Biosphere : Bill, tu n’es vraiment pas réaliste, la généralisation du niveau de vie américains nous mène à la catastrophe climatique et à l’effondrement de la civilisation thermo-industrielle.
Bill Gates : Je reste optimiste. Plus on s’éloigne de l’équateur, plus ce sera possible de s’adapter au réchauffement climatique. Mais je suis bien d’accord sur un point, si on ne fait rien, on aura cinq fois plus de morts par an que la pandémie actuelle à ses pires moments.
Biosphere : Bill Gates, écoute-moi, toi un nucléocrate, n’oublie pas les déchets nucléaires, l’insécurité des centrales, l’impasse de la 4e génération…
Bill Gates : Les nouveaux réacteurs nucléaires sur lesquels nous travaillons, avec un refroidissement par le sodium, seront beaucoup moins chers et plus résistants. Dans cinq ans, on devait même avoir un réacteur pilote en Chine, mais cet accord a été annulé. L’espoir fait vivre, je vis d’espoir..
Biosphere : Tu radotes, dormez tranquilles la technologie qui n’existe pas encore va nous sauver. Je crois vraiment que tu es instrumentalisée par les milieux d’affaire, trop content avec toi de rassurer les populations à bon compte. D’ailleurs tu ne parles jamais de sobriété. Tu n’as pas encore compris qu’il nous faut changer radicalement nos modes de vie et de consommation, surtout dans les pays développés.
Bill Gates : Bien sûr, les émissions par habitant sont très élevées aux États-Unis, mais le niveau de vie des Américains n’est pas négociable. Rien ni personne ne m’empêchera de rouler dans ma Porsche électrique. En fait les problèmes viennent des pays à revenus intermédiaires. En Chine ou en Inde, les gens ont aussi le droit d’avoir l’électricité la nuit, le chauffage ou la climatisation, tout ce que nous considérons comme des acquis. Il faut donc se mettre d’accord sur le fait que le monde aura besoin de plus d’acier, de ciment ou d’énergie.
Biosphere : Tu finances des technologies de rupture, mais elles ne seront pas prêtes avant longtemps, si elles le sont un jour ! Face à l’urgence climatique, ne faut-il pas plutôt investir dans celles qui existent déjà ?
Bill Gates : Je suis un visionnaire, il faut travailler sur les sujets de plus long terme, comme l’acier, le ciment ou l’aviation.
Biosphere : Ah ! Tu prends encore l’avion, ce « plus lourd que l’air » qui carbure aux fossiles ?
Bill Gates : On pourra un jour utiliser des avions électriques pour des courtes distances. Pour mon propre avion, j’utilise un kérosène entièrement végétal, c’est un green premium * très cher. Les pays riches ont la responsabilité d’utiliser leur puissance d’innovation pour inventer des solutions. Si on arrive à baisser drastiquement le prix des green premium, idéalement de 95 %, même les habitants de l’Inde pourront construire autrement, cultiver autrement, voyager autrement.
Biosphere : Je parie que tu vas me dire que la taxe carbone n’est pas une bonne solution.
Bill Gates : Une taxe carbone généralisée à tous les produits serait la solution la plus simple, mais ce n’est pas faisable politiquement. J’ai personnellement une empreinte carbone scandaleusement élevée, mais j’ai les moyens de financer des mécanismes de compensation de mes dépenses. Ah, si tout le monde pouvait faire comme moi !
Biosphere : Tu es un gros mangeur de burgers, je suis sûr que tu as aussi prévu de les manger sans viande.
Bill Gates : La viande cultivée permet d’avoir un produit similaire du point de vue de la qualité, avec un prix plus faible. C’est une amélioration du point de vue environnemental et du point de vue du bien-être animal. Je t’invite à essayer.
Biosphere : Merci bien, je préfère la polyculture liée à l’élevage. Quant aux technologies bas carbone, on se passe des énergies fossiles mais on dépend des métaux rares. Cette fois tu ne pourras pas me dire le contraire.
Bill Gates : Les terres rares ne sont pas si rares que ça. Avec l’innovation, on pourra en utiliser moins, trouver d’autres approches. Aujourd’hui, on en exploite ailleurs qu’en Chine, on le fait de manière responsable. Je ne pense pas que la disponibilité de ces matériaux soit un facteur limitant.
Biosphere :Tu reste donc un incorrigible technophile, bercé par ton passé Microsoft, incapable de voir les réalités biophysiques, pic pétrolier, pic des métaux, pic de tout.
Bill Gates : Peut-être, mais je suis aussi un humaniste. Avec ma fondation, on rêvait de réduire de moitié la mortalité des enfants : objectif atteint. Pour le défi climatique, je concède que ma pensée relève de l’acte de foi.
