« Pour s’installer au volant d’un véhicule de plus de 9 CV, il suffirait de débourser 70 euros en achetant auprès des magasins Nature & Découvertes une carte de compensation carbone. On nous explique que l’association Climat Mundi, dont l’activité s’exerce au sein du processus défini par le protocole de Kyoto, va participer avec l’argent récolté au financement d’un projet hydroélectrique en Chine. Même si ce principe est reconnu par l’ONU, il ne permet pas de transformer un véhicule brûlant une ressource fossile en véhicule neutre en CO2. En effet, une centrale productrice d’électricité ne fait qu’ajouter une autre source d’énergie pour l’activité humaine, elle ne peut séquestrer les gaz à effet de serre émis non seulement par le véhicule, mais aussi toutes les émissions générées par ce surcroît d’énergie. De plus on sait qu’un barrage est une source de détérioration du milieu et de perturbation de la biodiversité. Nous savons bien que l’économie, en additionnant un mal plus un autre mal dans le PIB mondial, voudrait nous faire croire que c’est en définitive un bien qui contribue à la croissance. Mais une pollution reste une pollution, il est dangereux pour la planète de faire croire au conducteur d’une automobile qu’il possède un véhicule propre. » Nous écrivions cela sur ce blog en janvier 2008. Douze ans plus tard, les entreprises se ruent sur l’achat de forêts entières en vue de compenser leurs émissions de CO2.
Air France annonce que, dès janvier 2020, elle compenserait les émissions de CO2 de ses quelque « 450 vols intérieurs » quotidiens en finançant des projets de « plantations d’arbres, de protection des forêts, de transition énergétique ». Shell veut faire pousser plus de 5 millions d’arbres sur l’année aux Pays-Bas. La forêt devient un marché qui permet aux entreprises de financer des projets de séquestration ou de réduction des émissions. En échange de quoi elles obtiennent des crédits carbone. De La Poste à Danone en passant par MSC Croisières, toutes en parlent. Y compris les responsables de la formule 1. La compensation carbone révèle l’anxiété grandissante des entreprises face au diktat de l’urgence climatique. La demande excède le nombre d’initiatives à financer. La forêt devient un alibi qui fait passer au second plan la priorité numéro un, c’est-à-dire la décarbonation de pans entiers de l’économie.**
Un arbre contre un trajet de train, cela ne peut pas fonctionner de manière aussi simpliste. En effet il y a des différences de temporalités entre le biologique et le géologique. Les arbres plantés aujourd’hui mettront plusieurs dizaines d’années pour séquestrer les émissions actuelles alors que le CO2 a une durée de séjour approximative de cent ans dans l’atmosphère. Sans compter qu’avec le changement climatique, les forêts sont plus vulnérables aux feux, aux insectes et aux maladies, et qu’à des températures trop élevées, elles relâchent du carbone au lieu d’en stocker. Pour en savoir plus grâce à notre blog biosphere :
8 octobre 2016, Compensation carbone, l’hypocrisie de l’aviation civile
19 janvier 2016, loi sur la biodiversité, la mascarade de la compensation
5 novembre 2013, effet rebond, compensation carbone… hypocrisie morale !
8 janvier 2010, l’illusion de la compensation carbone
* LE MONDE du 4 janvier 2008
** LE MONDE du 28 janvier 2020, Dans la jungle de la compensation carbone
Près de chez moi deux hectares de grands arbres ont été coupés, et quelques mois plus tard ils en ont replanté des tout petits (des arbres pas des hectares).
Mais surtout ils ont installé une grande pancarte pour nous dire que pour la protection de l’environnement et le maintien du cadre de vie ils avaient planté x arbres et qu’ils agissaient pour l’avenir ! ! !
On aurait peut-être mieux fait de laisser les anciens qui étaient beaucoup plus beaux et où nichaient les oiseaux
Il n’existe aucune autre solution que la décroissance, tout le reste relève de la tartuferie et du marketing.
Et encore heureux qu’ils aient replanté derrière. Parce qu’ils auraient pu aussi goudronner ou bétonner. En tous cas, moi non plus je n’aime pas voir les arbres tomber, que ce soit sous les tronçonneuses ou à cause du vent. Toutefois les forêts doivent être entretenues (on peut dire également exploitées). Bien sûr, pour moi un arbre ne se résume pas à un tas de planches ou de biftons. Je ne voudrais pas dire de bêtises… mais il me semble que ce sont les jeunes arbres en pleine croissance qui stockent le plus de carbone. Ceci dit, pour moi les arbres (les forêts) ne se réduisent pas non plus à leur seul rôle dans le cycle du carbone.
Pour en revenir à cette blague au sujet de la «compensation» , tous ces «braves gens» (écotartufes) me font penser à ces bourgeois qui à la sortie de la messe filent 4 ronds aux miséreux qui font la manche. Dans les deux cas leur unique but est de se mettre en paix avec leur petite con science. Dans un cas c’est pour se la blanchir, dans l’autre c’est pour se la verdir.