spiritualités

Plénitude de la raison unique

Le pape Benoît 16 a fait une conférence à l’université de Ratisbonne qui a soulevé beaucoup d’émois dans les sphères musulmanes. Pourtant pas besoin de soulever les foules pour un texte d’une platitude absolue.

 « Pour convaincre une âme raisonnable, on n’a pas besoin ni de bras, ni d’armes, ni non plus d’un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu’un de mort. » Une telle phrase parait d’une évidence extrême dans un système démocratique. Mais Benoît 16 ne se réfère pas à la démocratie.

 «  Celui qui veut conduire quelqu’un vers la foi doit être capable de bien parler et de raisonner correctement et non d’user de la violence et de la menace ». Comme la foi ne peut être démontrée par d’autres arguments que celui de l’autorité, il parait bien présomptueux pour une âme sensée de mélanger croyance indémontrables et réalités démontrables. Mais le pape va plus loin.

 «  Dieu n’aime pas le sang ». C’est faire fi de la pratique des trois religions du livre qui ont ensanglanté la planète, de conquêtes musulmanes en croisades sans parler de toutes les guerres plus ou moins récentes : dieu bénit encore l’Amérique qui occupe l’Irak. Mais dieu n’a jamais rien dit puisque ce sont toujours des hommes qui ont parlé en son nom. En fait le papuscule Benoît 16 n’avait pas pour objectif principal d’attaquer l’islam, seulement de confondre dieu et la raison pour critiquer les athées.

 « Une raison qui est sourde face au divin et repousse la religion au niveau des sous-sultures est incapable de s’insérer dans le dialogue des cultures. » Le pape voit dans l’exclusion du divin par la raison une attaque contre les convictions les plus intimes. Mais dans toute la pensée laïque, il faut justement que la foi reste du domaine privé et séparer l’Eglise de la sphère publique, démocratique et scientifique. La raison capable de raisonner ne peut être du côté des religions, et c’est cela qui fait peur au papuscule Benoît 16.

La seule croyance qui tienne la route, c’est l’ensemble des discours qui permettront à l’espèce homo sapiens de retrouver un équilibre durable avec l’évolution de la Biosphère, seule source de vie pour les parasites qui constituent l’espèce homo sapiens…

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Dieu a dit, moi aussi

La controverse récente entre Benoît 16 et l’islam n’est pas nouvelle, chaque religion cherche à établir sa primauté. Lors du concile de Florence en 1442, l’Eglise réaffirme sa position la plus traditionnelle, hostile à tout système religieux concurrent : « La sainte Eglise romaine proclame qu’en dehors de l’Eglise nul n’aura part à la vie éternelle, qu’il soit païen, juif, incroyant ou séparé de l’Eglise. Il sera la proie du feu éternel et destiné au diable s’il ne rejoint pas l’Eglise avant sa mort ». Thomas Müntzer, l’une des premiers disciples de Luther, rêve d’un royaume de dieu déjà réalisé sur terre et soutient la révolte paysanne de 1525. Alors Luther, un hérétique qui a réussi, se déchaîne : « Partout où le paysan ne veut pas entendre raison, que l’autorité saisisse l’épée et qu’elle frappe. Tout prince est serviteur de dieu. Il y a un grand nombre d’âmes séduites, entraînées de force. Il faut à tout prix les délivrer et les sauver. C’est pourquoi frappez, égorgez ». Cette intolérance à l’intérieur de l’espace géographique mis en tutelle par le christianisme se retrouve dans la plupart des autres religions, ainsi le Coran tient exactement le même langage que son concurrent : « Les vêtements des infidèles seront taillés de feu, et l’eau bouillante sera versée sur leurs têtes. Leurs entrailles et leur peau seront consumées ; ils seront frappés de gourdins de fer » (sourate XXII).

Or dieu ne dit rien car il ne peut rien dire, ce sont des hommes qui s’expriment pour lui et peuvent raconter n’importe quoi. Moi aussi, j’ai donc le droit de dire que le christianisme ou l’islam, c’est du pareil au même, un tissu de conneries. Le seul culte qui vaille, c’est le respect de l’équilibre des écosystèmes car ce qui nous permet de vivre durablement, la Biosphère, est un fait réel et avéré.

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Benoît XVI, un pape rabougri !

Benoît 16 vient de se prononcer contre le dialogue entre les religions : « La rencontre interreligieuse de prières ne doit pas prêter à des interprétations syncrétiques, fondées sur le relativisme qui nierait le sens même de la vérité et la possibilité de l’atteindre. » Il dit non à la dilution de l’identité chrétienne, comme il a rappelé à l’ordre les franciscains d’Assise, promoteurs de manifestations interconfessionnelles devenues des rendez-vous pacifistes, altermondialistes et écologistes. Pourtant, Benoît 16 reconnaît qu’« il n’est permis à personne de prendre argument de la religion comme prétexte à une attitude belliqueuse à l’égard d’autres humains. » Pourtant  Benoît 16 avoue dans le même temps que « les différences religieuses constituent des motifs d’instabilité et de menace ». Ce pape ne sait pas résoudre ses contradictions. Ce pape n’a pas encore compris que dans l’intérêt de la planète, il ne doit pas se cacher derrière des dieux invisibles, mais défendre fermement une nature en perdition.

Le texte officiel qui avait consacré en 1980 François d’Assise comme Saint patron de l’écologie soulignait que la nature était un don de Dieu fait aux humains. Quelle erreur profonde dans l’expression ! L’Eglise n’acceptait pas le message d’humilité des humains vis-vis de la Nature que propageait François d’Assise. D’ailleurs dès son vivant il a été régulièrement trahi par l’Eglise qui portait pourtant comme lui le même message des Evangiles. Au lieu d’enseigner la vraie joie par la simplicité volontaire, la fraternité et par dessus tout l’humilité, les porteurs de la parole qu’ils disent divine n’ont fait qu’exalter le culte des apparences et soutenir l’emprise des humains sur la Nature.

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