En visite au Salon du Bourget, lundi 19 juin, le chef de l’État affirme qu’il faut distinguer une sobriété « bien organisée, non punitive », d’une sobriété « punitive » : « La première serait comprise par tous et raisonnable, tout le monde fait des efforts qui permettent de faire des économies d’énergies. L’autre en viendrait à dire « il faut tout arrêter, et il faut renoncer à la croissance. Je ne la crois pas raisonnable. Nous qui sommes en déficit, comment voulez-vous qu’on finance notre modèle social si on ne crée plus de richesses ?
Emmanuel Macron, ce vieux jeune qui vit encore aux temps de l’abondance à crédit, ânonne l’idée de sobriété sans vouloir nous avertir que le futur proche ne sera pas une allée bordée de roses, mais de larmes.
Julien Vincent : La « sobriété » a fait une entrée dans le débat public au cours de l’année 2022. Deux ans après avoir tenté de délégitimer cette notion, en raillant le « modèle amish », Emmanuel Macron change de stratégie dans le contexte de la campagne présidentielle. Son but est désormais de s’emparer de ce terme pour en désamorcer la charge critique. Il fait alors de la sobriété, assimilée au simple bon sens, un impératif d’optimisation de la consommation d’énergie, sans contrainte pour le secteur marchand ni réflexion sur les besoins. C’est contre ce discours devenu dominant qu’est écrit Politiques de sobriété de Bruno Villalba. A la suite de Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich ou André Gorz, toute politique véritable de sobriété devrait examiner non les intentions et les discours, mais les conséquences matérielles de nos actions. C’est le cas, par exemple, des énergies « vertes », du recyclage, du numérique ou du nucléaire, qui font l’objet d’un chapitre consacré aux « logiques d’innovation et d’efficacité ». Au vu de leurs conséquences à moyen et long terme, celles-ci ne seraient qu’un discours performatif destiné à « maintenir vivace la promesse de l’abondance ».
Rejeter de telles illusions est nécessaire à une époque où les paramètres de la politique sont redéfinis par de nouvelles limites. Limites planétaires, d’abord, liées à la fragilité des équilibres climatiques et écologiques. Limites temporelles, ensuite : l’idée d’un temps historique linéaire, d’un progrès indéfini, a laissé place à une rationalité du délai ou du sablier, dans laquelle il faut agir vite et fort afin de pouvoir limiter l’ampleur d’une catastrophe déjà irréparable. La sobriété, selon Villalba, est d’abord un apprentissage du « renoncement ». La deuxième partie de l’ouvrage envisage la sobriété comme un idéal positif. Ainsi la liberté, à l’ère de la sobriété, n’est plus absence de contraintes, comme dans le libéralisme classique, mais autonomie relationnelle, adhésion collective à une règle dans laquelle sont prises en compte les conséquences de chaque chose sur l’ensemble des vivants. Le renoncement apparaît finalement comme un apprentissage de la réalité, et comme la seule façon de vivre avec les autres terrestres, humains et non humains. Les Anciens grecs faisaient de la sobriété une éthique personnelle et intérieure. Abordant des dispositifs de sobriété tels que la carte carbone, la taxe carbone ou le rationnement, mais aussi le renoncement à la viande ou la discipline des écogestes, Bruno Villalba veut surtout envisager la façon dont leur mise en discussion contradictoire pourrait devenir un lieu d’expérimentation, tant pour le corps individuel que pour le grand corps politique.
Le point de vue des écologistes, sobre et à jeun
Astarianelle : J’imagine mal le Français lambda se passer de McDonalds, KFC, Dominoes Pizza, Burger King, Starbucks, Amazon, Coca-Cola… Vivre solidairement avec un peu moins, ce genre d’utopies étaient peut être possibles au lendemain de la libération. Aujourd’hui, j’ai la conviction que c’est impossible. Je discutais récemment avec un ami. Il m’a littéralement dit qu’il se foutait des conditions de travail chez Amazon. Voila où on en est arrivé. Nous ne sommes plus des citoyens compatriotes. Juste des consommateurs. Le « Moi, consommateur » l’a emporté sur le « Moi, citoyen »
Jean Rouergue : Mais qui est encore assez fou pour croire pouvoir poursuivre un tel chemin vers la désolation ? Nous devrons renoncer à beaucoup, la sobriété s’imposera d’elle même et à tous, peut-être pas en même temps mais certainement. Certains useront quelques temps supplémentaires de leurs revenus mais leurs descendants certainement pas…. un riche même ultra riche sans serviteur, ouvrier, jardinier…. il est comme vous et moi, un visiteur éphémère qui se promène dans un cimetière. Sacré Titanic que la Terre !
Michel SOURROUILLE : Macron a inventé la « sobriété raisonnable » pour contrer la sobriété punitive, celle des Ayatollah de l’écologie qui ne veulent pas prendre l’avion au Bourget, prendre la voiture pour acheter une baguette, manger de viande à tous les repas, travailler dans des entreprises qui mènent à notre perte, utiliser une technique si elle n’apporte pas un mieux véritable, etc… Autant dire que Macron doit lire d’urgence le livre de Villalba et faire un stage chez les Amish de la Terre.
La sobriété partagée, une nécessité vitale
extraits : Le politiste Bruno Villalba considère que la guerre en Ukraine agit comme un « révélateur » du lien entre nos modes de vie et leurs conséquences sur les équilibres planétaires. La crise d’approvisionnement d’énergie doit nous interroger sur notre besoin frénétique de consommer de l’énergie et l’inégale répartition de cette consommation…
En marche… vers la sobriété partagée
extraits : La « tempérance » ou « frugalité » ou « modération » était perçue comme « une évidence », dans des sociétés « soumises aux contraintes matérielles », où les populations s’organisaient « pour répartir des sources d’énergie peu abondantes, gérer la pénurie pour se chauffer, s’alimenter, se déplacer, ou produire des biens ». C’est seulement à partir du XVIIIe siècle qu’émerge l’idée que la Terre est exploitable, qu’il suffit de la creuser pour en extraire une énergie abondante…
– « Autant dire que Macron doit lire d’urgence le livre de Villalba et faire un stage chez les Amish de la Terre. » (Michel SOURROUILLE)
Et ça changerait quoi ? Ce bouquin est comme des centaines d’autres, au mieux il n’intéressera que les convaincus. Ce qui n’apportera finalement rien, exceptés les arbres qu’il aura fallu abattre, l’énergie pour le produire, le vendre etc. Nous avons déjà Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich, André Gorz et tant d’autres… à quoi bon en rajouter ?
Le stage chez les Amish, même chez ceux de la Terre, c’est kif kif bourricot.
D’un âne ON ne fera jamais un cheval de course ! Et en même temps, il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et en plus, si encore il n’y avait que Macron …
Comme dit Astarianelle : Le « Moi con-sot-mateur » l’a emporté sur le « Moi citoyen ».