Sabotages, viser l’industrie du béton est plus que légitime . Ce n’est pas l’avis de l’État qui est aux ordres du système croissanciste. Le 5 juin 2023, des militants accusés de dégradations dans une cimenterie Lafarge ont été arrêtés par des brigades antiterroristes.
Anselm Jappe : L’État n’a pas de honte : il accuse de terrorisme ceux qui ont protesté contre un industriel qui est en lien avec le terrorisme. Rappelons que Lafarge est actuellement mis en examen pour double complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, après avoir négocié avec Daech un droit de continuer son activité lucrative en Syrie. Pour ce soutien, le groupe a été condamné en octobre 2022 par les États-Unis à 778 millions de dollars d’amende. Cela prouve, si besoin était, que le béton, et de manière plus générale l’extractivisme, évoluent au milieu de milices, d’armées privées et de seigneurs de guerre qui exercent des formes de pouvoir particulièrement brutaux. Le système industriel et productiviste est une forme de violence. Les industriels sont les premiers criminels climatiques. Et c’est là l’ironie de l’affaire : l’État utilise des brigades antiterroristes pour retrouver des individus qui auraient utilisé quelques masses ou pinces coupantes ! Cela s’appelle tirer à l’artillerie lourde sur des moineaux ! On sent une forte nervosité du pouvoir face à la montée en puissance du mouvement écologiste et le développement d’actes de sabotage, que je ne qualifierais pas de violents, mais simplement d’illégaux.
L’attitude des manifestants est en train d’évoluer. La stratégie ancienne du pouvoir qui visait à séparer les militants entre gentils pacifistes et méchants casseurs ne fonctionne plus. Le train du progrès se précipite vers un abîme, et on ne va pas demander à l’État si le règlement autorise les passagers à tirer le frein. Les activistes appellent à désarmer le béton. Ils ont raison. Le béton est une arme de destruction massive. C’est une industrie qui depuis longtemps dévaste le monde avec la construction d’autoroutes, de centrales nucléaires, de barrages, etc. Le béton est le principal responsable de l’artificialisation des sols, à lui seul il représente 8 % des émissions de CO₂ mondiales. Quant au secteur du BTP, c’est 39 % des émissions de CO₂.
Comment lutter contre cette industrie ? En s’opposant de manière pratique à tout genre de nouveaux projets inutiles ou nocifs — que cela soit les autoroutes, les centres commerciaux, les aéroports, les cimenteries ou encore les carrières.
Le point de vue des écologistes radicaux
Contrairement à Theodor Kaczynski qui a tué des personnes pour faire passer son message anti-technologique, la destruction des biens nuisibles à la nature, aux générations futures et à la biodiversité paraissent de plus en plus légitimes. La majorité des citoyens, endormie par le matraquage publicitaires, aliénée par la société du spectacle, choyée par le pouvoir d’achat et les prix bas, n’a aucun intérêt direct de réagir contre le croissancisme. C’est pourquoi une minorité d’activistes est acculée à prendre des moyens de plus en plus « violents » ?
Mais est-ce de la violence que de pratiquer la contre-violence sans atteinte aux personnes ?
Dans LE MONDE, le terme « écoguerrier » fait son apparition le 6 janvier 1995. Pascale Sauvage rendait compte de l’arrestation de trois militants qui menaient « une véritable guérilla » contre l’Office national des forêts (ONF). Accusés de déprédations, les trois hommes se retrouvaient incarcérés à Fleury-Mérogis. Etait-ce là des « écoguerriers », la version chevaleresque, ou des « écoterroristes », son pendant maléfique ?
