Le 22 février, la ministre de l’écologie Barbara Pompili a pris le contre-pied de plusieurs de ses collègues, qui avaient condamné l’instauration par le maire écologiste de Lyon d’un menu unique sans viande dans les cantines de la ville. Déplorant « un débat préhistorique », elle a notamment contredit le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et regretté les « clichés éculés » de celui de l’agriculture, Julien Denormandie. Le porte-parole de La République en marche (LRM), Jean-Baptiste Moreau, a reproché publiquement à Barbara Pompili de manquer de « loyauté ». Un sentiment largement partagé dans les rangs macronistes : « Le problème, c’est que Barbara donne l’impression de vouloir toujours faire passer ses convictions avant la solidarité gouvernementale ».
Conflit de loyauté ? Les commentateurs sur lemonde.fr s’insurgent à juste titre :
Nicolas Ivanovsky : « Le problème, c’est qu’elle donne l’impression de vouloir toujours faire passer ses convictions avant la solidarité gouvernementale ». Tout est dit. Caresser le gouvernement dans le sens du poil est apparemment plus important que d’être fidèle à ses convictions.
DeLondres : Donc c’est officiel que pour faire du bon boulot dans ce gouvernement il faut être flagorneur, renier ces convictions et surtout ne pas remplir sa mission.
Je suis content que le mécanisme soit explicité par les macronistes eux-mêmes, ça évite toute ambiguïté. Leur pouvoir est donc plus important que la planète.
Surprise : Imaginez que Mme Pompili prenne publiquement position dans le domaine de compétences de Mr. Darmanin, ce qui ne lui plairait pas. Peut-on sérieusement penser que Mr. Darmanin ne réagira pas, « par solidarité gouvernementale » ? C’est pourtant ce qu’on reproche à Mme Pompili… Celui qui joue sa petite musique, c’est M. Darmanin…
Ce.nest.que.mon.opinion : Faut-il encore se demander pourquoi notre pays s’embourbe ? La loyauté est certes une valeur cardinale pour tout groupe qui se respecte, mais le problème, c’est la définition qu’on lui donne. En politique, c’est de plus en plus un synonyme de soumission béate… En langue française, la loyauté c’est pourtant d’être fidèle aux engagements pris. Les gouvernants feraient bien de s’en souvenir un peu plus souvent, à tout point de vue !
Georges-Henri : En 1995 Albert Otto Hirschman écrit Défection et Prise de Parole ; il montre que la loyauté consiste justement à prendre la parole. Celui qui prend la parole imagine qu’il peut influer sur le cours des choses, il est donc loyal. Celui qui ne l’est pas ou ne peut plus l’être fait défection. BP est donc dans son rôle. Et d’un autre côté en prenant au mot et au premier degré le reproche qui lui est fait, exiger une quelconque discipline est absurde, imaginons un groupe de fumeurs qui diraient, elle ne fume pas comme nous, elle est déloyale !
P.Ferron : La Macronie devrait rappeler Sibeth N’Diaye pour la poster au ministère de l’écologie et du vent. Ou un hologramme, peut-être, enfin quelque chose qui n’empêche pas de penser en rond et au garde-à-vous autour de Sa Présidence Jupiter 1er.
Michel SOURROUILLE : déloyauté envers qui ? Il est normal qu’un ministre ait une opinion contraire à celle d »autres collègues, il défend le créneau dont il est le représentant. En cas de conflit entre ministres, c’est le premier ministre qui donnera son arbitrage, en concordance avec l’avis du président. Pour les membres du parlement, il n’y a aucun problème de déloyauté. Selon l’article 27 de la Constitution française, « Tout mandat impératif est nul. Le droit de vote des membres du Parlement est personnel ». Par exemple le présidentiable Macron voulait exiger de ses candidats la promesse de voter une douzaine de réformes essentielles. Mais c’était illégal aux yeux de l’article 27 ; il n’y a pas d’engagements préalables possibles sur un programme et le vote clanique est normalement impossible. Mais en politique, on en est encore aux temps du petit doigt sur la couture du pantalon. Cette expression fait référence au garde-à-vous dans l’armée, les bras serrés contre le corps : interdit de bouger !
Papou69 : Et pourtant, Barbara Pompili en avale des couleuvres en même temps que les pesticides…
Une loi ne fait pas d’efforts : elle les impose aux justiciables. Personne ne peut nier que nombre de propositions de la convention citoyenne auront des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des ménages alors même que l’exécutif est encore pétrifié par le souvenir de la révolte des « gilets jaunes ». Autre exemple. On évoque depuis longtemps la taxe carbone aux frontières pour lutter contre le dumping environnemental. Mettre d’accord les 27 États membres, entre eux puis avec l’Organisation mondiale du commerce, n’a rien d’évident. Le gouvernement aurait pu faciliter la négociation en actant une taxe carbone à la consommation !
Affirmer que la loi climat et résilience « ne fait pas assez d’efforts » sans prendre la peine d’expliquer que l’effort sera très douloureux, c’est mentir par omission.
RRRRhhhoooo ! C’est terrible il faut toujours corriger les titres sur Biosphère et remettre les mots dans le bon ordre pour redonner du sens à l’article, allez je corrige =
Climat, une zizanie de folles parmi les Ministres
– « Mais en politique, on en est encore aux temps du petit doigt sur la couture du pantalon. Cette expression fait référence au garde-à-vous dans l’armée, les bras serrés contre le corps : interdit de bouger ! » (Michel SOURROUILLE 08/03/2021 – 20H47)
Pas qu’en politique. Dans n’importe quelle entreprise celui qui souhaite pouvoir durer comprend vite l’intérêt de rester sagement dans le rang, de ne pas faire de vagues, de ne pas chipoter sur le Code du travail, de ne pas se fâcher avec le Big Boss, etc.
Là aussi la novlangue a produit ses effets, les syndicats sont désormais des «partenaires» (sociaux). Leur rôle est de faire en sorte que la «base» (la troupe, les marcheurs etc.) respectent les règles du jeu (pipé). Qu’ils marchent sagement dans les clous, etc. Dans le monde du travail aussi, les «rebelles» font partie du jeu. Ou du spectacle. Le problème c’est que même ceux qui en sont conscients, s’en accommodent très bien.
Mais qui peut croire qu’avec sa petite voix «discordante» cette politicienne professionnelle fait preuve d’un manque de «loyauté» ? Notamment envers celui qui lui a permis de jouer dans la cour des «grands».
Et d’abord c’est quoi la loyauté dans ce milieu ? Et il veut dire quoi le mot conviction ?
Après avoir fait disparaître le «solidaire» de l’intitulé du ministère, ce «joli» monde est en train de peaufiner la novlangue. Et pour dire combien je les trouve bons, ou plutôt mauvais, je pense qu’ils le font à l’insu de leur plein gré. Demain ils nous diront que «la vérité c’est le mensonge, la guerre c’est la paix (etc.)». En attendant, aujourd’hui les serviteurs du Système sont des «rebelles». Aujourd’hui la loyauté et les convictions ce n’est plus que du blabla, comme le sont les promesses. Du cinéma et du pipeau ! Le titre du MONDE évoque, à juste titre d’ailleurs, non pas une petite voix mais une «petite musique».
Quel que soit le niveau, tout ça n’est que du cirque. Politico-merdiatique. Chacun s’appliquant à jouer on rôle, son numéro ou sa petite partition. Via les micros de La Voix de son Maître et les réseaux dits sociaux, les pauvres naïfs, qui croient voir ici des loupés et entendre là des couacs, ne font que donner encore plus de voix et de vie au Spectacle.