Un débat récent de vocabulaire sur notre blog :
Michel S. : « Puisque la pédagogie de la catastrophe est refusée, ce sera la catastrophe qui servira de pédagogie. »
Michel C. : « Ce n’est pas la pédagogie qui est refusée, mais plutôt le catastrophisme.
Nous avons déjà fait un post sur cette thématique, nous renvoyons nos lecteurs à son contenu :
Catastrophe OUI, catastrophisme NON
Il nous faut bien constater que le catastrophisme est inopérant car pour l’opinion publique il ne faut pas être pessimiste, « on trouvera bien quelque chose », et ceux qui ont des lettres rappellent ironiquement une BD où le prophète Philippulus poursuit Tintin en annonçant la fin du monde.
Cette optique n’est pas nouvelle, « Demain s’occupera de lui-même, à chaque jour suffit sa peine ».1
La préférence pour le court terme fait problème
Aujourd’hui on préfère parler dans les pays développés de « la fin du mois » (le court terme) plutôt qu’aborder « la fin du monde » (le long terme). La catastrophe écologique actuellement en œuvre a pour cause essentielle cette incapacité de l’espèce humaine à raisonner sur l’avenir, à anticiper les drames à venir. Le réchauffement climatique, la déplétion des ressources fossiles, le stress hydrique, l’épuisement des ressources halieutiques, la chute de la biodiversité, on n’en parle jamais de telle façon qu’on se sente personnellement concerné. Les impacts des changements écologiques sur nos vies se font encore peu sentir, nos démocraties représentatives restent donc de marbre. Comment se forme les idées de la population ? Essentiellement par les médias qui sont en très grande majorité des supports publicitaires qui à longueurs de journée nous incitent à consommer sans retenue. Le sport, les jeux et les séries débiles sont accrocheurs, alors l’environnement, les pollutions, la biodiversité, le futur, c’est néant…. Le « court-termisme » est idéologique, demain nous serons tous morts ! La préoccupation électorale de se maintenir au pouvoir lors de la prochaine élection contribue encore à accélérer le déni. Tout ce qui renvoie au long terme apparaît comme une entrave à la course à la croissance des activités économiques et de l’abondance à crédit.
Comme l’a résumé un jour le journaliste Stéphane Foucart à propos de son propre journal : « LE MONDE est un quotidien : par définition le long terme ne vaut donc rien par rapport au court terme. »….
Dans les textes officiels, on retrouve rarement la pensée du long terme. Malgré des décennies passées à favoriser l’intégration européenne, l’UE ne dispose toujours pas d’un cadre institutionnel qui mette véritablement le bien-être des générations futures au premier plan. Il suffit de regarder le déclin du soutien aux politiques de protection de l’environnement ! Comme exception à retenir, la constitution orale de la Confédération iroquoise, le Gayanashagowa, qui encourage toutes les prises de décision à « avoir toujours en vue non seulement le présent mais aussi les générations à venir ».
– Lorsque les Iroquois se réunissent en conseil pour examiner des décisions majeures, leur pratique est de se demander : « Comment cela affectera-t-il la septième génération ? » Chaque génération devrait s’engager à préserver les fondations de la vie et du bien-être pour les générations futures.
– Chaque être humain a le devoir sacré de protéger le bien-être de notre Mère Terre d’où provient toute vie
(chef Iroquois devant l’Assemblée générale des Nations Unies en 1985)2
Puisse l’équivalent entrer un jour dans la constitution d’une planète unifiée. Une avancées culturelle va dans le bons sens, la principale caractéristique de l’écologisme est sa préoccupation du long terme. Il y a des colibris3 qui font leur part, des associations environnementalistes de plus en plus nombreuses, des partis politiques qui s’en réclament. Au niveau philosophique, le « long-termisme »4 est une position éthique qui donne la priorité à l’amélioration de l’avenir à long terme. Ce terme a été inventé vers 2017. Le philosophe Fin Moorhouse en résume les trois arguments clé comme suit : 1. « la vie des gens importe quel que soit le moment où elle se situe dans le futur » ; 2. il se pourrait bien qu’il y ait plus de gens en vie dans le futur qu’il n’y en a aujourd’hui ou qu’il y en a eu dans le passé ; et 3. « nous pouvons agir pour affecter de façon significative et prévisible l’avenir à long terme ». Notre propre génération n’est qu’une page d’une histoire beaucoup plus longue, et notre rôle le plus important est la façon dont nous façonnons – ou ne façonnons pas – cette histoire.
