Mon petit Larousse me dit : « Economie, Art de réduire les dépenses » ou « ce que l’on ne dépense pas ». Ce sens traditionnel a malheureusement été bien oublié au profit d’une économie de croissance qui a épuisé la biosphère. La revue Regards croisés sur l’économie s’interroge, Les économistes peuvent-ils sauver la planète ? C’est comme si on demandait à un pyromane de bien vouloir éteindre l’incendie qu’il a allumé. L’économie telle que définie par l’université ne s’occupe que des moyens, et encore, ceux qui permettent d’augmenter à court terme le niveau de vie tout en détériorant le genre de vie. Les modèles économiques ne sont pas en mesure de prévoir les risques de catastrophes environnementales (ou même financières), ils fonctionnent à court terme et selon des recettes éculées. La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas une question d’argent, il nous faut réfléchir sur une nature qui n’est plus un « bien libre » corvéable à merci.
Pour devenir crédible, les « sciences » économiques (anciennement économie politique) doivent se transformer en écologie appliquée, ou économie biophysique, ou bioéconomie. Pour Yves Cochet, l’économie biophysique part de l’hypothèse que l’énergie et les matières requises pour fabriquer biens et services doivent être tout autant prises en compte que les interactions entre humains. Pourquoi, en effet, l’économie actuelle est-elle devenue une science sociale en excluant le monde biophysique ? Parce que, depuis deux siècles, l’abondance et le faible prix de l’énergie nous ont permis d’ignorer la nature. Pour René Passet, les tenants des grandes écoles (néoclassique, keynésienne ou néolibérale), cantonnées dans les limites strictes de la sphère strictement économique, paraissent se situer en deçà des vrais enjeux. René plaide pour un paradigme bioéconomique, un système dans lequel le respect des lois de reproduction de la nature délimite le champ de l’optimisation économique. C’est-à-dire, très exactement le contraire de ce qu’entendent les néolibéraux contemporains comme Gary Becker pour lesquels c’est la gestion de la nature qui doit se plier aux lois de l’économie.
La fable de l’économie telle que l’expose la quasi-totalité des manuels de sciences économiques en fait un système circulaire d’échanges de valeurs entre la sphère des entreprises et la sphère des ménages. C’est un système conceptuellement clos, une sorte de machine intellectuelle réalisant le mouvement perpétuel à l’intérieur d’un grand parc aménagé pour la satisfaction à court terme des plus riches, et pour le plus grand malheur de tous à moyen terme.
Source documentaire, LeMonde du 13-14 décembre, Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet et Ecorev n° 33 (quelques principes d’organisation pour une gouvernance bioéconomique de René Passet)
Le commentaire de Moander a cela d’estimable qu’il présente des arguments : « Une chose qui semble intéressante est le fait qu’une nouvelle problématique a émergé, l’environnement… qui n’était pas un problème il y a 50 ans ». Mais si on place l’écologie au cœur des nouveaux modèles de l’économie politique, les fondements des sciences économiques vacillent définitivement : la prise en compte des externalités négatives est impossible puisque les ressources naturelles et notre bien-être n’ont pas de prix. Il s’agit donc de réfléchir sur nos valeurs, l’économie, l’écologie et la philosophie doivent se concerter nécessairement. Prenons un exemple.
Un clip de Volkswagen pour la Passat Bluemotion moquait l’illusoire « retour à la bougie », credo attribué à une communauté d’écologistes radicaux cherchant vainement à n’émettre aucun gramme de CO2. C’est là une illustration de la suffisance de l’économie actuelle qui fait vendre des produits hors possiblité de la planète en « oubliant » les contraintes biophysiques (épuisement du pétrole) et en nous empêchant de réfléchir sur la valeur de nos déplacements. C’est aussi un témoignage de la perversité d’un système publicitaire qui ne fait pas l’éloge des qualités réelles d’un produit, mais qui construit un dénigrement artificiel des écologistes et de la simplicité volontaire.
Or « Economiser » ne veut pas dire « retour à la bougie », c’est revenir aux fondamentaux de ce qu’est l’économie, la bonne gestion de notre maison commune, la recherche d’une efficacité écologique et morale qu’il faudrait durable.
Votre critique est inepte même si dans le fond, vous pointez bien les limites des sciences économiques actuelles!!
Oeconomie étymologiquement ne veut pas dire : « Art de réduire les dépenses » mais plutôt « Art de gérer sa propriété (son patrimoine dirions-nous plus aujourd’hui) ». Cela laisse donc une très grande liberté d’actions possibles.
Ensuite, tout économiste un tant soit peu sensé (une majorité je pense, parmi les professeurs que j’ai pu croiser) ne dira jamais que les modèles enseignés permettent de prévoir quoique ce soit.
Les modèles sont une méthode de démonstration pour essayer de comprendre des phénomènes avec des hypothèses et des postulats partiaux (et forcément limités) pour ensuite, en relativisant ses conclusions, tenter d’aboutir à une boîte à outils dans laquelle le politique ira ou non chercher des dispositifs à mettre en place.
Finalement, c’est un peu le même principe que l’ensemble des Sciences sociales : on met en évidence un phénomène, on tente de l’expliquer et de le mettre au jour des politiques, on propose des actions.
Une chose que vous pointez et qui semble intéressant est le fait qu’une nouvelle problématique a émergé (la soutenabilité du développement, l’environnement… qui n’était pas un problème il y a 50 ans) et qu’il est nécessaire aujourd’hui de placer ce problème au coeur des nouveaux modèles des sciences économiques mais aussi de l’économie politique. Est-ce que cela remet en cause l’ensemble de la recherche économique passée? Sûrement pas!! Cela offre surtout de nouvelles perspectives de développement pour cette science…
Réjouissons-nous aussi du fait que les libéraux économiques les plus forcenés semblent avoir perdu leur aura et que cela ouvre la voie à un renouveau politique et intellectuel!!
Votre critique est inepte même si dans le fond, vous pointez bien les limites des sciences économiques actuelles!!
Oeconomie étymologiquement ne veut pas dire : « Art de réduire les dépenses » mais plutôt « Art de gérer sa propriété (son patrimoine dirions-nous plus aujourd’hui) ». Cela laisse donc une très grande liberté d’actions possibles.
Ensuite, tout économiste un tant soit peu sensé (une majorité je pense, parmi les professeurs que j’ai pu croiser) ne dira jamais que les modèles enseignés permettent de prévoir quoique ce soit.
Les modèles sont une méthode de démonstration pour essayer de comprendre des phénomènes avec des hypothèses et des postulats partiaux (et forcément limités) pour ensuite, en relativisant ses conclusions, tenter d’aboutir à une boîte à outils dans laquelle le politique ira ou non chercher des dispositifs à mettre en place.
Finalement, c’est un peu le même principe que l’ensemble des Sciences sociales : on met en évidence un phénomène, on tente de l’expliquer et de le mettre au jour des politiques, on propose des actions.
Une chose que vous pointez et qui semble intéressant est le fait qu’une nouvelle problématique a émergé (la soutenabilité du développement, l’environnement… qui n’était pas un problème il y a 50 ans) et qu’il est nécessaire aujourd’hui de placer ce problème au coeur des nouveaux modèles des sciences économiques mais aussi de l’économie politique. Est-ce que cela remet en cause l’ensemble de la recherche économique passée? Sûrement pas!! Cela offre surtout de nouvelles perspectives de développement pour cette science…
Réjouissons-nous aussi du fait que les libéraux économiques les plus forcenés semblent avoir perdu leur aura et que cela ouvre la voie à un renouveau politique et intellectuel!!