COP28, pourquoi ça ne pouvait pas aboutir

28 années que la diplomatie international fait semblant de s’agiter.

Nous en sommes toujours au même point !

Nos émissions de gaz à effet de serre augmentent.

Global Carbon Project : Les émissions mondiales de CO2 liées à la production et à la consommation d’énergies fossiles seront de 36,8 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (soit 36,8 gigatonnes – GtCO2) en 2023. Ce total dépasse encore de 1,4 % les niveaux de 2019, juste avant la baisse temporaire liée à l’épidémie mondiale de Covid-19. Et si l’on prend en compte le déficit lié au changement d’usage des terres (la déforestation par exemple), le résultat est de 40,9 GtCO2. Le niveau de CO2 atmosphérique devrait atteindre une moyenne de 419,3 ppm [parties par million] en 2023, soit 51 % de plus que les niveaux préindustriels.

C’est comme quand un mur arrive et que vous êtes à 180 km/h, on devrait freiner mais on se contente de continuer à 130. Pourquoi ? Parce que la guerre des ressources a déjà commencé.

Pire, les pays pétroliers ont démoli la crédibilité du multilatéralisme onusien sur la question climatique

Stéphane Foucart : Sultan Al-Jaber, patron de l’Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc) Et de la COP28, c’est comme si un congrès de lutte contre le cancer du poumon était présidé par un marchand de tabac. Cette façon d’exhiber, de manière si ostensiblement obscène, le conflit d’intérêts et le mélange des genres, a pour objectif de torpiller auprès des opinions toute la crédibilité du processus de négociations multilatérales engagé depuis 1992. Pourtant, et c’est tout le paradoxe de la situation, la COP28 est la première à discuter de la sortie de l’ensemble des « combustibles fossiles ». La première, donc, en près de trente années de diplomatie climatique !

Mais une brève mention des « combustibles fossiles », en simple légende d’une figure, a été considérée comme inacceptable par l’Arabie saoudite. Et finalement biffée.

Et les pays développés continuent de faire confiance au fossile

La production de l’électricité en Allemagne a été permise à 36,42% au cours de ces derniers 30 jours par l’utilisation de la lignite (plus 16,49% par le gaz). Et encore, considérant ses difficultés à produire de l’électricité bon marché, la pollution par le charbon et le gaz ne se limite pas à la production électrique : les usines ou le chauffage fonctionnent massivement à la lignite ou au gaz, contribuant à des émissions massives de CO².

Ce qui peut se comprendre pour l’Inde (qui longtemps été mise à l’écart des profits d’une industrie forte) ne devrait pas être admissible pour un pays comme l’Allemagne qui s’est gavée depuis 150 ans.

Alors pourquoi se gêner quand on se veut pays émergent ?

La Chine fait toujours figure de mauvais élève. Ce pays dégage quasiment un tiers des émissions mondiales de CO2 (31 %) pour 17,5 % de la population mondiale. Il est même sur une pente ascendante, avec + 4 % en 2023, notamment à cause d’une utilisation préoccupante du charbon. Quant à l’Inde, même si son empreinte est beaucoup moins forte (8 % du total mondial) pour 18 % de la population mondiale, elle a des trajectoires encore plus mauvaises (+ 8,2 % au total, + 9,5 % pour le charbon).

Comme quoi on peut être « en voie de développement » et vouloir sortir de la pauvreté avec beaucoup de carbone.

Et peut-on être contre le développement des pays pauvres ?

« Baleine », le nom donné au gisement de pétrole brut découvert en 2021 au large de la Côte d’Ivoire est aussi imagé que révélateur. L’inauguration du gisement est survenue une semaine avant l’ouverture de la COP28, alors même que la Côte d’Ivoire s’est engagée à verdir son mix énergétique. Le champ offshore situé à 60 kilomètres au large et à quelque 1 200 mètres de profondeur, a commencé à être exploité. Ce gisement va permettre au pays de renforcer l’offre intérieure d’électricité, de renforcer son rôle de hub énergétique dans la sous-région, d’engranger des devises pour l’État.

