Camille Étienne et la question démographique

Le livre de Camille Étienne veut dépasser notre inertie collective : « L’impuissance n’est qu’une obéissance. » Constat louable, d’autant plus que Camille a obtenu pour parler de « soulèvements » la faveur des médias. Regardons de plus près son sous-chapitre, « L’illusion démographique ».

1) Cela commence bien :

« La mouvance dite « no kids » embrasse cette fastidieuse déconstruction du patriarcat qui avait la main-mise sur le corps des femmes. Et c’est tant mieux. D’autres renoncent à fonder une famille par conscience écologique. Ils sont de plus en plus nombreux à l’assumer : pourquoi entraîner quelqu’un qui n’a rien demandé dans un monde qui me terrifie ? »

2) Une page plus loin le discours change fondamentalement, l’antithèse l’emporte :

« … Mais sans vouloir pousser quiconque à faire des enfants, cette culpabilité pré-parentale de certains militants témoigne d’une approche du problème écologique qui est peut-être dangereuse. Une approche comptable. Elle traite du nombre d’enfants par femme comme du problème majeur de la catastrophe écologique. Ce qui est faux. Il s’agit d’habitudes de consommation et de production à changer, d’un rapport au monde, et non d’un être au monde. Ce discours « no kids » est souvent utilisé par les fervents défenseurs de la surpopulation. Si le système Terre sature, c’est que nous serions trop nombreux. Il existe pourtant assez de ressources agricoles pour nourrir l’humanité en agroécologie. Là où le bât blesse, c’est dans la répartition de ses ressources. Ce discours nataliste [?] est parfois empreint de colonialisme : on pointe du doigt les pays où le nombre d’enfants par femme est le plus élevé (Inde, Togo, etc.) sans préciser que ce sont aussi les pays à la plus faible responsabilité historique en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Sans préciser non plus que ce sont ceux qui exercent la plus faible pression sur les écosystèmes…. »

3) Camille ne fait là qu’exprimer les éléments de langage d’une certaine gauche qui n’a pas lu Malthus. Mais en bonne élève dotée d’un master en économie à Sciences Po Paris, elle fait une synthèse… qui fait qu’on ne sait plus où elle va :

« Il s’agit d’opter pour les moyens les plus efficaces de réduire nos émissions. Faire des enfants, dans nos sociétés industrialisés, étant le geste le plus émetteur, c’est aussi le premier que nous devrions sacrifier. Mais si l’on continue à tirer le fil de cette pensée, alors le plus grand impact que nous pourrions avoir n’est autre que notre propre mort. Vivre à un impact sur le monde. Il me semblerait plus judicieux de nous préoccuper de quels enfants nous allons laisser au monde. De nous affairer à en faire une génération qui sait rompre avec la sinistre logique d’autodestruction qui est la nôtre. Je trouve fascinant de constater le nombre de gens qui ont décidé de se soulever en devenant parents. »

Camille Étienne fonctionne par approximations et méconnaissance totale de l’analyse malthusienne. Elle en oublie la thématique écologique essentielle qui dit que tout n’est qu’interdépendance, qu’on ne peut opposer le nombre de conducteurs et le nombre de voitures, la société de consommation et la foule de ceux qui veulent consommer davantage, les radicaux « no kids » et les enfants qu’on ne sait plus comment éduquer...

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Camille Etienne pour un soulèvement écologique

extraits : La très militante Camille Etienne publie son premier livre le 19 mai 2023, « Pour un soulèvement écologique. Dépasser notre impuissance collective ». C’est actuellement la chouchou des médias, mais des gens très méchants lui cherchent des poux chaque fois qu’elle ouvre la bouche….

S’engager avec les écologistes malthusiens

https://www.demographie-responsable.fr/

21 réflexions sur “Camille Étienne et la question démographique”

  1. Il y a un peu plus d’un an, Paco… un gentil écologiste face aux méchants Shadoks… écrivait :
    – « Il m’a suffi de lire les commentaires condescendants ou méprisants pour trouver que cette personne doit être intéressante : déclencher tant de boue venant de tant de sachants savants doit signifier qu’elle parle juste. »
    ( “Camille Etienne pour un soulèvement écologique” Biosphère 19 mai 2023 )

    C’est vrai qu’elle est intéressante cette Camille. La Preuve, le nombre de commentaires que cet article déclenche. Pour dire, même notre plus grand sachant savant en la matière juge ses propos intéressants. ( 3 AOÛT 2024 À 10:56 🙂 )

    1. Didier BARTHES

      Cette personne se glorifie des critiques qui lui sont faites, au lieu de les écouter, elle les prend comme des médailles : il faut le faire.
      Ce qu’elle dit sur la démographie est tout simplement inconséquent et souligne son incompréhension complète des lois de l’écologie, mais il y a longtemps que l’on sait que l’écologie est bien mal traitée et souvent par ceux qui s’en réclament.

