L’expression « néo-malthusien » est trop souvent détournée de son sens premier pour en faire une repoussoir. Il faut bien distinguer la position de Malthus début XIXe siècle de ceux qui se revendiquent de lui à la fin du siècle, les néo-malthusiens, partisan de la contraception et de la libération de la femme. Né en Angleterre au XIXe siècle, le combat néo-malthusien (Birth Control (BC) – contrôle des naissances) est mené surtout par des féministes. La Hollande possède sa Ligue néo-malthusienne dès 1882. En Angleterre le mouvement est conduit par Marie Stopes qui fonde en 1921 les Cliniques maternelles pour un BC constructif ; une multitude d’autres suivront, comme les Centres de bien-être féminin fondés par la Ligue malthusienne d’Annie Besant. En 1926 la Chambre des Lords autorise l’enseignement du BC. En U.R.S.S., le néo-malthusianisme reçoit un encouragement officiel en 1923. Aux Etats-Unis Margaret Sanger fonde en 1914 la revue La femme rebelle prônant l’émancipation de la femme et le contrôle des naissances. En 1916 elle ouvre la première clinique de BC des USA. La Ligue américaine de BC est fondée en 1921. En France ce courant de pensée peut être résumé par l’action de Paul Robin, une personne que les féministes devraient considérer comme un des précurseurs de l’égalité entre l’homme et la femme.
Le repopulateur Jacques Bertillon fonde l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française en 1896. La même année, le néo-malthusien Paul Robin fonde la Ligue de la régénération humaine dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Elle se propose de « répandre les notions exactes de science physiologique et sociale permettant aux parents d’apprécier les cas où ils devront se montrer prudents quant au nombre de leurs enfants, et assurant, sous ce rapport, leur liberté et surtout celle de la femme ». Paul Robin est aussi connu comme l’un des fondateurs de la pédagogie moderne. La nouveauté réside dans la coéducation des sexes, avec mixité et enseignement identique aux filles et aux garçons. Il va montrer qu’il y a une réelle convergence entre l’éducation et l’émancipation sociale des plus défavorisés, en particulier les femmes. Cela passe obligatoirement par le contrôle de la natalité, car seul un enfant désiré et élevé dans des conditions matérielles et morales suffisantes peut devenir un homme libre et responsable. Paul Robin introduit aussi la notion de plaisir féminin, la sexualité ne devant plus demeurer une jouissance uniquement masculine. En 1902, sa rencontre avec Eugène et Jeanne Humbert, qui prennent en main l’organisation matérielle de la Ligue, apporte une impulsion nouvelle à son militantisme : une équipe d’orateurs brillants et populaires multiplie les conférences publiques. En définitive, plus portés par des individus que par des forces sociales, les néo-malthusiens ont été peu entendus. L’absence d’unité du mouvement le rend fragile face à une opposition des milieux conservateurs et cléricaux plus solides et moins divisés. Même les théoriciens anarchistes de l’époque ont condamné et combattu sa doctrine, seuls les pédagogues libertaires sympathisent.
L’arrivée de la première guerre mondiale met le mouvement en veilleuse, la propagande antinataliste est alors considérée comme une trahison. La loi répressive de 1920 mettra un terme aux mouvements néo-malthusiens. Toute propagande anticonceptionnelle est interdite. Le crime d’avortement est passible de la cour d’Assises. Il faudra attendre les années 1970 en France pour que contraception et avortement aient droit de cité. Le néo-malthusianisme a préparé l’émergence du féminisme. Le Planning familial, le Mouvement de libération des femmes (MLF) et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) doivent beaucoup à un homme, Paul Robin.
Conseil de lecture : « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)
Bonjour Didier Barthès. (réponse à votre commentaire de 15:19)
Encore une fois vous me dites ne pas comprendre. Décidément je ne comprends pas.
Admettez déjà qu’il n’est pas facile de raconter l’intégralité des histoires de toutes ces idéologies plus ou moins imbriquées en moins de 999 caractères. J’estime que tous ces liens vous dev(ri)ez les connaître.
Vous devez bien savoir que l’eugénisme en France puise ses racines dans le (néo)malthusianisme. Paul Robin (l’anarchiste) résumait ses idées en trois formules : 1) Bonne naissance. 2) Bonne éducation. 3) Bonne organisation sociale. Le terme «eugenics» (voulant dire «bonne naissance») est employé pour la première fois en 1883 par le scientifique britannique Francis Galton. Ceux de «eugénique» et «eugénisme» en 1886 par l’anthropologue français Georges Vacher de Lapouge. etc.
(suite) Après, vous savez comme moi ce que l’eugénisme est devenu. Je ne vois donc pas ce qu’il y a de malveillant à montrer ou rappeler ces liens qu’on ne peut pas contester. De tendance anarchiste, je dis simplement qu’il est toujours bon de connaître l’histoire, notamment celle de ses idées.