Même si la Côte d’Ivoire restera très loin des poids lourds nigérian et angolais (plus d’un million de barils par jour), « Baleine » devrait amener la Côte d’Ivoire à des niveaux proches du Ghana ou du Gabon (autour de 200 000 barils par jour).

CONCLUSION : Séparer pauvreté et développement ainsi que démographie et niveau de vie est un complet non sens. Il faudrait agir drastiquement dans tous les domaines, c’est-à-dire sobriété tous azimuts, et nous faisons le contraire de ce qu’il faudrait faire.

L’intelligence humaine n’existe pas quand il s’agit de grands groupes. La sagesse d’un philosophe oui, la sagesse des nations, non.

11 réflexions sur “COP28, pourquoi ça ne pouvait pas aboutir”

  1. Depuis la nuit des temps, l’être humain éprouve le besoin de dominer. La force (Russie, Israël) mais aussi l’argent pour les armes ou, financièrement pour écraser un concurrent ou le pays voisin. La compétition de tous contre tous n’est pas bridée, et les gouvernements soutiennent ce modèle néolibéral qui génère des guerres économiques. Le monde politique dit « démocratique » entretient la compétition entre partis où, pour gagner la majorité on trahit ses électeurs.
    Les gènes humains sont imprégnés de compétition, et pour l’instant il n’y a rien à espérer pour faire taire ce gène, ou alors une forme de dictature qui interdise toute compétition en dehors d’un stade.
    Donc l’exploitation de la planète continuera jusqu’à la fin de ses ressources, ou de ceux qui l’exploitent.

  2. COP28, une coquille vide. Certes on pointe pour la première fois la responsabilité des énergies fossiles dans le réchauffement. Mais le texte se contente d’appeler les parties [Etats] à contribuer “chacun à sa manière” à des “efforts”. Une telle rédaction insiste lourdement sur la souveraineté et n’oblige aucun d’entre eux à quoi ce que ce soit. Non contraignant, il repose sur une bonne volonté qui n’existe pas. De plus le texte a totalement laissé de côté le financement.

    En 2015, à Paris, les Etats s’étaient engagés à limiter le réchauffement « nettement en dessous de 2 °C » et « en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C ». Nous sommes actuellement sur une trajectoire de + 2,7 °C !

  3. La Cop est face a une chimère, sortir du pétrole et ne pas avoir de solution de remplacement.

    L’énergie est le moteur de nos civilisations et l’équilibre mondial est aussi dépendant de l’accès à ces énergies.
    Regardez la panique de l’hiver dernier quand la moitié des réacteurs nucléaires français étaient à l’arrêt. Ou la panique des pays africains quand le blé ukrainien fruit du pétrole des machines agricoles ne pouvait plus sortir.

    La transition énergétique est complexe car il n’existe pas de solutions globales hors des énergies fossiles et du nucléaire pour l’électricité.
    (Les centrales au Thorium moins dangereuses et dont les ressources sont mieux reparties sur Terre devront être développées)

    Le constat est désespérant mais je ne vois pas de solution au remplacement complet des énergies fossiles.
    Cela promet le pire quand elles se tariront .
    La sobriété ou la misère s’imposeront d’elles même.

    1. Mais non ce n’est pas DÉsespérant, suffit juste de voir le bon côté des choses, le verre à moitié plein, la positive attitude bordel ! Et puis faut voir comme ils étaient contents, comme ils applaudissaient. Moi je sais pas trop pourquoi, parce que j’ai pas suivi, et que j’en ai rien à foot, mais à ce qu’ON raconte ils ont finalement signé un texte HISTORiQUE !
      C’est tout frais ça vient de sortir : «Il a fallu près de 30 ans de COP pour « arriver au début de la fin des énergies fossiles », a applaudi le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.»
      ( Texte final de la COP28 : comment l’ambition [etc.] – Franceinfo )
      C’est pas comme si c’était le début de la fin des haricots quand même, si ?
      Remarque, si ce n’est que ça ON pètera moins. Et moins d’émissions de méthane c’est bon pour le climat. Quoique…

      1. Parti d’en rire
        Ahah, je ris bien aussi de toute cette messe ubuesque de la rebeucop.
        Pour le méthane, cela devient un gaz hilarant quand on sait qu’il brûle gentiment dans la haute atmosphère car il est 2 fois plus léger que l’O2 et le N2.

