CHINE. Un mastodonte aux pieds d’argile (150)

En 2021 la Chine a enregistré 10,62 millions de naissances selon les données officielles du 17 janvier 2022. C’est encore trop. Le taux d’accroissement naturel de la population est de 0,34 ‰, d’où une stabilisation prochaine mais à un niveau démographique très élevé. Ce pays reste en effet le plus peuplé du monde. Entre 1950 et 1970, la population est passée de 540 millions à 800 millions pour atteindre le chiffre vertigineux de 1 412 000 000 de personnes en 2020. La densité est élevée, de 150 hab./km² pour une moyenne mondiale de 60 hab./km² . Ce pays dispose de 10 % de la superficie cultivable mondiale, mais doit nourrir 18 % de la population mondiale. Quant au désir d’enfant, les Chinois sont refroidis par la hausse du coût de la vie et de l’éducation des enfants, par les difficultés de logement et surtout par les incertitudes face à l’avenir. Mais bien entendu les médias, tous natalistes, vont nous bassiner avec le vieillissement de la population chinoise.

Question brûlante : fabriquer beaucoup de futurs chômeurs est-il nécessaire pour payer les retraites des personnes âgées ? Le vieillissement démographique inquiète les responsables politiques chinois : 17,8 millions de naissances en 2016, 12 millions en 2020, 10,6 millions en 2021. Le Forum économique mondial a prévu qu’en 2100, la Chine, avec 732 millions d’habitants, serait moins peuplée que l’Inde (1,09 milliard). Sur une planète surpeuplée, une baisse volontaire de la population est toujours une bonne nouvelle. Mais beaucoup trop de dirigeants politiques restent natalistes. Après avoir imposé la politique de l’enfant unique, la Chine devient anti-malthusienne. Un comble ! Pour enrayer ce déclin, le pays autorise, depuis fin mai 2021, les couples chinois à avoir trois enfants. Les provinces multiplient les mesures incitatives, augmentant par exemple à 350 jours le congé maternité en cas de troisième enfant. Le 27 septembre 2021, le gouvernement avait souligné, dans ses « lignes directrices pour le développement des femmes chinoises », qu’il entendait « réduire les avortements qui ne sont pas médicalement nécessaires ». La même association pour le planning familial qui, pendant des années, s’est immiscée dans l’intimité des couples et a contraint nombre de femmes à avorter, va désormais mener la politique inverse. Elle va prôner le respect des « valeurs traditionnelles » auprès des femmes non mariées et des adolescentes qui souhaitent interrompre une grossesse. Human Rights Watch déplore : « Ce qui ne change pas, c’est que le gouvernement continue de traiter le corps des femmes comme un outil au service du développement économique ».

La prise en charge du troisième âge par un surplus de population mène de toute façon à l’impasse. Augmenter le nombre de naissances pour « payer les retraites » par plus d’actifs (système de redistribution encore balbutiant en Chine) ne ferait que reporter le problème de financement dans le temps puisque un jour ou l’autre ces personnes supplémentaires deviendront des retraités… encore plus nombreux. C’est une pyramide de Ponzi, on veut financer les vieux avec de futurs vieux. Encore faudrait-il aussi que les actifs ne deviennent pas chômeurs, donc personnes supplémentaires à charge. Or la croissance chinoise, à base de charbon et d’exportations, est extrêmement fragile, avec des conséquences déjà très négatives au niveau social et environnemental. Le chômage menace. Toute population trop nombreuse est dans un état de surpopulation. Une population mondiale de 8 milliards, des Chinois au nombre de 1,4 milliards de personnes, c’est invivable car nous nous retrouvons obligatoirement privés d’espace et de nature. C’est aussi ingérable, le système totalitaire chinois ne peut prévoir l’avenir, ni même le préparer en étant nataliste.