En septembre 2024, nous avons célébré les 30 ans de la Conférence Internationale sur la Population et le Développement (CIPD, 1994) organisée par l’ONU au Caire, qui visait, entre autres, à améliorer l’accès à l’éducation, réduire la mortalité maternelle et infantile et stabiliser la croissance de la population mondiale. La revue Population et Sociétés de l’INED (n° 625, Septembre 2024) fait le point en omettant de reprendre l’essentiel, l’objectif de « stabiliser la croissance de la population mondiale ».
La conférence du Caire en 1994
Cette conférence a contribué à la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs comme des droits humains en les définissant comme suit :
– reconnaissance du droit fondamental de tous les couples et des individus de décider librement et avec discernement du nombre de leurs enfants et de l’espacement de leurs naissances.
– droit de disposer des informations nécessaires pour ce faire, et du droit de tous d’accéder à la meilleure santé en matière de sexualité et de reproduction.
– droit de prendre des décisions en matière de procréation sans être en butte à la discrimination, à la coercition ou à la violence, tel qu’exprimé dans des documents relatifs aux droits de l’homme. »
Afin de rendre effectifs ces droits, le Programme d’Action du Caire, signé par 179 États, avait pour but d’orienter les politiques publiques nationales sans toutefois prendre un caractère contraignant. Il visait à assurer le droit à la régulation des naissances, en développant la planification familiale.
Le résultat trente ans après
– Les efforts engagés pour rendre davantage accessibles les différentes méthodes anticonceptionnelles ont contribué à réduire considérablement le nombre de grossesses non intentionnelles dans le monde, passant de 79 pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en 1990-1994 à 64 en 2015-2019. En 2021, sur les 1,1 milliard de femmes âgées de 15 à 49 ans dans le monde souhaitant retarder ou éviter la conception d’un enfant, 77 % utilisaient un moyen de contraception dit « moderne » (pilule, stérilet, injection, préservatif, etc.) et 8 % une méthode traditionnelle comme le retrait ou l’abstinence périodique.
– L’avortement n’avait pas été reconnu comme un droit reproductif dans le Programme d’Action en raison de l’opposition de courants conservateurs. Seul l’accès aux soins après avortement a été garanti, c’est-à-dire la possibilité pour les femmes de se faire soigner dans des services de santé en cas de complications sévères après un avortement provoqué ou spontané (fausse-couche). La situation de la légalisation de l’avortement reste contrastée dans le monde, et ces trente dernières années ont vu à la fois des avancées majeures mais aussi des retours en arrière. la Pologne (2020) a basculé dans une interdiction quasi totale. Le droit à l’avortement a aussi été remis en cause aux États-Unis en 2022 avec l’infirmation de la décision Roe vs. Wade par la Cour Suprême, ouvrant la possibilité à chaque État d’autoriser ou bannir l’avortement. Les avortements à risque causent 5 à 13 % des décès maternels dans le monde chaque année.
Le point de vue des écologistes malthusiens
Cet article de l’INED ne fait aucune mention de l’objectif de « stabiliser la croissance de la population mondiale » ; il est vrai que pour l’INED la réalité de la surpopulation n’existe pas. Par contre l’INED s’intéresse aux obsessions à la mode, la fécondation in vitro et le cas LGBT.
– Ces trois dernières décennies ont vu se développer dans le monde des techniques pour pallier l’impossibilité de concevoir spontanément, majoritairement au sein de couples hétérosexuels mais aussi parfois de couples de même sexe et de personnes qui ne sont pas en couple. En Europe, en 2018, les enfants conçus par fécondation in vitro (FIV) représentaient de 0,1 % en Serbie à 9,3 % en Espagne, en passant par 2,8 % en France de l’ensemble des naissances. Légalement, l’accès est aussi souvent réservé à certaines populations, comme les personnes cisgenres et les couples hétérosexuels…
– La question des minorités de genre et sexuelles (lesbiennes, gays, bisexuelles, queer et intersexes : LGBTQI+) n’avait pas été abordée dans le Programme d’Action de 1994, le sujet n’étant pas consensuel au niveau mondial. Elles sont davantage visibilisées aujourd’hui, mais il y a encore beaucoup à accomplir pour que les droits sexuels et reproductifs soient pleinement reconnus pour toutes et tous. Dans certains pays où l’homosexualité est même un délit voire un crime, c’est déjà leur droit à vivre leur sexualité qui est bafoué : les actes homosexuels y sont passibles d’une amende, d’un emprisonnement voire de la peine de mort dans 67 pays du monde…
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L’Ined ignore encore le mot « surpopulation »
extraits : L’institut national d’études démographiques devrait faire référence commune, ce n’est pas le cas. Dès son origine, il avait un objectif nataliste. L’ordonnance de 1945 définit ainsi la mission de l’institut : « L’Ined est chargé d’étudier les problèmes démographiques sous tous leurs aspects… Il étudie les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population.» La naissance du 50 millionième français en 1968, est présentée par l’INED comme un exploit national….
