Bruxelles reste sous l’influence des croissancistes

Juncker et Timmermans préfèrent relancer l’emploi par la croissance et l’investissement. Ils abandonnent deux textes clés sur la qualité de l’air et l’économie circulaire. L’écologie est devenue le parent pauvre du programme de travail pour 2015 de la Commission européenne*.  Priorité à la libre entreprise de continuer à polluer et de se désintéresser du recyclage de leur merde. L’augmentation des décès prématurés et la raréfaction des ressources naturelles sont tenus pour quantités négligeables, place à l’économie pure et dure. Le patronat européen avait fait un intense lobbying auprès de Bruxelles pour demander l’abandon du paquet air et la réécriture du projet de directive sur l’économie circulaire d’un « point de vue économique et non purement environnemental ». Dans le même temps, Bruxelles a décidé de favoriser la pêche alors que 40 % des stocks de poissons sont surexploités**. « La Commission nous promet de nouveaux textes plus ambitieux, mais pourquoi abandonner le travail sur ceux qui sont sur la table ? », a interpellé Philippe Lamberts, coleader du groupe Verts au Parlement.

Lisez Cradle to cradle qui nous indique que la seule solution durable pour l’économie et l’emploi est le recylcage intégral. Les auteurs espèrent qu’un jour ce livre, comme tout ce que l’humain peut produire, pourra littéralement être mangé ou tout au moins digéré sous forme d’humus, éliminant ainsi jusqu’à la notion même de déchets. C2C, Cradle to cradle, « du-berceau-au-berceau » est le cycle vertueux qui s’oppose au fonctionnement « Cradle to Grave », du-berceau-au-tombeau : collecte de matières dans l’environnement, transformation, fin programmée sous forme de déchets jetés ou brûlés et donc perdus à jamais pour l’activité humaine.

Une industrie doit pouvoir (sur)vivre de ses déchets et les pêcheurs ne peuvent continuer à pêcher que si les stocks de poisson se reconstituent naturellement. Cela semble une évidence incontournable. Pourtant l’existence de la biosphère est ignorée tant par les entreprises que par Bruxelles ! En dernier ressort une chose est sûre, la nature ne négocie pas. Quand les humains dépassent les limites, les forces de la nature nous amènent assurément des catastrophes à un moment ou un autre.

* LE MONDE du 18 décembre 2014, Bruxelles recule sur l’environnement

** LE MONDE du 18 décembre 2014, Modeste diminution des quotas de pêche européens

 

1 réflexion sur “Bruxelles reste sous l’influence des croissancistes”

  1. Il serait bien improbable que l’Union Européenne qui regroupe des états dont tous les gouvernements sont croissancistes puisse avoir une majorité de dirigeants et de représentants en faveur de la décroissance. L’idée de la décroissance économique et plus encore démographique reste marginale chez les gens et ultra marginale chez les dirigeants. Etre décroissants et antinatalistes, c’est se condamner à l’échec électoral.
    En ce qui concerne le cradle to cradle, j’aimerais y croire, je ne sais pas si c’est possible pour une civilisation, seuls les animaux m’en semblent vraiment capables. Dés lors que les artefacts sont multipliés, leur recyclage généralisé et la production d’énergie nécessaires à leur fabrication, leur distribution et même justement leur recyclage me parait bien difficile. C’est néanmoins la direction dans laquelle il faut aller, c’est une nécessité, au même titre que la décroissance qui n’est pas un choix, l’alternative réside simplement dans son caractère choisi ou subi.

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