pensez au refus de la carte carbone par exemple), maximisation du toujours plus, utilisation forcenée des énergies fossiles non renouvelables, usage généralisé de toxiques persistants… Biomimétisme ou non, nous aurons donc de fortes chance d’avoir beaucoup de difficultés à rebondir après le prochain choc pétrolier et/ou un effondrement financier,.
* LE MONDE du 5 juillet 2016, Le biomimétisme, ou comment s’inspirer de la nature plutôt que la détruire
** LE MONDE du 13 novembre 2019, Le biomimétisme se déploie dans l’enseignement supérieur
On engraisse toujours plus les grosses fortunes et on nous dit que les caisses sont vides.
On rêve d’une Science Toute Puissante, de voyages interstellaires, d’immortalité, et on laisse des milliards d’êtres humains vivre comme des rats.
« On dépense des sommes folles pour savoir s’il peut y avoir de la vie sur Mars » … et sur Terre on s’active à la 6ème extinction massive. On s’indigne de la mort d’un petit panda ou d’une grosse baleine et on prend l’avion pour aller s’extasier et déconner à l’autre bout de la planète. On parle aux arbres, et on ne parle même pas aux voisins. On cherche la vérité et la sagesse dans la nature, et on ne supporte pas l’odeur d’un prout.
On vit et on fait dans le grand n’importe quoi … et on parle d’écologie.
Surtout Michel, continuez vos commentaires ! Quel cynisme mais quel humour ! J’adore ! J’ai repris les articles de Biosphère rien que pour vous lire !!!! (En général, je me limitais à l’article) …
Mais qui êtes-vous donc ? Que faites-vous ? Quel parcours pour arriver à un tel degré de lucidité ?
Bien à vous
Merci beaucoup Dumaret.
– Qui suis-je ? Certains sur ce blog vous diront que je suis un misérable bisounounours gôôôchiste mondialiste et patati et patata. Mais en fait, je suis juste une sorte d’anarcho-rien-du-toutiste , et j’sais même pas si ça existe.
– Que fais-je ? Pas grand chose , parce que je trouve que faire c’est trop fatiguant. Je me limite donc à faire le con , juste pour me marrer , en attendant.
En attendant la Big Grosse Cata.
Oui en attendant la Big Grosse Cata ….. » Nous jouons la carte vérité… L’humanité en mourra peut être. Et bien soit ! » Nietzsche je crois … 🙂 🙁