Un quartette d’autonomistes reconnaît: « Les économistes sont soumis à des incitations variées qui peuvent les détourner d’un diagnostic objectif de la réalité. » Obama reconnaît que l’objectif de créer un marché d’émissions n’est pas réaliste dans le contexte politique actuel (LeMonde du 6 février). Le « réalisme » est donc mis à toutes les sauces. La question fondamentale reste posée : « Dans un système démocratique, qui doit en définitive avoir raison ? »
Un des plus féroces contempteurs de ce blog affirme: « Il n’est en rien question de décider du haut d’une autorité. » Nous sommes d’accord sur ce point, la décision démocratique repose sur le débat libre et informé qui seul peut entraîner une décision collective. Cela ne veut pas dire qu’on arrive ainsi à la vérité, la réalité est toujours socialement construite, donc relative. Le problème de toute société, c’est qu’elle formate ses membres (les économistes, les politiques, les entrepreneurs, etc.) à penser d’une certaine façon, donc à se tromper soi-même. Par exemple la contrainte culturelle d’Obama lui fait déclarer la prépondérance du peuple américain : « Investir pour une énergie propre est toujours positif pour notre économie ». Le reste n’a plus d’importance, l’idée d’un marché des quotas carbone peut être abandonné même si ce sont les États-Unis qui en avaient fait la promotion avant même les délibérations de Kyoto. Or les intérêts du peuple américain, qui reposent largement sur une énergie fossile importée, sont indissociables du reste du monde.
Le réalisme démocratique ne peut côtoyer le vrai que si l’ensemble des citoyens du monde apprennent à penser de façon globale, prenant en compte l’ensemble des composants de la biosphère actuelle comme des évolutions à long terme (ce qu’on appele les acteurs-absents). En termes clairs l’Américain moyen doit aussi considérer le sort du Burkinabé et préparer l’avenir de ses arrière arrière petits-enfants. Si nous ne raisonnons pas ainsi, ce n’est pas d’une démocratie qu’il s’agit, mais de l’expression d’un égoïsme territorial voué à l’échec un jour ou l’autre. Le réalisme ne peut être de courte vue et une démocratie qui repose sur le court terme est vouée à l’échec, c’est-à-dire à la négation de la démocratie par l’apparition d’un totalitarisme qui se dira « écologique » et fera croire à une énergie « propre » et des emplois « verts ». Une démocratie véritable ne peut être réalisée et viable qu’à l’échelle locale, c’est-à-dire par la relocalisation, des outils à l’échelle humaine et une énergie basée sur le renouvelable, à commencer par notre force physique.