Le 19 mai 2023, Philippe Subra, spécialiste des conflits d’aménagement du territoire: « Si les violences de certains manifestants de Sainte-Soline sont de l’écoterrorisme, alors les menaces de mort proférées par des militants de la Coordination rurale contre les opposants au barrage de Caussade ou les dégradations de biens appartenant à des écologistes en Bretagne devraient être qualifiées par le ministre de l’intérieur d’“agroterrorisme”. Ce qu’il se garde bien de faire. »
Pourquoi désigner les seuls industriels de terroristes et de criminels contre l’humanité ? Coluche disait « qu’il suffisait qu’on n’achète pas pour ne pas que ça se vende » Autrement dit les industriels ne survivraient pas s’il n’y avait pas des clients qui achètent leurs productions ! Les clients sont la racine du mal, car à l’instar d’une plante, c’est bien la racine qui fait vivre toute la tige et la fleur en son sommet ! Honnêtement, puisque chez les verts écolo et autres partis comme Europe-écologie se prétendent les plus vertueux du monde en terme de préservation de l’environnement et du climat, alors honnêtement combien d’écolos parmi vos militants sont prêts à vivre sans voiture ? Sans machine à laver ? Sans four ? Sans ordinateur ? Sans smartphone ? Sans sèche-cheveux ? Sans lampe ? Sans ascenseur ? Sans robots de cuisine ? Sans lave-vaisselle ? Sans aspirateur ? Sans camping-car ? Sans bateau de plaisance ? Sans moto ?
Parmi tous les propriétaires des objets ci-dessus combien sont prêts à y renoncer ? Je veux une réponse honnête ? Pourtant la liste d’objets provenant de l’industrie n’est pas exhaustive ! Alors combien d’écolos de gauche prêts à renoncer à tous ces trucs ? 0,00000000000001% ou 0,0000000000001% ou 0 % …. Je vous préviens, un score supérieur à ces 3 solutions proposées seraient plus que douteux !
J’ai tout coché sauf:
– sans machine à laver: je lave mon linge à la buanderie au coin de la rue
– sans ordinateur: sinon impossible de communiquer avec l’administration
– sans smartphone: sinon impossible de consulter mon compte en banque.
Comme vous pouvez le constater ces choix ne sont pas purement individuels, ils dépendent aussi de l’organisation sociale, que nous, les environnementalistes (je trouve impropre la désignation écolos) souhaitent améliorer. D’autres sont confrontés à des déserts alimentaires, médicaux, à l’absence de transports en commun, etc pour les mêmes raisons et sont contraints à se déplacer en voiture (vous avez oublié l’avion dans votre liste).
La très mauvaise foi de Anselm Jappe qui s’attaque au nucléaire à travers le béton ! Mais ce brave monsieur oublie de dénoncer ses éoliennes ! Hein les jolies éoliennes qui poussent comme des champignons dans nos campagnes ! A propos de champignons et d’éoliennes, il serait bon de rappeler que sous la jolie structure qu’on voit en surface de ces éoliennes, se cachant un pied de champignon en béton pour soutenir la structure ! Combien de tonnes de bétons sous l’éolienne ? Hum hum, quand on compare éoliennes et centrales nucléaires, on en déduit très vite que pour produire la même quantité d’énergie les éoliennes impliquent plus de 20 fois (minimum) de béton qu’il n’en faudrait pour une centrale !
Ce n’est pas une question de goûts et de couleurs mais des faits objectifs ! Comme toujours tu n’as aucun argument crédible alors tu viens railler les commentaires d’autrui ! Mais oui vos moulins à vents sont construits avec du béton et ils sont beaucoup plus gourmands que les centrales nucléaires pour produire la même quantité d’énergie ! En outre, je rappelle que les éoliennes sont 4 fois plus gourmandes en cuivre que ne le sont les centrales nucléaires ! Rappel il faut quand même destroyer le sol et l’environnement pour obtenir du cuivre ! Alors faire croire que les éoliennes sont écolo et respectueuses de l’environnement est juste une propagande mensongère !
« Nous resterons incapables de ramener à la raison les partisans des missiles et des surrégénérateur en leur adressant des discours pacifistes ou en utilisant des éléments rationnels. C’est précisément parce que je suis un rationaliste que je me prononce contre les arguments de raison. Seuls les illuminés surestiment la force de la raison.
C’est pour cela que j’aboutirai toujours à la même conclusion : la non-violence ne vaut rien contre la violence. » (Gunther Anders)
– « Le béton est une nuisance industrielle majeure » (Anselm Jappe – Reporterre)
Bien sûr. Mais là encore ce n’est qu’une question de juste mesure. Avec du béton on peut construire des écoles, des hôpitaux, des ponts … comme des casernes, des blockhaus, des murs… Et avec de l’acier des charrues, des tanks, des obus et j’en passe.