        1. Ah oui le N2O, le plus puissant des gaz à effet de serre !
          25 fois plus réchauffant que le méthane et 300 fois plus que le C02 !
          C’est sûr qu’avec ça ON n’a pas fini de rigoler.

  4. – « COP28, pourquoi ça ne pouvait pas aboutir » ….
    Pourquoi => parce que. Exactement pour les mêmes raisons qui font que les «débats» sur la corrida, la chasse, la consommation de viande, l’immigration, la (sur)population et j’en passe ne mènent à rien. De bon en tous cas. Et parce que l’écologie n’est plus qu’une grosse poubelle. Que parmi ceux qui s’en réclament il y a des ordures à tous les étages.

    – « C’est comme quand un mur arrive […] Pourquoi ? »
    C’est comme quand et c’est comme si. C’est comme quand un type qui aime bien manger un bon poulet rôti de temps en temps va exposer son point de vue à un congrès sur le véganisme. C’est comme si l’agneau pouvait con vaincre le loup. etc. etc.
    Pourquoi pourquoi pourquoi !!! Pour passer à travers le mur pardi. Parce que tout ce qui se trouve en travers doit être pulvérisé. Parce que la guerre de tous contre tous a déjà commencé.
    ( à suivre )

    1. (suite ) Parce que plus personne ne sait ce que veut dire débattre, parce que tout le monde n’est là que pour se battre, pour défendre son bout de gras. Et parce qu’en plus et en même temps ON n’est là que pour faire semblant. Faire du cirque etc. etc.
      Quant aux groupes, grands ou petits c’est kif-kif bourricot. Dès qu’ON est deux bonjour les difficultés, à trois c’est déjà le bordel, au-delà le Gros Bordel, le Grand N’importe Quoi. Déjà pour se comprendre, communiquer. «Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre [etc.]» (Bernard Werber). En plus les problèmes de langues et de traductions et là je vous dis pas. ( à suivre )

  5. Lundi 11 décembre, veille théorique du dernier jour de la COP28. Dans le projet de texte le plus important, « Global Stocktake », les termes de phase out (« sortie ») des énergies fossiles ont disparu. Ce projet propose seulement un phase down (« réduction ») du charbon, dont les émissions ne sont pas captées par de la technologie, et des « limitations » des nouveaux forages. Al Gore estime que c’est un « projet obséquieux [qui] se lit comme si l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) l’avait dicté mot pour mot ».

    Ce projet a été refusé par l’Union européenne, les Etats-Unis, les petits Etats insulaires et de nombreux pays sud-américains. La présidence émiratie travaille à un nouveau projet d’accord… (à suivre)

    1. Sultan Al-Jaber a frappé du marteau. Par ce geste, le président de la 28e Conférence des parties sur le climat (COP28) a scellé un accord sur le Global Stocktake. Il aura fallu une nuit blanche pour chercher des termes acceptables par les délégations du monde entier. Mardi 12 décembre, il a inscrit « transitioning away from fossil fuels in energy systems », c’est-à-dire une « transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques », sans précision de date. Cette créativité lexicale et diplomatique permet de se passer du terme « phase out », qui hérissait les pays du golfe Persique…

      Les COP, que du blabla sans conséquences, la planète brûle et nous l’acceptons depuis maintenant 28 années.

      1. Si ça brûle c’est la faute à l’Autre. De toute façon le Problème ne peut être que l’Autre. L’Autre qui ne comprend rien et ne veut rien entendre.
        Parce que l’Autre est un con, et même un ultra-con, il ne pense pas aux Autres et patati et patata. L’Autre qui est ingérable, insupportable etc. et qui en fait toujours trop. L’Autre qui est toujours en trop.
        Alors que Moi non, tout le contraire. Moi je suis intelligent, logique, honnête et tout et tout, bien sous toutes les coutures, rien à redire. Tout à fait normal que ce soit Moi le Roi du Pétrole, surtout chez MOi. Et que ce soit Moi qui frappe du Marteau. Moi le philosophe de la Décon-struction !
        De la Dé-pollution, de la Dé-colonisation … et de la Transition !

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