LeMonde du 25 juin consacre deux articles à Twitter, le service de minimessages qui informe tous nos copains en même temps de nos pensées et de nos gestes : « Alors, qu’est-ce que tu fais en ce moment ? » (44 caractères) ; « Je suis au café en face, qui vient me rejoindre ? » (50 caractères). En moins de 140 caractères, tout le monde peut partager la même banalité, oubliée la minute d’après. Ce genre de message ne sert à rien, mais cela correspond à l’obsession, cultivée par les technologies modernes de communication, de rester connecter constamment, avec le plus de gens possibles.
Le cocréateur de Twitter, Biz Stone, a le culot de comparer cette aliénation médiatisée au développement d’un écosystème. En fait ce type de relations enferme encore plus les individus dans leur nombrilisme et leur anthropocentrisme : seul compte la superficialité humaine, les écosystèmes et la profondeur de raisonnement sont oubliés. Pourtant, pour se connecter au nuage qui passe et à l’arbre qui frissonne, point besoin d’instruments électroniques ; il suffit d’ouvrir ses yeux et ses oreilles aux images et aux sons d’une nature dont nous réduisons l’espace chaque jour davantage.
Malheur à nous qui ne sommes plus connectés à la Biosphère. Malheur aux firmes mondialisées qui nous enferment dans un carcan pour leur plus grand profit. (1331 caractères)