Biosphere : Tout est dit, tu verses dans la croyance. Alors je te raconte cette parabole, l’histoire d’une petite fille qui fait un dessin. La maîtresse lui demande ce qu’elle est en train de tracer. La petite fille lui répond qu’elle est en train de dessiner Dieu. La maîtresse lui fait remarquer que l’on ne sait pas à quoi ressemble Dieu. Elle lui répond alors que tout le monde le saura quand le dessin sera terminé.
* green premium, surcoût lié à l’usage d’une technologie propre par rapport à son équivalent fossile
Lors d’une exposition informatique, Bill Gates aurait, paraît-il, comparé l’industrie informatique à l’industrie automobile et aurait déclaré : « Si General Motors avait continué à progresser comme l’industrie informatique l’a fait, nous conduirions tous des voitures qui coûteraient 25$ seulement et ne consommeraient qu’1/4 de litre aux 100 kilomètres. »
En réponse General Motors a publié : « Si General Motors développait ses véhicules comme Microsoft ses logiciels, vos voitures tomberaient en panne deux fois par jour sans raison apparente. Chaque fois que les lignes seraient repeintes sur les routes, vous devriez en acheter une nouvelle. De temps à autres elle calerait sans raison sur l’autoroute, vous trouveriez ça normal, redémarreriez et continueriez votre chemin. L’airbag demanderait « Êtes-vous sûr ? » avant de se déclencher. »
Ah, il est génial ce type : la pollution ne vient pas des pays les plus pollueurs (dont il est) mais des pays intermédiaires.
Juste, que pense-t-il des 40% du CO2 émis par les pays occidentaux, européens en particulier, contenus dans leurs importations ?
Que pense-t-il des 20 tonnes de CO2 émis par an par l’Américain moyen comparés aux 2-3 tonnes de l’Africain ?!
Un type vraiment épatant ce Gates. Heureusement qu’il en existe encore quelques uns comme cela qui croient encore à l’avenir.
Nos écolos nous promettent décroissance, pauvreté, pénitence, flagellation pour le « mal » que nous faisons à la Terre… Une horreur ! Allez Bill !
Tout ce CO2 dans l’atmosphère n’est pas un problème, Bill pense que très bien bientôt on pourra le pomper. Suffit d’y croire et de se dire : « Je pompe donc je suis ».
Le monde selon Bill Gates ne me fait guère rêver… Toujours cette éternelle illusion que seul le progrès technique nous sortira d’affaire. Ce n’est pas en concevant un meilleur ciment, ou un carburant plus vert ou des centrales nucléaires vertueuses (???) que l’on résoudra le problème.
Non, ce sont nos comportements qu’il convient de changer en arrêtant d’acheter les produits qui ne conviennent pas à notre éthique. Le pouvoir de l’acte d’achat (tout comme la désobéissance civile), sont entre nos mains. Si nous choisissons notre libraire plutôt qu’Amazon, notre maraîcher qui vend au détail des produits de saison au profit du supermarché, ce sont les gestes d’achat (ou non-achat) quotidiens qui feront la différence !
Aussi vertueux soient-ils, je ne pense pas que nos gestes quotidiens (d’achat ou non-achat) résoudront le Problème. Le Système est trop bien verrouillé. Le Problème se règlera donc de lui-même, autrement dit par la Force des Choses.
Un jour Bill Gates prit son PC pour lire un peu les newsgroups. Et le pauvre apprit qu’il n’avait pas trop la cote. Alors il convoqua tous les journalistes des Etats-Unis, d’Europe et d’Asie dans sa petite maison sur le bord du lac Washington. Quand tout le monde eut finit de préparer les Canon et les Nikon, sûr de son effet Bill traversa le lac en marchant sur l’eau.
Le lendemain dans tous les newsgroups on pouvait lire :
« Et en plus il ne sait même pas nager ! »
Le problème avec ce Bill, c’est que partout où il passe on lui déroule le tapis rouge. Comme s’il était un prophète, issu du croisement d’un dieu et d’un génie, tout le monde se bouscule pour approcher et voir le phénomène. Bien évidemment les journaleux en tête. Le pire c’est qu’on l’écoute.
Et ceci tout simplement, tout connement, parce que pauvre type est l’homme le plus riche de la planète. Misère. Premier ou second, voire 20ème, à ce genre de TOP 5 ou de TOP 20 pour moi ils ou elles se valent tous. Amazon, Microsoft, Facebook, Google et Compagnie, c’est là que se ramassent les plus grosses fortunes. Rien d’étonnant à ce que la Technologie reste le secteur prépondérant du classement, il n’y a plus qu’Elle pour nous sauver. Misère misère !