Sur ce blog biosphere, il y a bien longtemps que nous parlons de dévoiturage. Il faudrait dire aux élèves de sciences économiques et sociales que de leur vivant ils seraient obligé un jour ou l’autre de se passer de voiture personnelle. Sylvie Landriève reflète parfaitement ce discours, on devrait tous le tenir si on était vraiment écologiste, merci à elle…
Sylvie Landriève : L’empreinte environnementale de la production et de la destruction de la voiture électrique est moins bonne que celle de la voiture thermique, a fortiori si elle est réalisée et acheminée avec de l’énergie carbonée. Plus la batterie est petite, plus sa recyclabilité est faible, et moins la voiture est réparable. Pire, le passage à la voiture électrique justifie implicitement le renouvellement complet du parc existant et, par conséquent, la pérennisation du “système voiture”, modèle occidental problématique et inaccessible au reste de la planète. Pour atteindre notre niveau d’équipement (plus de 80 % des ménages), il faudrait passer de 1,5 milliards à 4 milliards de véhicules en circulation dans le monde. A ce niveau, et sans même évoquer les impacts environnementaux de leur extraction, on pressent que des matériaux vont manquer (lithium et cuivre sûrement, nickel, manganèse et cobalt peut-être). N’est-il pas paradoxal de chercher à électrifier le parc automobile tout en demandant aux Français… de moins utiliser leur voiture ?
On sait qu’elle contribue de façon protéiforme à la mauvaise qualité de la vie. La voiture a colonisé l’espace public et l’a reconverti en zone de circulation rapide et dangereuse. Sans même revenir sur le nombre d’accidents et de morts de la route, situation que l’on n’accepterait d’aucune autre politique publique. Et si le problème était… la voiture ? N’est-ce pas l’occasion d’être plus radical ? Passons-nous dès demain de ce formidable objet du siècle passé. Allons vers un autre système de mobilité intégrant marche et vélo pour les trajets courts, cars fréquents pour les distances moyennes, train pour les longues distances.
Nos réponses aux inconditionnels de la bagnole
Arnaud De MaNicos : Article très drôle, j’ai bien ri. Surtout les bus 24/24. Cette personne habite sans doute dans le centre de Paris. Je l’invite à passer un an au milieu de la campagne dans un désert médical et on reparle de l’universalité de son modèle.
Biosphere : Sylvie Landriève nous indique explicitement que l’universalisation de la voiture individuelle n’est pas matériellement possible, la pénurie des matériaux (et de l’énergie) vont rendre ce moyen de déplacement obsolète. Il y a moins d’un siècle, il n’y avait pas de voitures à la campagne, mais chaque village avait son petit commerce… et la relocalisation permettra bien d’autres services sur place.
Arnaud De Marseille : Encore un article hors-sol….la filière automobile a un poids majeur dans l’économie française. Avant la crise sanitaire, elle représentait, dans son ensemble, environ 400 000 salariés, plus de 10 % des exportations de biens et plus de 20 milliards d’euros de valeur ajoutée.
Biosphere : C’est un classique, l’économie contre l’écologie ! Mais une activité économique, surtout matérielle comme le système voiture, a besoin d’énormément de ressources de la planète ; or les ressources sont en voie d’épuisement comme indiquée par Sylvie Landriève. Ne pas voir cela, c’est se contenter d’un commentaire hors-sol.
Euskaraz : Chère Madame « l’experte de la mobilité », permettez moi de vous inviter à boire un verre dans ma bergerie au Pays Basque. Bon, il va falloir marcher un peu si l’on suit vos idées, mais c’est très beau.
Biosphere : Sans voiture, on sera obligé de marcher et cela, c’est très bon pour la force physique et la santé. Bien sûr il n’y aura plus de tourisme au loin dans des contrées de rêve, à chacun d’élever ses brebis chez soi.
Babylon300 : Revenir en arrière semble relever de l’utopie / dystopie sociale. La bagnole, ce n’est pas un phénomène français, c’est une réalité mondiale. Comment croire qu’il soit possible d’imposer des restrictions globales sans bouleversements politiques pas forcément contrôlables ? Pleurnicher ne sert à rien.
Biosphere : L’utopie, c’est ce qui n’est pas encore réalisé. Et madame Landriève nous montre qu’il nous faudra bien changer d’imaginaire quand les circonstances nous y obligeront. Une essence à 10 euros le litre comme cela arrivera, un kWh hors de prix, c’est là notre avenir. La société thermo-industrielle n’aura eu qu’un temps, et dilapidé les ressources de la planète. Alors on reprendra quelques recettes de l’ancien temps, que ce soit en France ou au niveau mondial, nous n’avons qu’une planète, la même pour tous. Et pleurnicheurs seront ceux qui ont fait de la voiture un objet d’adulation.
Tourouk.Makteux : Il conviendra quand même d’évoquer l’Histoire. Le déplacement était réservé aux heureux détenteurs de chevaux et de carrosses, jusqu’à l’arrivée de l’automobile, symbole de la liberté individuelle d’aller n’importe où. Convaincre l’humain d’y renoncer, électrique ou pas, va être tout simplement impossible, sauf établissement d’une dictature des comportements engendrant des réactions pas loin de violentes.
Biosphere : L’abondance actuelle pour ceux qui vivent à l’occidentale n’a été possible que grâce à l’utilisation des ressources fossiles ; or celles-ci ne sont pas renouvelables. Les esclaves énergétiques ont certes remplacé les manants, mais sans pétrole ni prise électrique, nous serons bien obligés de revenir à nos forces endosomatiques et sans doute malheureusement à des inégalités qui s’imposeront à tous malgré les violences de la plèbe dans la rue. La liberté du « plus vite, plus loin et plus souvent » sera remplacée par son contraire.
