Jerry Brown, c’est l’antidote du trumpisme : « Trump réduit la taille des parcs nationaux, il réduit les capacités de l’Agence de protection de l’environnement à faire respecter les réglementations environnementales, il réduit les taxes destinées à subventionner les éoliennes, il cherche à réduire l’effort de recherche qui nous est vital… Il fait beaucoup de dégâts. C’est particulièrement effrayant lorsque Trump explique que le changement climatique est un canular chinois. (Or) le changement climatique est loin d’être le seul problème auquel nous devons faire face. La prolifération nucléaire est une menace majeure, les ventes d’armes aussi. L’espèce humaine développe des technologies toujours plus puissantes mais ne s’améliore pas en termes de sagesse et de tempérance. La courbe des capacités de destruction s’élève rapidement, tandis que la courbe de notre sagesse et de notre tempérance reste plate. Il y a là un inquiétant hiatus. »
Jerry Brown, c’est un des prophètes de l’apocalypse : « L’Agence internationale de l’énergie indique que le monde consomme 96 millions de barils de pétrole par jour et que l’on en consommera 80 millions dans les prochaines années. Quitter la civilisation basée sur une économie carbonée pour un monde totalement décarboné revient à parcourir le chemin qui sépare la Rome païenne de l’Europe chrétienne, à cette différence près qu’on dispose seulement de quelques décennies pour y arriver ! Pendant plus de 20 000 ans, la Californie n’a compté que 300 000 habitants, elle n’avait pas de centrale au charbon et pas de voiture. Mais comment fait-on avec 40 millions d’habitants, la population actuelle de notre Etat ? C’est une vraie question. »
Jerry Brown a un sens des réalités très poussé : « Climat,on ne mesure pas l’ampleur du danger. » Mais sur la même page*, un entrefilet indique que Richard Ferrand, un proche d’Emmanuel Macron, est favorable à un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Et deux pages plus loin, le projet de limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes nationales est « très impopulaire » parmi les Français. Il n’y a pas qu’aux Etats-Unis où la culture du shopping, du sport et de la protection du niveau de vie empêche de percevoir les menaces diffuses et lointaines parmi la classe globale, tous ces funestes possesseurs d’une voiture individuelle. Le climat n’a pas de patron. C’est à chacun d’entre nous de se restreindre.
* LE MONDE du 19 décembre 2017, Climat : « On ne mesure pas l’ampleur du danger »