Débat dans la revue des objecteurs de croissance* sur la façon de « sortir du capitalisme ». Il y a d’un côté Aurélien Bernier**, pour la prise du pouvoir d’Etat par un mouvement anticapitaliste. Pas un mot de l’écologie politique alors qu’il fait le constat que « le productivisme détruit l’environnement ». Il lui suffit d’imaginer un gouvernement qui déciderait de rompre avec l’ Union européenne. Triste rapprochement avec la stratégie du Front national ! Et rejet d’Europe Ecologie les Verts qui a le tort d’être « ouvertement fédéraliste » !! Comme Aurélien exprime aussi son désaccord avec le parti de gauche, le Parti communiste et bien sûr le PS, il ne reste plus grand monde pour faire la révolution. Il y a aussi Galaad Wilgos qui tient le blog République & Révolution. Il couple la vieille idée de lutte des classes avec le socialisme écologique et cultive encore l’idée du Grand soir, « une révolution générale, impliquant une grande majorité des gens, qui pourra véritablement changer les choses ». Aurélien et Galaad en sont encore restés au socialisme utopique à la sauce marxiste.
Mais il y a surtout l’analyse de Laurent Flandin***, assez perspicace : « Le combat de la gauche, pour le siècle qui s’ouvre, sera avant tout de lutter contre le productivisme et le consumérisme, c’est-à-dire contre le culte de la croissance. .. La catastrophe écologique, qui tend à s’amplifier, va irrémédiablement porter le thème de la décroissance sur le devant de la scène politique. Dans ce contexte, les objecteurs de croissance ne doivent pas créer une énième force politique mais décoloniser l’imaginaire des partis de gauche, qu’ils soient socialistes, communistes ou écologistes… Du côté d’EELV, la sortie du gouvernement n’aura de sens que si le parti s’affranchit de ses apôtres médiatiques de la croissance verte… La gauche doit faire vivre un récit : critiquer les modes de vie ostentatoires (du trader comme du dealer) ; dénoncer les salaires indécents (ces dirigeants qui « prennent des risques ») ; questionner une classe moyenne vautrée dans un consumérisme béat. »
Comme conclut Laurent, « il nous reste à réinventer toutes ces valeurs ». Vaste programme qui repose sur un pari : que de plus en plus de gens prennent conscience des limites de la planète et veuille agir de façon collective et conviviale…
* Mensuel La décroissance, février 2015 : construire une force politique antilibérale
** Ne soyons pas des écologistes benêts (pour un protectionnisme écologique et social) d’Aurélien Bernier et Michel Marchand
*** Laurent Flandin, sa position sur l’héritage