Même le Figaro s’y met (15.10.2007) : « Au diable l’avion (trop polluant), la télé, les fast-foods, les vêtements de marque, le dernier sac tendance… Vive Emmaüs, les légumes bio, le recyclage, le vélo, la vie à la campagne et le savon de Marseille ! Baptisés downshifters aux Etats-Unis, nos décroissants prônent la « slow life », refusant l’« étouffement de l’individu dans cette société dévorée par les objets et la technologie ». Soixante-huitards sur le retour, militants alternatifs, libertaires, mais aussi économistes et universitaires, ces hédonistes frugaux se targuent de conjuguer solidarité et joie de vivre. Les «nonos» (ceux qui disent non) après les bobos ? ».
A un Président de la République qui répète à l’envie que « les Français veulent travailler plus pour gagner plus », certains ont envie de répliquer « Cherchons à travailler moins pour vivre mieux ! » Les adeptes de la décroissance, les désengagés (downshifters) travaillent moins et dépensent moins car ils veulent le faire de façon constructive. Ils déterminent ce qui est important et ce qui ne l’est pas dans leur vie. En travaillant neuf heures par jour, vous risquez de devenir directeur et ainsi de finir par travailler douze heures par jour. Voilà ce que disent les gens qui se considèrent downshifters. Ce terme est utilisé par les sociologues pour décrire une tendance à renoncer à sa carrière pour avoir une vie moins stressante mais « de meilleure qualité ». Si on prend un point de vue d’économiste, on constate que la défense du pouvoir d’achat dans les pays riches concerne essentiellement les nouveaux biens de consommation (écrans, ordinateurs, téléphones, gadgets divers) dont tous sont loin d’être indispensables. Alors, à quel moment déciderons-nous que les coûts marginaux de la croissance dépassent les bénéfices marginaux ? A quel moment considérerons-nous dans les pays riches que nous avons atteint le point auquel nous arrêter ?
Le révérend Billy (Bill Talen), de la church of stop shopping, a choisi. Il sillonne les Etats-Unis en baptisant des bébés pour les protéger de la société de consommation. Mais les gens aiment acheter. Alors seule une bonne récession pourrait les sauver…
(pour en savoir plus, dossier Travailler moins pour vivre mieux in Courrier international du 2 au 9 janvier 2008)