Les coups d’éclat médiatiques, mais aussi les blocages, les occupations ou les manifestations ont fait partie de la boîte à outils de l’écologie politique depuis ses origines. On pense aux mobilisations contre le camp militaire au Larzac, aux occupations temporaires de sites nucléaires ou aux fauchages d’OGM. La désobéissance civile, le non-respect de règles légales comme moyen d’action, est vieille comme les mouvements d’émancipation qui ont inspiré les écologistes. Dernière action en date : un tableau de Vincent Van Gogh a été aspergé de soupe à Rome. Les quatre activistes, membres du groupe Ultima Generazione, ont visé l’œuvre pour protester contre le réchauffement climatique et les énergies fossiles. Le tableau, protégé par une vitre, n’a pas été endommagé.
Simon Persico : Les écologistes se divisent quant aux répertoires d’actions les plus appropriées pour faire entendre leur cause. Dernier exemple de ces divisions sur la méthode, les réserves exprimées par des personnalités écologistes visibles dans l’espace médiatique comme Hugo Clément ou François Gemenne envers les happenings muséaux de Just Stop Oil (contre un tableau de Van Gogh à Londres) ou Letzte Generation (contre un tableau de Monet à Potsdam). Dans ce cas, c’est au contraire la radicalité symbolique qui est mise en accusation : le goût du buzz de jeunes activistes décrédibiliserait le message aux yeux du grand public. L’histoire de l’écologie politique est marquée par la tension entre responsabilité et radicalité. Quand des activistes canadiens décidèrent de fonder Greenpeace en 1971, c’est bien parce qu’ils considéraient que les méthodes utilisées par les grandes ONG de l’époque étaient trop consensuelles pour être efficaces dans la lutte contre les essais nucléaires. La vigueur des mobilisations actuelles trouve son origine dans les doutes qui touchent un nombre croissant de militants, d’étudiants, de scientifiques et plus largement de citoyens quant à l’efficacité des formes d’action et de vie accommodantes avec le productivisme.
Le point de vue des écologistes
Liberté Egalite Fraternite et Republique : L’écologie politique paraît condamnée à la radicalité car les problématiques auxquelles elle répond résulte d’une réflexion d’ensemble portant sur un projet politique global de société nécessitant une révolution copernicienne que l’on pressent désormais inéluctable car conditionnant notre survie sur terre. Elle est, par ce seul fait condamnée à la radicalité par le libéralisme transnational actuellement au pouvoir qui est absolument opposé à cette démarche écologique qui met la préservation de la Vie, de toutes les vies sur le long terme comme unique objectif au Politique.
Le libéralisme transnational lui a pour unique objectif la surexploitation des ressources naturelle conditionnant les super profits immédiat d’une caste humaine ultra minoritaire au détriment de tout autre intérêt,fusse celui de la Vie. Le Libéralisme transnational, autiste, impose à l’écologie de s’exprimer par le seul élan Vital de la radicalité. Le Héros est un homme coincé contre un mur disait Sartre.
Ma tzu : Pas besoin d’être activiste pour avoir une conscience écologique naturelle. L’homme fait partie intégrante de la nature, il est dans la nature, et non pas en dehors, comme on a prétendu le faire avec ce dualisme corps et âme durant des siècles, un dualisme qui domine encore l’activité humaine. la destruction de la Nature, c’est la destruction de l’Homme. Déjà dans les années 70, on ressentait les effets toxiques d’une croissance effrénée, sans règles éthiques, et la mentalité collective était bien inconsciente des dégâts. Le chimiste Lovelock, le microbiologiste Margulis, et le philosophe Naess en discutaient longuement dans leurs ouvrages « Gaia Theory » et « Deep Ecology ».
Marine Tondelier (candidate à la direction d’EELV) : Quand Gérald Darmanin assimile les manifestants non violents à des terroristes, il ne fait pas mieux que celles et ceux qui assimilent toutes les forces de l’ordre aux bavures policières. Notre place était dans cette manifestation. Par ailleurs, pourquoi l’interdire ? Quand Darmanin parle d’écoterrorisme, cela signifie qu’il est terrorisé par des familles, des militants pacifistes, des paysans ? Il y avait selon lui 40 fichés S sur place, son travail aurait justement dû être qu’ils n’arrivent jamais jusqu’à la manifestation. Je note d’ailleurs que Léonore Moncond’huy, maire écologiste de Poitiers, a été verbalisée très loin du rassemblement tandis que des black blocs y sont arrivés sans difficulté. Tout cela m’interroge. Manipulation ?
– « L’écologie politique paraît condamnée à la radicalité car [etc.] Elle est, par ce seul fait condamnée à la radicalité par le libéralisme transnational actuellement au pouvoir qui est absolument opposé à cette démarche écologique [etc.] » (Le point de vue des écologistes)
En effet, non seulement elle paraît, mais elle EST con damnée à la radicalité.
Et donc à la violence et au grand n’importe quoi. Les «destructions» d’œuvres d’art ne sont qu’un avant-goût. Les destructions, plus réelles, de cabanes de chasse* assorties des violences physiques, ne sont qu’un exemple qui nous montre comment les choses sont en train de dégénérer. On verra donc la suite. En attendant, n’allons surtout pas croire que Le Système va rester sans régir.
* La chasse, encore un de ces sujets qui passionnent : ESPRIT CRITIQUE 6 NOVEMBRE 2022 À 20:12 sur “Eco-guerriers plutôt qu’éco-terroristes”.
( à suivre )
Ces activistes, puisque c’est comme ça qu’on les nomme (plutôt qu’”éco-terroristes” ou ”écoguerriers” je propose ”éco-connards”), veulent avant tout faire le BUZZ (faire parler). Sur ce point ils réussissent. Se pose ensuite la question de savoir si leurs actions sont productives ou au contraire contre-productives. Sur ce point les avis sont partagés.
Pour moi une chose est certaine, ces imbéciles ne font que participer à énerver tout le monde. Ce qui n’est pas bon.
Une autre chose est certaine, lorsque le dialogue (l’écoute, l’échange, le débat) est impossible… alors, pour se faire entendre… il ne reste plus que la violence.
Qui engendre la violence etc. etc. Ce blog Biosphère est d’ailleurs un remarquable laboratoire qui démontre tous les jours que même entre trois pelés et un tondu le débat est IMPOSSIBLE. Le consensus et le développement de l’ ”intelligence collective” n’en parlons même pas ! ( à suivre )
Heureusement, lorsqu’on n’arrive pas à se faire entendre et qu’on voit que le combat est perdu d’avance, il existe une autre solution. C’est celle de se taire et de fuir (L’éloge de la fuite – Henri Laborit). C’est à dire laisser tomber… et préférer aller s’occuper de son petit jardin ou de n’importe quoi d’autre (à chacun sa came) en attendant.
Bien sûr en attendant… puisque de toute façon tôt ou tard nous serons rattrapés par la réalité, et de toute façon con damnés. Et puis il y a mille façons de lutter, de se battre. Commençons déjà à nous battre contre-nous-même.
– « Se révolter, c’est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l’intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la soumission du révolté… Il ne reste plus que la fuite. » (Henri Laborit – L’éloge de la fuite)