Conférences internationales sur la population
Les conférences des Nations unies sur la population sont-elles vouées à l’échec ? Les polémiques qui ont précédé celle du Caire en 1994 amènent à le penser, comme l’histoire des deux précédentes, en 1974 et 1984. Le Saint-Siège refuse tout ce qui pourrait paraître » légaliser » l’avortement et accuse le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), organisateur de la conférence, de » détruire la famille » et de » promouvoir une culture hédoniste et permissive » (le Monde du 19 août 1994). A Bucarest en 1974, les représentants du Vatican avaient aussi bataillé pour le » droit à la vie « , et » le caractère sacré de la famille » mis en exergue par le pape d’alors, Paul VI. A Mexico, en 1984, la liberté d’avorter avait été encore remis en question par Jean-Paul II qui avait personnellement pris contact avec les gouvernements représentés à la conférence. De plus les représentants du » tiers-monde » avaient usé du slogan : » Le meilleur contraceptif, c’est le développement. »
Il faut attendre ensuite novembre 2019 pour qu’une nouvelle conférence internationale ait lieu (à Nairobi). Il s’agissait de marquer le 25e anniversaire de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) qui s’était tenue au Caire. Elle a eu lieu dans la plus stricte confidentialité. Pourtant 10 000 participants de plus de 170 pays, ce n’était pas rien. Le défi du contrôle de la démographie est un sujet qui crispe certains responsables. Ainsi Macharia Kamau, principal secrétaire du ministère kényan des affaires étrangères, s’est écriée : « Qui sont les 11 000 scientifiques qui ont lancé un appel à contrôler nos populations ? Sont-ils africains ? Le changement climatique n’a rien à voir avec le nombre de gens. Ceux qui ont besoin de contrôler leur population sont ceux dont le mode de vie a créé les ravages qui frappent notre continent. »
La deuxième partie de cette phrase est partiellement vraie, un bébé de plus dans un pays développé est un désastre climatique. C’est ce que disait déjà René Dumont en 1974 dans son programme de présidentiable écolo : « Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à New York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. La « France de 100 millions de Français » chère à Michel Debré est une absurdité. » Mais la lutte contre la politique nataliste de la France ne devrait pas empêcher les pays en surchauffe démographique de proposer aux femmes les services d’un planning familial efficace. D’autre part nier la variable démographique dans le réchauffement climatique est une grossière erreur, Macharia Kamau devrait apprendre l’équation de Kaya….
Yves Cochet, dans son livre de 2024« Précisions sur la fin du monde » (page 117)
« Dans la décroissance démographique que je soutiens, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique. »
N’ayant pas lu ce livre j’ai toutefois voulu voir ce que Nostradamus avait de si important et de neuf à raconter. Deux clics suffisent à combler ma curiosité :
1) Cette interview à GoodPlanet (02 Oct 2024) : Une pub pour le bouquin.
2) Ce texte du 18 nov 2023 intitulé « Précisions sur la fin du monde » et publié par l’Institut Momentum. Extrait :
– « Une troisième vision de l’avenir est celle que je présente aujourd’hui, comme un idiot selon Bertrand Russel : […] Soit est mis en œuvre en cinq ans un « crash program » écologique pour éviter l’effondrement : rationnement, exode urbain, institutions biorégionales, descente énergétique rapide [etc.] Bref, la décroissance chez les riches – les 20% qui comptent – qui me semble impossible à accepter […]
Soit le business as usual continue [etc. ] »
Bref, ce que j’ai vu c’est que Cochet fait encore une fois le point … mais en omettant, lui aussi, de reprendre l’Essentiel. 🙂
Mais qu’est-ce qu’ON raconte… n’est-elle pas stabilisée cette croissance ? Va-t-ON encore nous raconter l’Explosion, l’Exponentielle et patati et patata ? Que veut dire STABILISER, la croissance de la population mondiale ? Maintenant si c’est l’ARRÊTER qu’ON veut dire, si ce n’est que du Nombre dont ON parle, ce Nombre qu’ON voudrait absolument voir baisser, parce qu’ON a très très peur de se noyer, si c’est juste la Décrue, ou la Décroissance de la population mondiale dont ON rêve… eh ben il va juste falloir attendre un peu.
En attendant, pour changer, et pour passer le Temps, ON peut également reprocher au GIEC d’avoir renoncé à l’idée, ou l’objectif, de stabiliser la hausse (croissance) de la Température, la montée du niveau de la mer et en même temps. Comme s’il ne faisait pas déjà assez chaud comme ça, et comme s’il n’était pas déjà assez haut comme ça, le niveau. Et ce sera exactement pareil, tout aussi ridicule, parce que là encore il nous faut faire avec l’inertie, tout connement !
Par contre, ON peut reprocher à bon nombre d’avoir renoncé à l’idée ou l’objectif d’en finir du Capitalisme, et idem de l’idée ou de l’objectif de Décoloniser leur pauvre imaginaire.
-« […] Par contre l’INED s’intéresse aux obsessions à la mode, la fécondation in vitro et le cas LGBT. » (les écologistes malthusiens)
Cette accusation me rappelle celle à l’encontre du Planning.
Et pourquoi l’INED devrait-il ne pas s’y intéresser ?
– « 1. Il [l’INED] entreprend, développe et encourage, à son initiative ou à la demande des pouvoirs publics, tous travaux de recherche ayant pour objet l’étude des populations sous tous leurs aspects » (Missions et activités – ined.fr)
C’est clair, non ? L’étude des populations sous tous leurs aspects !
=> Lancement de l’enquête Ined pour les LGBT (ined.fr 23 Novembre 2015)
D’autre part, sachant que 10% des Français s’identifient comme LGBT+ (ipsos 2023)… que représentent ces enfants conçus in vitro dans le Surnombre ?
Peanuts, évidemment ! Et alors, où est le problème ?
Tous ces gens des conférences internationales qui refusent de voir le problème de l’explosion démographique seront tout simplement responsables du fait que la régulation, au lieu d’être douce et voulue, obtenue par la généralisation de la contraception ,se fera par la contrainte et par l’effondrement, bref par la fin de la liberté et par la souffrance. Ce sont des criminels qui se donnent bonne conscience en criant haro sur les malthusiens tout en préparant le malheur.