Dèmos : Pendant ce temps, le nationaliste Bardella est à 32% d’intentions de vote aux prochaines élections européennes….on se demande pourquoi. Il faudrait rappeler à l’autrice que nous sommes en démocratie et que c’est au peuple de décider, en matière de mobilité comme dans tous les autres domaines, et non aux experts.
Biosphere : Le peuple n’a pas décidé du passage à la voiture individuelle, ce sont les entreprises, leur marketing et le lobbying qui ont imposé la voiture individuelle au détriment du transport collectif. Le réseau ferré qui desservait autrefois énormément de localités a été déconstruit au profit des autoroutes. Oui, le peuple est en train de décider… de se foutre en l’air (et ses enfants avec). Super ! Vive la démocratie ! Vive le pouvoir à l’extrême droite puisque le peuple en a décidé ainsi !!!
GuiBeau : Un article dictée par l’idéologie plutôt que par la réalité. Renoncer à la capacité individuelle de déplacement c’est une privation de liberté et un appauvrissement par diminution de la capacité à de déplacer.
Biosphere : traiter le discours d’autrui d’idéologique est bien souvent dicté par une idéologie particulière. A chacun sa réalité, et la réalité d’aujourd’hui ne sera pas la réalité de demain. La « liberté » de se déplacer en voiture individuelle n’a qu’un siècle, depuis les premiers exemplaires de la Ford T. Les véhicules présents seront voués à la casse, il y en a déjà beaucoup, de ces cimetières de voiture. Et cette liberté historiquement temporaire de s’asseoir derrière un volant aura un lourd passé derrière elle, le réchauffement climatique, les marées noires, les morts sur la route, les particules fines dans nos poumons, etc.
munstead : La spécialiste ne s’interroge pas une seconde sur le besoin universel de mobilité, depuis que l’homme est apparu. Les chars romains, les voies romaines, le cheval (mobilité individuelle ou collective), tout cela à la trappe!
Biosphere : Contrairement à la conception commune selon laquelle la mobilité est une constante de la société humaine, nous constatons historiquement qu’il n’y a jamais eu libre circulation des personnes. Jusqu’au XVIIIe siècle, seule une minorité de personnes se déplaçait : les soldats, les marchands, les aventuriers et les brigands. Au XIXe siècle, seuls quelques riches anglais faisaient le tour de l’Europe, les ancêtres du tourisme !
G-L : Ouais, chouette, revenons aux trajets interminables comme la malle-poste Paris-Brest de 1840 en 44 heures. Vive le temps long ! Je précise que je n’ai pas lu l’article en entier, donc inutile de m’incendier sur des points de détail.
Biosphere : Moins vite, moins loin et moins longtemps, il faudra s’y faire. Sans énergie exosomatique (grâce aux ressources fossiles), nous ferons à nouveau l’éloge de la lenteur. Quant au fait de ne pas lire un raisonnement jusqu’au bout pour en rester à ses préjugés, c’est choisir la voie de la facilité et de l’impuissance intellectuelle.
pm22 : Je propose de remplacer la voiture par la charrette à âne. Heu, non, ce serait de l’exploitation animale…
Biosphere : Vous avez des idées. La première est encore très usitée dans les pays pauvres aujourd’hui. Quand au second, on peut voter pour le parti animaliste lors des prochaine européennes…
Tout ça moi je le comprends. Seulement j’essaie, aussi, de me mettre un peu à la place de celui qui a absolument BESOIN de la Bagnole. Juste parce qu’il habite à Petaouchnok ou au fin fond du Pays Basque.
ON dira qu’il n’a qu’à (yaka) se déplacer comme se déplaçaient ses ancêtres, à dos d’âne.
Ben voyons. Et après je comprends pourquoi ce discours est inaudible. Et ensuite je ne m’étonne donc pas que les Verts soient si mal, et que Bardella se porte aussi bien.
La plupart des gens qui ont besoin de la Bagnole ne sont pas pour autant des bagnolards. Pour eux la Bagnole n’est qu’un outil, comme un frigo ou une brouette. Ceux-là se foutent pas mal des innovations et des gadgets, de la puissance du tas de ferraille, et encore plus du symbole (de réussite) que les grosses représentent.
Pour moi il serait plus productif de parler plutôt de la calamité de ces grosses, dont ces SUV et autres 4×4 citadins, électriques ou thermiques peu importe.
Il est certain qu’il faut revenir à des plus petites voitures
Seulement ici ON préfère tirer à boulets rouges sur la Bagnole.
En oubliant qu’il y a bagnole ET bagnole. Connaissez-vous la Mathis VL333 ?
C’est sûr, 1935 ça commence à dater :
– MATHIS VEL 333, Histoire de la voiture à 3 roues, 3 places, et 3 L de consommation. (autocyber.fr)
Plus récent, en 2012, le premier ministre Jean-Marc Ayrault fixait aux constructeurs automobiles l’objectif (ambitieux ?) de mettre au point des véhicules consommant 2L/100 d’ici dix ans. Réaction immédiate des droitards bagnolards :
– 2 litres aux 100 km : possible, mais est-ce vendable ? (challenges.fr 17.09.2012)
Et voilà ! Et donc ON a préféré innover sur l’hybride, et continuer à construire des chars d’assaut qui eux se vendent bien. Et aujourd’hui c’est la même chanson avec l’électrique. Et en plus ON a le culot de nous chanter « Pensez à covoiturer».
Moralité, le climat (l’écologie) a bon dos.