Largement utilisée à droite et à l’extrême droite, l’expression« écologie punitive », enferme les politiques environnementales dans un registre liberticide, ce qui permet à ceux qui veulent de fait encore plus de dégâts environnementaux de faire porter la responsabilité de leur impuissance sur les autres. Le premier à l’exprimer est Frédéric Nihous, président du parti Chasse, pêche, nature et tradition, dans un clip de la campagne présidentielle de 2007. La formule est reprise un an plus tard par l’ancien ministre de l’éducation nationale Claude Allègre, climato-négationniste revendiqué. En 2010, le premier ministre de l’époque, François Fillon, l’intègre à son discours de politique générale, avant que Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), ne s’en empare en 2012. C’est paradoxalement Ségolène Royal, alors ministre socialiste de l’environnement, qui lui offre la notoriété en 2014, lorsqu’elle renonce à l’écotaxe – redevance visant à faire participer les entreprises du transport routier aux coûts des infrastructures, pourtant mesure démocratiquement votée par le parlement.
Claire Legros : « Ecologie punitive ». Qu’il s’agisse de limiter la vitesse sur les routes, de freiner le recours aux pesticides, d’isoler les passoires thermiques, rares sont les mesures en faveur du climat ou de la biodiversité qui échappent à l’anathème. L’écologie est tour à tour « moralisatrice, voire sectaire » (Jean Castex, juillet 2020), « autoritaire et antisociale » (Valérie Pécresse, août 2021), « soupçonneuse » (Eric Zemmour, 2022), « catastrophiste » (Jordan Bardella, avril 2023), « brutale » (Gabriel Attal, janvier 2024). A moins qu’elle ne soit accolée à la figure de l’« ayatollah » ou du « khmer vert », comme le répète Marine Le Pen. « Ecologie punitive » se révèle comme un outil efficace pour freiner tout changement de modèle alors qu’il n’est plus possible de nier l’évidence des catastrophes. Brandir cet épouvantail s’apparente à un tour de passe-passe rhétorique pour disqualifier d’emblée toute contrainte et éviter la discussion. Une façon de confisquer le débat démocratique à l’heure où pourtant il serait urgent de définir collectivement les limites que l’on s’impose pour rester dans les clous des équilibres planétaires.
Derrière l’efficience d’un slogan facile se joue une bataille plus profonde sur la notion même de liberté. Toutes les contraintes ne sont pas du même ordre. « Selon qu’elles émanent d’un Etat autoritaire ou d’un gouvernement démocratique, et selon qu’elles servent ou non le bien commun, elles peuvent être légitimes ou pas. »
Le point de vue des méchants écologistes
Strasgorod : À en croire ce registre de droite, l’interdiction du viol relève de la sexualité punitive.
YV : La droite a toujours été forte pour créer et diffuser des slogans réducteurs qui empêchent les débats publics de qualité et détournent l’attention du grand public vers des faux problèmes afin de pouvoir avancer, dans l’ombre, sur leur véritable agenda : soutien sans faille au productivisme sous l’apparence du populisme. C’est tout un art d’être majoritaire en défendant les intérêts du système.
JeanMichelSerge : Dans le monde actuel de la politique sans idée, sans intelligence, remplacés par de la com et des éléments de langage, l’expression « punitif » fonctionne à merveille.
Philipp69 : On pourra toujours dire que les politiques écologistes ne sont pas punitives, qu’elles sont au contraire festives, épanouissantes, enrichissantes (en remplaçant l’avoir par l’être, les biens par les liens, l’individualisme par le convivialisme, le consumérisme par la sobriété heureuse, l’égoïsme par l’altruisme…), on se heurtera toujours au fait que depuis 4 siècles notre idéal procède de l’idée d’émancipation des personnes vis à vis des contraintes matérielles qui entravent leur vie.
Passenparl @ Philipp69 : Évidemment que le confort est mieux s’il n’impacte pas celui d’autrui, mais ici ce n’est pas le cas. La punition est ce que nous infligeons aux autres (nos enfants, la biodiversité) du fait de nos émissions de GES (clairement non soutenables).
Hervé Corvellec : Vagues de chaleur, tempêtes, érosion côtière, espèces invasives, stress hydrique, pression sur les prix des matières premières biotiques, refus d’assurer : voici la punition, et cela ne fait que commencer.
HENRI F : Le changement climatique est là, attesté par des constats. Les scientifiques en parlent depuis longtemps et certains ne voulaient pas y croire ; ils ont inventé des discours qui dénonçaient des complots, la folie du retour au moyen age, une morale trop sévère … L’écologie n’est ni de droite ni de gauche, elle nous concerne tous, mais sépare les décideurs économiques et leurs discours surfaits des habitants de la planète qui sont à la fois menacés par les excès de ces productions dans leur vie et leurrés par des arguments trompeurs qui les empêchent de penser clairement. Arguments relayés par des politiques soit ignorants soit complices à leur insu de leur plein gré.
Arnauduanra : En réponse à ceux qui parlent d’écologie punitive on pourrait rétorquer qu’il existe aujourd’hui un système tout puissant répandu partout dans le monde que l’on pourrait nommer sans problème de « capitalisme punitif ». Ce serait nettement plus adapté.