Maintenant et puisque vous y revenez. Je ne connais votre association qu’à travers vous, porte parole de cette association. Et je vous ai déjà dit ce qui me gênait chez vous, Didier Barthès. C’est la seule chose, seulement pour moi ce n’est pas un détail. C’est l’énergie que vous consacrez à critiquer mes critiques, alors que vous semblez vous accommoder fort bien du racisme et des propos nauséabonds de certains. Mais ce n’est peut être là qu’une impression… Donc c’est à vous de m’éclairer, c’est à vous de me donner envie de militer à vos côtés… eh on ne sait jamais.
Mais pour l’association, vous pouvez parfaitement la connaître en allant sur son site, vous verrez exactement ce qu’elle écrit et propose et vous en trouverez ainsi une image indépendante de la médiatisation que je peux en faire à titre personnel.
Je suis déjà allé sur votre site, bien sûr tout est clean. Comme tant d’autres vous vous définissez comme «de fervents défenseurs de l’espèce humaine ainsi que des autres espèces vivantes présentes à ses côtés, désireux de sauvegarder La Vie sur la planète et ce, dans les conditions les moins mauvaises possibles. [etc.] »
Mais tout ceci ne m’éclaire en rien sur le point que je vous ai signalé.
N’oublions pas , Francis Ronsin qui fit une analyse de l’histoire du malthusianisme dans ses ouvrages et suivit notamment le combat de Jeanne Humbert et de son mari.
Aujourd’hui, on peut considérer que le mouvement est représentée en France par l’association Démographie Responsable qui place au cœur de sa motivation la préservation de l’environnement. C’est une nouvelle orientation de ce courant et l’on pourrait lui donner le nom néo-néo malthusianisme. A l’inverse, le planning familial ne peut plus réellement être rattaché au néomalthusianisme, ses préoccupations sont autres.
Le néo-néo malthusianisme est arrivé, il est né le divin enfant. Encore une fois je blague bien sûr, faut pas mal le prendre mon cher Didier, c’est dans ma nature.
Jusque là vous vous définissiez comme dénataliste. Et ça me va très bien à moi, dénataliste, je retrouve là mon cher préfixe dé, comme dans décroissance, décolonisation, désinfecter etc.
La préservation de l’environnement, c’est ce qu’on appelle l’environnementalisme. On dit aussi écologisme. Là encore il y a une histoire, celle là remonte à très loin, là encore les idées des uns et des autres ont évolué, dans un sens ou un autre… et nous voyons aujourd’hui ce que tout ça et devenu, tout le monde est écolo.
Rappelons que c’est Pierre Joseph Proudhon qui en 1849 utilise pour la première fois le terme malthusianisme. Et que Proudhon, précurseur de l’anarchisme, a fermement critiqué la théorie malthusienne. Toutes les idéologies ont leur histoire, plus ou moins complexes, chaotiques et sinueuses.
Celle du néomalthusianisme commence à la fin du 19ème siècle, le néomalthusianisme se définit comme une actualisation ou une modernisation de la doctrine de Malthus, d’où le préfixe néo. (Comme on sait, tout ce qui nouveau est mieux. La bonne blague !) Et ce sont notamment des anarchistes, Paul Robin et Octave Mirbeau, qui développent en France des thèses néomalthusiennes. La limitation des naissances reste l’idée centrale, la contraception et l’avortement remplacent l’abstinence prônée par le pasteur, ouvrant ainsi la porte à l’émancipation des femmes et au féminisme.
(suite) Plus largement ces thèses visent l’émancipation des peuples, notamment des plus pauvres, la limitation des naissances visant avant tout à priver le capitalisme de son besoin en chair à canon et en chair à travail.
Et puis l’Histoire déroule son fil, la guerre, les horreurs etc. les idées sont récupérées, tordues, afin d’être accommodées à d’autres idéologies. Ainsi se tissent les liens entre (néo)malthusianisme et eugénisme, racisme, fascisme, nazisme, écologisme, féminisme etc.
S’il cherche à être plus séduisant, je pense que le néomalthusianisme a besoin d’une grande toilette.
Je ne comprends Michel C, pas les liens que vous faites ici. Je les estime bien malveillants et bien peu justifiés. Où trouvez-vous de l’eugénisme dans le combat d’une association comme Démographie Responsable, où trouvez-vous du racisme ? Pourquoi mettre le nazisme dans cette liste alors que justement les nazis étaient natalistes ? Pourquoi cette volonté de salir un combat dont vous savez bien que les motivations sont autres. Encore une fois vous vous mettez confortablement à l’abri des critiques en ne militant pas vous même et en moquant ce que font les autres, voire, comme ici, en les salissant particulièrement injustement. C’est trop facile. Vous voulez des militantisme séduisants ? Essayez d’en construire, vous verrez que sauf à tomber dans la démagogie, ce n’est pas facile.