      1. En admettant qu’elle s’en glorifie (ça c’est seulement vous qui le dites)… je suis tout à fait d’accord avec vous : il faut le faire ! Seulement ce que vous dites là vaut bien plus que pour cette seule intéressante personne. Par exemple ça vaut exactement pareil pour vous, comme pour moi. Sauf que moi j’en ai rien à foot des meRdailles !
        Vu que nous sommes d’accord… mieux vaut donc en rester là. 🙂

  2. anne-marie T.

    Merci Biosphere pour cette recherche et cette analyse tout à fait juste. Cette Camille ne semble pas prendre conscience de l’image d’équilibriste qu’elle donne : tenir les 3 bouts contradictoires d’un raisonnement en respectant les préceptes des écolos officiels en défaveur de Malthus, le néo- féminisme en faveur des no-kids à cause du patriarcat et la réalité des ravages de la surpopulation dont elle a conscience. Du coup, elle parle pour ne rien dire… et conclut avec à la fameuse proposition « enmêmetempstiste » : des enfants oui, mais des enfants écolos !
    J’espère qu’on les reconnaît à l’échographie dès 3 mois!

    1. Parti d’en rire

      Parler pour ne rien dire n’est pas pire que parler à un sourd.
      La question démographique n’enfante que des dialogues de sourds.

    2. « J’espère qu’on les reconnaît à l’échographie dès 3 mois » :
      ah je la retiens celle-là, merci, elle est excellente,
      je vais la réutiliser

  3. Didier BARTHES

    Ces propos de Mme Etienne sont intéressants en ce qu’ils reflètent en quelques mots la conformité la plus parfaite à la pensée convenue et la méconnaissance absolue des règles de l’écologie qui mettent les effectifs au cœur des équilibres de la biosphère.
    Nous sommes à peu près 1000 fois plus nombreux que ce que permet la nature pour un prédateur de notre taille (quelques milliards au lieu de quelques millions).
    Aujourd’hui les mammifères sauvages ne représentent plus que 4 % de la masse des mammifères présents sur la Terre Ce n’est plus une baisse, c’est une quasi élimination et cette élimination a une seule cause : notre omniprésence du fait de notre nombre.
    Hélas Mme Etienne ne veut pas l’entendre comme d’ailleurs beaucoup de personnes se réclamant pourtant de l’écologie et préfèrent un discours lénifiant qui lui donnera l’image qu’elle souhaite avoir. La nature passera après.

  4. Encore une démonstration de la dangerosité de cette pseudo-science qu’est l’économie.

      1. Non, non : ECONOMIE. C. Etienne est bien titulaire d’une master d’économie, cette bouse pseudo scientifique.

        1. Rire pour réfléchir, quitte à provoquer

          Bouse ? Comme ces pseudo scientifiques qui ânonnent «capacité de charge ; I=PAT et patati et patata» ? Je préfère encore pomme. Qu’elle pomme celui-là ! Ou celle là.
          En plus c’est pas méchant une pomme. C’est comme une poire, bonne poire.
          Mais pas aussi gentil qu’une bouse.
          Une gentille bouse, de vache ou d’autre chose peu importe, essaie de discuter avec une pomme qui se balance fièrement au gré du vent sur sa branche :
          – « Bonjour petite pomme, comme tu es jolie, comment tu t’appelles ? »
          La pomme fait la sourde oreille, snobe l’étron vulgaire qui ose lui adresser la parole.
          Du haut de sa hauteur elle lâche juste un «PFFF !» méprisant.
          Le temps passe, un berger aussi, qui con tourne la bouse. En voyant la pomme fière comme un poux il rigole. Vite il l’attrape, la frotte contre son gilet, ajuste son dentier et n’en fait qu’une bouchée.
          « Au revoir petite pomme… à bientôt ! » lui dit la gentille bouse.