Thierry Oiseaux : et ça c’est punitif comme idée : « le seul écologiste irréprochable est celui qui met tout en œuvre pour mourir sans laisser la moindre trace de son passage sur Terre. » (Didier Nordon)
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Écologie punitive et tragédie de l’horizon
extraits : Le punitif n’est qu’une question temporelle, s’il n’écoute rien on punit un enfant pour qu’il ne recommence pas ses bêtises dans l’avenir. Globalement cette myopie temporelle fait référence à des risques catastrophiques susceptibles de se manifester bien au-delà de l’horizon des décideurs économiques et politiques actuels. C’est la « tragédie de l’horizon», les investissements fossiles par exemple sont maintenus à des fins de pure rentabilité immédiate, et prennent le pas sur les risques climatiques qui pèsent à moyen terme sur l’investisseur lui-même. Quant aux citoyens, leur dépendance au consumérisme leur enlève toute incitation à assumer les coûts de la prévention de pertes qui vont frapper les générations d’un futur qu’on croit lointain. Producteurs, consommateurs et politiciens, il nous faut donc tous jeter un pont entre le présent et l’avenir, c’est-à-dire mettre un terme à notre préférence pour le présent. C’est pas gagné …
L’écologie punitive n’est que le résultat d’un idéologie révolutionnaire, l’écologie politique qui n’a rien à voir avec l écologie des êtres vivants.
Les écolos sont pour un renversement de l’opinion or cela implique de bousculer les consciences donc de provoquer des tensions qui vont obliger les gens à se positionner.
L’intransigeance appliquée est cependant totalement artificielle et non réaliste.
Il s’agit bien d’un révolution de pacotille mais en attendant les écolos font chier.
– « Parler d’écologie punitive ou d’écologie au singulier ne fait aucun sens. En revanche, il existe plusieurs choix de société devant nous, et il serait grand temps de se mettre collectivement à y réfléchir. » ( L’écologie punitive a-t-elle un sens ? bonpote.com 28/04/2021 )
– « Brandir cet épouvantail s’apparente à un tour de passe-passe rhétorique »
( Claire Legros , Le Monde )
Tout à fait. Le décorticage de cette expression est donc tout aussi intéressant que nécessaire. Encore faut-il que l’esprit critique ait encore un sens aujourd’hui, qu’il soit encore capable de voir les ficelles, et comprendre les tours de passe-passe.
Selon les cas, ON nous présente donc l’ «écologie punitive» comme liberticide, moralisatrice (voire sectaire), autoritaire et antisociale, catastrophiste, brutale etc. etc.
Et tout ça et en même temps, tant qu’à «bien» faire. ON est un con !
Quand ON a fait quelque chose de mal… ON mérite une bonne… punition !
Quelle que soit notre culture, notre éducation, tout le monde semble avoir intégré cette relation de cause à effet. Et ce depuis le berceau : « Attention, panpan cucul ! »
( à suivre )
Le bien, le mal, c’est la morale. Combien de fois l’ai-je fait remarquer, et déploré… que de nos jours les leçons de morale ont du mal à passer. Preuve récurrente :
– « Eh toi, tes leçons de moral… tu sais où tu peux te les mettre ! »
L’ «argument» communément servi à ce moment là, c’est qu’il faudrait être irréprochable, exemplaire, pour se permettre de « faire la morale ».
Autrement dit pour pouvoir dire « ça c’est bien, et ça c’est pas bien. »
Comme s’il fallait être gastro-entérologue pour pouvoir dire « ça c’est de la merde. »
Je vous laisse imaginer les conséquences d’une telle logique, et/ou état d’esprit.
Misère misère !
Souvent les UmPs et autres socialo-communistes sont dans le « Fais ce que je dis pas ce que je fais ! » Alors oui l’exemplarité est exigée pour devenir crédible, dans le cas contraire effectivement la morale tu peux la mettre là où je pense !
Mais tu te trahis dans ton commentaire, car l’exemplarité te gène !! C’est bien la preuve que ça t’arrangerait de pouvoir te réfugier dans le « Fais ce que je dis pas ce que je fais ! » … Autrement dit tu exigerais que tous les autres personnes appliquent tes leçons de moral, mais leçons de moral que tu ne comptes pas appliquer à toi-même !
Merci oh grand BGA d’apporter de l’eau à mon moulin.
Quand t’auras un moment, tu me démontreras, comme tu sais si bien le faire, en quoi l’exemplarité me gène. Pas besoin d’être gastro-entérologue pour voir que ce que tu nous vends là comme une preuve, c’est juste de la merde. Allez va, garde le moral. Et apprends un peu la moralE, ça t’évitera quelques punitions.
Déjà pour commencer Amalgamer une gastro-entérite dont on n’a pas choisi car c’est une maladie/ infection qu’on subit et des Actions qui sont liées avec son propre libre arbitre, c’est quand même fort de café ! Quel rapport entre une gastro-entérite et la responsabilité de ses actions choisies ? Une gastro-entérite est amorale, aucune morale là-dedans, tandis que de ne pas être exemplaire de ses propres leçons de moral exigées à autrui c’est immoral !
Gastro-entérite ??? Mais qui te parle de gastro-entérite ?
Le gastro-entrologue c’était juste un exemple, tu sais ce que c’est un exemple ? Si t’as un problème avec ça alors je corrige (À 09:50) :
=> Comme s’il fallait être botaniste pour pouvoir dire « ça c’est une fleur ».
Et là tu vas quand même pas me dire que la fleur est amorale, ou qu’elle sent la merde, si ?
PS : Petite leçon d’ortografe, la morale (leçons de morale) ça s’écrit avec un E à la fin !