L’entreprise Lafarge a une histoire, elle a participé activement à la construction du Mur de l’Atlantique, en 2017 son PDG de Lafarge annonçait qu’il pourrait contribuer à la construction du mur que Trump voulait à la frontière du Mexique. etc. etc. De son côté Monsanto a développé le tristement célèbre Agent Orange. Et toutes ces saloperies n’empêchent nullement ces entreprises d’être parfaitement intégrées au Système, qui les chouchoute et les protège comme elles se doivent… because Business as usual !
Et derrière ces grands groupes y a des individus. Des patrons, des salariés, des petits et des grands chefs, des actionnaires, des sous-traitants etc. La juste mesure vaut pour tout. La contre-violence a elle aussi ses limites. Le terrorisme aussi. Seule la folie semble ne pas en avoir. S’en prendre physiquement à un gros patron, ce n’est pas comme s’en prendre à un petit employé ou un simple usager.
Pour répondre à la question finale… un chat est un chat ! Légitime ou pas, la contre-violence sans atteinte aux personnes est évidemment une violence.
Et de mon point de vue… la contre-violence sans atteinte aux personnes n’est que le préliminaire au reste. Mais bien sûr, ON pourra toujours me rétorquer que j’use et/ou abuse là du fumeux sophisme de la pente glissante.
L’Échec de la non-violence (Peter Gelderloos) aux éditions Libre.
Les quinze dernières années ont exposé la fonction de la non-violence. Promues par les médias, pilotées par des ONG, des campagnes non violentes ont favorisé les ravalements de façade de divers régimes répressifs. L’échec de la non-violence explore la plupart des soulèvements sociaux pour faire apparaître les limites de la non-violence et dévoiler ce qu’un mouvement diversifié, indiscipliné et impétueux peut accomplir. En passant au crible le fonctionnement de la diversité des tactiques déployées à ce jour, ce livre explique comment les mouvements en faveur d’un changement social peuvent triompher et ouvrir les espaces dont nous avons besoin pour semer les graines d’un monde nouveau.
Lire l’introduction ici : http://partage-le.com/2016/10/lechec-de-la-non-violence-introduction-par-peter-gelderloos
D’abord, il n’a pas fallu attendre ces dernières années pour que la question sur l’efficacité de la violence et de la non-violence soit mise sur la table. Ce sujet a particulièrement été traité par les anarchistes. L’anarchisme (l’esprit libertaire) a une histoire, qu’on peut faire remonter très loin, il s’agit d’un mouvement pluriel avec différents courants. L’anarchisme peut donc être comparé à l’écologisme, il existe d’ailleurs des liens entre les deux.
Affirmer (comme Peter Gelderloos et Gunther Anders) que la non-violence a perdu le débat, qu’elle ne fonctionne pas, qu’elle ne vaut rien face à la violence… exige au préalable une définition claire précise de l’objet, ici la dite non-violence. Pour moi, si cette non-violence ne marche pas… c’est seulement parce qu’elle n’est pas assez FORTE. Même si l’étymologie de «violence» renvoie au mot «force», il existe toutefois une différence entre les deux. ( à suivre )
(suite) Je le redis, 2 ou 3 millions de manifestants, en France, ça ne pèse pas lourd. Surtout si les pas contents s’appliquent à marcher gentiment dans les clous. C’est au moins 5 voire 10 fois plus qu’il en faut !
ON peut toujours rêver, me direz-vous. Comme ON peut également rêver à 2 ou 3 millions d’écoguerriers ou de black blocs, appelez-les comme vous voulez. Bien disciplinés eux aussi, pas des fous furieux sans aucun sens des limites. Après c’est comme pour tout, d’un côté les POUR et de l’autre les CONTRE.
Choisis ton camp camarade. Et des deux côtés des arguments et des «arguments», des théories et des «théories», comme cette fumeuse qui nous «démontre» que les gauchistes et les pacifistes sont les premiers défenseurs du Système. N’importe quoi !
Et au-dessus, ceux qui rigolent et qui marquent les points.