Le long-termisme est trop souvent discuté uniquement en relation avec les intérêts des générations futures d’humains. On devrait accorder également comme les Iroquois une grande valeur morale au bien être de la Terre et aux intérêts des êtres non humains. C’est ce que résume l’expression « acteurs absents » : « Si chaque politicien, chef d’entreprise ou même consommateur prenait en considération les conséquences prévisibles pour les « collectifs muets » de ses décisions courantes, alors les générations futures et les non-humains pourraient devenir des participants incontournables du fonctionnement social. »5
La seule chose dont on peut être certain est que le long terme finit toujours par l’emporter sur le court terme.
Individuellement on peut penser à court terme, mais démocratiquement il y a des gens élus pour voir à plus long terme et prendre des décisions, sauf que celles qui sont prises perpétuent un mode de vie consumériste et capitaliste.
La planète est une copropriété qui appartient à 8 milliards d’humains dont 99% des gens n’ont que cela a légué et que 1% s’est approprié à 50%, mais sait qui ont les moyens d’esquiver les problèmes écologiques.
Un rectangle de 4000 Km x 1000 Km a brulé en 2023, nous léguerons du CO2.
– « Un débat récent de vocabulaire sur notre blog : » (Biosphère)
Oui c’est intéressant, parce que les mots sont importants.
– « En tout cas, si le catastrophisme n’est pas totalement absent dans la pédagogie des catastrophes, il ne s’agit en aucun cas d’un catastrophisme borné. »
(Serge Latouche – LA DÉCROISSANCE, L’HEURISTIQUE DE LA PEUR ET LA PÉDAGOGIE DES CATASTROPHES – 2013 – alternatives-non-violentes.org)
Dans la pédagogie des catastrophes, le pédagogue n’est rien d’autre que la catastrophe elle-même. Exemple, le gamin qui se brûle gravement en jouant avec le feu comprend de lui-même. Et il n’a plus besoin que quelqu’un lui fasse un dessin.
– « Le réel c’est quand on se cogne » (Lacan . Le psy)
(à suivre)
(suite) Le catastrophisme est une attitude, un comportement, un état d’esprit, et bien sûr un discours assorti. Derrière il y a donc une personne, ce qui est donc différent.
Une personne qui pense pourvoir changer les choses (qui ne le pense pas forcément)… en peignant tout en noir. Parfois ou souvent encore plus noir que les choses le sont réellement. Et c’est ça qui ne passe pas, qui fatigue, qui soûle le monde, et qui est finalement contre-productif. Sur ce point, je pense donc être sur la même longueur d’ondes que Biosphère.
Hier À 12:31 j’ai également cité un article parlant cette fois des leçons de morale…
Là encore, force est de constater que les leçons de morale passent de moins en moins bien de nos jours. Et pas seulement sur les questions d’écologie.
– « Qui t’es toi pour me faire la moral ? Tes leçons de moral… je m’en bas les steaks ! »
Misère misère ! (à suivre)
(et fin) Bien sûr, il ne faut pas oublier le déni de réalité.
Mais il faut arrêter aussi de croire à n’importe quoi, dont certaines théories. Et ceci uniquement parce qu’elles nous arrangent, qu’elles vont dans le sens de nos délires.
L’écologie est un domaine passionnant, la biologie aussi, et l’être humain (connais-toi toi-même) etc. Apprendre, connaître, développer son esprit critique, toujours plus… ça aussi c’est un vrai plaisir. Seulement le Problème reste entier. Comment donner à des millions (milliards) de gens l’envie d’aller dans ce sens ? Ne serait-ce que l’envie de décoloniser leur pauvre imaginaire…
Ce n’est ni la pédagogie ni le catastrophisme qui sont refusés mais plutôt les catastrophes en cours et qui sont bien réelles ! Bref le déni de réalité ! Les gens sont bien conscients du désastre et savent très bien pourquoi, mais le plaisir est toujours vainqueur, enfin les plaisirs sont toujours vainqueurs dans les prises de décisions des individus, alors ils se refusent de décrocher du productivisme, du carriérisme pour amasser le max de pognon et de la consommation à outrance résultant des deux premiers. Tout le monde sait très bien que renoncer aux trois, productivisme, carriérisme et consommation revient à remplacer les forces motrices animées par les énergies fossiles par les bras et jambes des hommes pour effectuer l’ensemble de nos tâches pour subvenir à nos besoins essentiel, autrement dit fini la société de loisirs et de plaisirs…
Les petites jouissances quotidiennes font que les individus repoussent toujours à demain les efforts nécessaires pour renoncer aux énergies fossiles. La société de consommation est telle une drogue dont il est plus que difficile de se débarrasser de son accoutumance, l’addiction est bien là et accrochée comme un tique, donc il sera impossible de s’en débarrasser, ne reste plus qu’à attendre l’overdose à la société industrielle… Et cette overdose sera fatale pour la plupart d’entre nous… S’il reste 1 milliard d’habitants sur Terre ce sera déjà un exploit que de sauver autant de gens…