  5. la démographie aux USA : caractéristiques natalistes de J. D. Vance, le candidat choisi par Donald Trump au poste de vice-président.
    Le sénateur de l’Ohio était surtout attaqué par les démocrates pour ses positions radicales sur l’avortement, qu’il s’agisse du refus d’exception dans des cas extrêmes tels que le viol ou l’inceste, ou bien de l’opposition à ce qu’une femme de son Etat puisse se rendre dans un autre Etat plus soucieux de ses droits pour interrompre une grossesse. Les électeurs américains ont découvert que cette position s’inscrivait dans une vision de la société qui oppose les citoyens selon qu’ils ont, ou pas, des enfants. (à suivre)

    1. (suite et fin) En 2021, Vance avait raillé des personnalités démocrates, dont la vice-présidente Kamala Harris, en utilisant un cliché misogyne, les « femmes à chats malheureuses » qui « veulent donc rendre le reste du pays malheureux lui aussi » en n’ayant pas d’« intérêt direct » au bien du pays, faute d’héritiers. La déclaration de J. D. Vance ne relevait pas de la bourde. A une autre occasion, il a assuré que « les personnes les plus dérangées et les plus psychotiques sont toujours celles qui n’ont pas d’enfants à la maison ». Il a plaidé pour une imposition plus élevée pour les personnes sans enfant.
      Invité à revenir sur ses paroles, J. D. Vance a plaidé l’humour en ajoutant qu’il n’avait rien contre les chats, ou les chiens.

      1. Parti d’en rire

        Ce Vance est un drôle de petit malin, il dit n’avoir rien contre les chats et les chiens, mais laisse tout supposer au sujet des chattes et des chiennes.

  6. gilles lacan

    Ce qu’écrit madame Etienne est marqué par la psychologie et la morale. Est-il bien ou non de faire des enfants ? Chacun peut évidemment se poser pour lui-même cette question, c’est très légitime. Et y apporter la réponse qui lui semble la meilleure.
    Mais l’écologie et la démographie sont fondées sur une autre approche. Constater que 8 milliards d’individus est nuisible à l’équilibre des écosystèmes ne conduit pas à dire que 8 millions le serait, ou qu’il y a actuellement une surpopulation d’éléphants ou de requins sur la planète.
    Enfin la réponse « faire des enfants écologistes » est d’une grande indigence.

    1. Didier BARTHES

      Oui, cette idée de faire des enfants écologistes est ridicule, comme si cela dépendait de la génétique (bonjour Lyssenko) ou comme si l’on maîtrisait parfaitement l’avenir de nos enfants. Tout cela est ridicule, il est mille fois plus sage de revenir à des effectifs raisonnables car écolos ou pas les enfants prendront de l’espace.

      1. N'importe quoi !

        C’est vrai que c’est ridicule. Vu que les chien(ne)s ne font pas des chat(te)s, et même que c’est la génétique qui veut ça… moi je dis que plutôt que faire des enfants écologistes… il est bien plus raisonnable de faire des enfants no-kids.

  7. Esprit critique

    – « Camille Etienne […] est actuellement la chouchou des médias, mais des gens très méchants lui cherchent des poux chaque fois qu’elle ouvre la bouche. » (Biosphère 19 mai 2023)

    Comme aujourd’hui au sujet de ce qu’elle a osé écrire sur « L’illusion démographique ».
    Comment !!?? Oser parler d’une illusion… alors qu’il s’agit de la pire réalité que la Terre ait portée depuis qu’elle existe… oh non ça c’est trop ! Et puis faut voir tout ce qu’elle balance sur «les fervents défenseurs de la surpopulation» … ça c’est la goutte qui fait déborder le Vase.
    Et puis ON voit bien qu’elle ne fait là que réciter les éléments de langage d’une certaine gauche qui n’a pas lu Malthus (sic) .
    ( à suivre)

    1. Parti d’en rire

      – « Mais en bonne élève dotée d’un master en économie à Sciences Po Paris, elle fait une synthèse… qui fait qu’on ne sait plus où elle va : » (Biosphère 03 août 2024)

      Thèse, antithèse, synthèse : Explique-moi Papa, c’est quand qu’ON va où ?
      Un an pour voir que Camille n’est finalement qu’une grosse vilaine ! Et que c’est pas des poux sur la tête qu’il faut lui chercher, mais des morpions dans la culotte.
      Marrant encore de voir comme tout et n’importe quoi est lié :
      – « Le nombre de conducteurs et le nombre de voitures, la société de consommation et la foule de ceux qui veulent consommer davantage, les radicaux « no kids » et les enfants qu’on ne sait plus comment éduquer… »
      Sans oublier les poux et les morpions ! (30 JUILLET 2024 À 19:24 “Gaïa simple machine ?”)

      Moralité : Pour quitter le camp des gentils écologistes et rejoindre celui des méchants Shadoks (sic)… vieux motard que jamais !

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